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La cité sans sommeil

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La cité sans sommeil
Par les ateliers du Tragos
Sous la houlette de Patrick Rabier

Le 15 mai, sous le regard attentif de Richard Martin, directeur du Toursky, ouvrant son lieu à cette représentation unique, les élèves du Tragos présentaient au public le fruit de leur travail autour du jeu masqué et du bouffon, formation pro sur un an destinée aux artistes souhaitant s’ouvrir à d’autres formes de jeu théâtral. Pour information, une seconde audition aura lieu le 25 juin au théâtre Marie Jeanne (renseignements sur http://www.theatre-mariejeanne.com) pour les candidats de la session 2010/2011.

La présentation publique de La cité sans sommeil, version bouffons du tragos, a été auréolée de l’ovation d’un public conquis, un public de trentenaires et de quadragénaires, rajeunissant le public traditionnel du Toursky, plutôt proche des quiqua ! Un travail de lumière exceptionnel avec des effets de couleurs rouge et ocre alternant avec des pleins feux sur la scène, des jeux d’ombres chinoises, une musique enlevée, des costumes bouffons sombres ornés de métaux (notamment le costume du Roi), une scénographie simple aux multiples usages faite de tables, chaises et tentures de tissus sales ….complétaient une prestation de qualité.

En effet, les élèves du Tragos ont offert au public une interprétation de belle tenue, même s’il est à regretter le jeu un peu trop monolithique du comédien interprétant le roi, dont la ressemblance avec notre président actuel, non fortuite, était fort troublante, rappelant la surprenante modernité du texte de Tardieu, en ce qui est du dictat du libéralisme et de l’omniprésence d’un président gouvernant à la façon de Machiavel (usage du bâton et de la carotte pour assujettir au mieux ses sujets et faire passer l’amère pilule d’un nouveau décret de loi)… A noter les très belles performances des comédiens interprétant le délateur rebelle (un Bossu qui rappelle le fameux film avec Jean Marais) et le journaliste (outil de propagande), tous deux excellents dans leur rôle respectif.

La mise en scène hélas traine en longueur : certains passages eurent mérité d’être rétrécis afin de limiter les cassures de rythme, notamment en début de spectacle où les personnages après une entrée fracassante, peinent à nous emmener dans leur univers. Fort heureusement, le choix d’une mise en scène mêlant jeu et chansons, avec des imitations amusantes des chanteurs de la star ac’ et autres têtes d’affiches de la chanson française, permet d’alléger le propos du texte, sans pour autant lui faire perdre sa force, constat de la dictature qui se cache derrière nos démocraties, sous couvert d’une parabole où un Roi refuse à ses citoyens le droit de dormir. Sous peine de mort !!! Jusqu’à ce que les cauchemars viennent à bout du tyran, happy end joyeuse offrant une lueur d’espoir dans notre monde capitaliste où la mondialisation nous transforme en machine à consommer.

Au final, le spectateur a passé un bon moment même si la salle du Toursky fort bien utilisée au demeurant était hélas trop grande pour un spectacle aussi intimiste que celui là : ce dernier aurait gagné en rythme et énergie dans une salle plus petite. Ceci dit, l’énergie, la générosité et l’humilité des artistes ne pouvaient que nous ravir. En espérant que cette création puisse être rejouée au TMJ ou ailleurs l’année prochaine…. DVDM

Rmt News Int • 17 mai 2010


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