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The culture beyond borders

Quelques photos de spectacles… et la critique !

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He is my wife, he is my mother
De Katherine H. Chou
Inspiré d’un texte extrait du Silent Opera de Li Yu

Hua Chien Hsu dans le rôle de Xu Jifang et Yi Hsiu Lee dans le rôle de Chen Dalong

Hua Chien Hsu dans le rôle de Xu Jifang et Yi Hsiu Lee dans le rôle de Chen Dalong

Hua Chien Hsu dans le rôle de Xu Jifang et Yi Hsiu Lee dans le rôle de Chen Dalong

Hua Chien Hsu dans le rôle de Xu Jifang et Yi Hsiu Lee dans le rôle de Chen Dalong

Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Ruilang et Xu Jifang

Ruilang et Xu Jifang

Wei Wei WU dans le rôle de Wang Xiaojiang et Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Wei Wei WU dans le rôle de Wang Xiaojiang et Hsu Yen Ling dans le rôle de Ruilang

Cette création contemporaine inspirée d’un texte ancien réactualisé traite à deux époques et dans deux lieux différents de ce qui s’appelle en chinois la Nanfeng fashion.

Qu’est ce que la Nanfeng fashion (南風)?

Cette coutume fut à la mode à Fujian, une province dans le sud est de la Chine, de laquelle sont originaires de nombreux taiwanais. Et pour cause, cette province, voisine de Hong Kong, fait face à l’île de Formose.

Le terme Nanfeng (littéralement vent du sud) désigne le penchant homosexuel des habitants de cette province. Les mariages homosexuels étaient par ailleurs autorisés en ces temps-là.

La ville de Putian, où se déroule une partie du récit de cet amour, vit naitre la déesse MAZU, déesse de la mer, vénérée au cours d’un festival en son honneur. La ville est devenue le lieu de pèlerinage des compatriotes de Taïwan et des croyants de Mazu.

Que raconte donc cette création?

Pour faire bref, ce récit se noue autour de l’amour indéfectible unissant Xu Jifang, jeune veuf, propriétaire cultivé récemment revenu de Chine, et You Ruilang, jeune garçon pauvre à la beauté incroyable.
En 1912, à Putian, tous deux se rencontrent à l’occasion de la célébration d’un festival consacré à Mazu, réservé aux hommes. Au grand damne de Chen Dalong, l’ancien ami de Jifang, ce dernier se ruine pour épouser le jeune You qui, pour lui prouver sa dévotion et son amour, mais aussi lui prouver qu’il ne le quittera jamais pour une femme, s’émascule. Chen Dalong fait alors traduire You en justice et le fait condamner à des coups de bâtons que par amour Jifang recevra à sa place et desquels il mourra, demandant à You de s’occuper son jeune fils.
La seconde partie se déroule en 1959, période où l’homosexualité est soit dit en passant réprimée, Big Brother veillant au respect de la loi.
Emigré à Taïwan, Ruilang, qui a changé de nom pour Ruinang et est devenu femme, vit avec sa cousine, Xiaojiang, homme raté voyageant pour affaires toute l’année durant. Il élève comme une mère le fils de Jifang auquel il interdit, afin de lui faire éviter les souffrances qu’il a enduré, de fréquenter les jeunes garçons. Hélas, l’amitié entretenue par Chen Nianzu, qui se révèlera être le neveu de Dalong, et Chengxian, à son corps défendant, est proche de la nanfeng fashion, au grand désespoir de Ruinang. Ce dernier reçoit des mains des pontes de l’université le prix de la meilleure maman…

La réalisation…

Usant d’une scénographie double figurant les deux périodes « espace-temps » du récit, dans un premier temps des tentures aux calligraphies magnifiques et dans un second temps, un décors d’intérieur, Katherine, la metteur en scène et auteur du spectacle, a imaginé une mise en regard de la mise en scène : en effet, dans la première partie où Lee – le comédien interprétant avec talent et justesse Dalong et son neveu- joue et chante du Nanguan, on découvre avec beaucoup de sensibilité une mise à la scène subtile d’un amour homosexuel tendant vers l’universel – choix ingénieux de prendre une jeune femme au physique androgyne pour interpréter le jeune You et un comédien aux traits mâles dans le rôle de Jifang- avec des scènes d’amour et de complicité d’une beauté étonnante. L’esthétique de cette première partie s’inspire de la gestique traditionnelle très symboliste et symbolique tout en y mêlant par touches éparses un zeste de contemporanéité. La seconde partie est dans la mise à la scène bien plus réaliste, bien moins esthétisante: pourtant, se dégage des déplacements des artistes une souplesse et une beauté héritée de la tradition artistique. Se dégage aussi une joyeuse légèreté apportée par la cousine, personnage incarné avec drôlerie par Wei Wei, contrastant avec le jeu « coincé » de Yen ling, parfaite en mère soucieuse de la bonne conduite de son fils.

Car les comédiens sur la scène sont tous de très bon niveau: Yen-ling dont le travail de composition est remarquable dans la première partie – elle est le jeune You tant dans la démarche que dans la voix- excelle à jouer la mère rabat joie. Wei wei est très amusante dans son rôle d’homme manqué: sa joie est communicative. Hua-chien est excellent dans son rôle d’amoureux transi et de fils refoulant son homosexualité. Lee, qui possède une très belle voix, est fort plaisant dans son jeu. De même, les autres comédiens sont tout aussi très justes.

He is my wife, he is my mother se rejouera normalement à Taïwan en septembre 2010 et nous vous le recommandons chaudement car au-delà de la question de l’homosexualité relativement bien acceptée à Taipei aujourd’hui, cette création qui se lit en deux temps, deux espaces (et ce n’est pas pour rien qu’une cinquantaine d’années et plusieurs centaines de kilomètres séparent les deux récits) interroge l’histoire de la Chine, son passé, ses conflits, son présent, ses contradictions, avec acuité et intelligence, l’air de rien n’y toucher… Car la fin du spectacle que nous ne vous dévoilerons pas nous laisse sur une interrogation encore de rigueur aujourd’hui lorsqu’on sort du politiquement correct et des affaires de lobbying.

Crédit photo : avec l’aimable autorisation de the Theater Group
of Creative Society, Taipei.

Rmt News Int • 26 août 2009


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