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Théâtre : Ne pas oublier de (mourir) vivre

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Une table. Deux chaises. Un mur. La rencontre d’un prêtre et d’une détenue dans le parloir de la prison aboutit à une inattendue confession mutuelle.

Elle, c’est « le monstre » à qui personne, co-détenues ou gardiennes, ne parle dans la prison tant son crime serait odieux. Et qui sollicite pourtant une « assistance spirituelle ». Contre toute attente de sa part, alors qu’elle avait demandé une femme, c’est un homme, un prêtre, qui vient lui rendre visite au parloir. Après un refus, la relation peu à peu se noue entre la prisonnière (peut être avant tout de son histoire) et le religieux qui n’est pas forcément plus libre, peut être emmuré d’un habit qui le protège d’un regard sur lui-même. De rencontres en rencontres chacun ouvre la porte de son secret et accueille la vérité de l’autre. « Quand ont commencé les premières représentations en Avignon, je venais de perdre ma mère » indique encore émue Claire Nebout. « C’est triste, mais c’est peut être ce qui m’a aidé à être dans le bon état émotionnel pour interpréter la pièce. Je pleurais facilement, j’étais traversée par les propos tenus par mon personnage où il est question notamment du rapport d’une fille avec sa mère », ici dans une relation idéalisée avec une représentation maternelle, qui a été jusqu’à l’horreur Et la comédienne est troublante de vérité dans sa capacité à restituer dans sa gestuelle, ses expressions son interprétation de cette femme dans l’univers carcéral. « J’ai un copain qui a fait de la taule et qui m’a expliqué un peu comment ça se passe ».

FORCE DU SUJET

Une table, deux chaises, devant le mur d’un couloir vitré où l’on devine la silhouette de la gardienne. La mise en scène de Régis Santon restitue quant à elle parfaitement l’univers carcéral, son dénuement, son univers bruyant et fait apparaitre le personnage muet de la gardienne montrant toutes les facettes de ce que peuvent être ces femmes qui travaillent en prison : de la froide intransigeance à une presque douceur. « Ce qui m’a intéressé dans cette pièce c’est la force du sujet. J’étais allé auparavant dans une prison de femmes et j’avais été très touché par elles. Elles sont touchantes et dures à la fois. On entend chez elles des remords, des regrets, de la colère. Et puis, quand on se connait mieux et qu’elles expliquent pourquoi elles sont là, c’est surprenant, incompréhensible». C’est Tom Novembre qui incarne le prêtre aumônier avec une simplicité et sincérité remarquables. « C’est un personnage qui a des qualités dans lesquelles je me reconnais : capacité d’écoute et bien fondé de son intention notamment. Mais, incarner un religieux pour moi ça n’est pas plus difficile qu’un autre rôle. Je ne suis pas croyant moi-même. Enfin, pas dans le cadre d’une religion. Je crois en autre chose. J’accepte le concept de foi, pour moi c’est même fondamental de croire en quelque chose, sinon il n’y a aucune raison de ne pas accélérer par soi même le processus de fin. Mais endosser l’habit religieux sur scène, ce n’est qu’un habillage. Auparavant, j’ai déjà incarné Dieu dans Le Visiteur. Alors un religieux, c’était presque plus facile » confesse souriant celui qui aimerait toutefois interpréter Don Quichotte. « Ne pas oublier de (mourir) vivre » est une pièce dont on ne sort pas indemne, en interrogation sur la liberté et la notion de vérité.


Geneviève CHAPDEVILLE PHILBERT

Ne pas oublier de (mourir) vivre de Frédéric Mancier et Bernard Larré
Avec Claire Nebout, Tom Novembre et Mélaine sur une mise en scène de Régis Santon
Théâtre de la Colonne – Miramas – 9 octobre 2010
Tournée en France :
12 novembre Firminy
18 novembre Saint Germain en Laye
20 novembre Reuil Malmaison
27 novembre Plaisir
1er décembre Dreux
10 décembre : Libourne

Rmt News Int • 2 novembre 2010


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