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La Criée : In and out

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A l’occasion de la fin de tournée de la dernière création de Jean Louis Benoit, ‘un pied dans le crime’ de Labiche présenté à partir du 8 mars à Marseille, ce dernier s’est entretenu avec la presse afin de préciser son actualité à venir. En juillet, le directeur de la Criée cèdera sa place à Macha Makaieff dont la nomination via le ministère ne fait pas l’unanimité sur Marseille.

En effet, des rumeurs dévoilées par le Ravi, mensuel satyrique, soulèvent le lièvre de la discorde quant aux raisons de l’arrivée de Macha en ce CDN de Marseille, convoité entre autres par Catherine Marnas, a priori jugée favorite au regard de son dossier présenté. Des circonstances troublantes rapportées par des proches de cette dernière, un imbroglio politique dont nous ne nous mêlerons point. Laissons un doute raisonnable poindre à l’aurore de la prise de fonctions de Macha, ne la jugeons pas trop vite et attendons qu’elle nous propose un programme digne de redonner ses couleurs à un théâtre ayant perdu un nombre incalculable d’abonnés en une demi douzaine d’années, aggravé par la fermeture de la grande salle pendant près de trois années consécutives. Autre imbroglio politique ayant remué l’opinion et la presse marseillaise.

C’est sur fond de réouverture d’une grande salle que Jean Louis Benoit nous a confié quelques bribes de ses projets futurs. D’ores et déjà, sachons que la programmation 2011/2012 de la Criée est signée JL Benoit, calendrier oblige. Nous retrouverons une création à quatre acteurs de ce dernier – trois pièces de Courteline sur le thème du couple avec la fille d’Isabelle Huppert, Ninon Bretécher, Sébastien Thierry et Thomas Blanchard- ainsi que la dernière création de la nouvelle directrice.

La création d’une compagnie – subventionnée à hauteur de 150 000 euros pendant trois ans et une coproduction avec le théâtre national anciennement dirigé, tels sont les avantages accordés à l’ancien directeur. Il a choisi Courteline parce qu’hélas son premier projet de monter un Goethe n’a pas trouvé acquéreur : les directeurs de lieux préfèrent les spectacles divertissant. ‘Aujourd’hui, les acheteurs ne se précipitent plus sur les auteurs ou pièces inconnus comme dans les années 70. Les directeurs de salle sont des incultes. On a des ânes en face de nous.’ Explique posément celui qui ne veut pas être obligé ‘ de toujours descendre vers le divertissement’ mais qui défend néanmoins son choix avec ardeur et à renfort d’arguments visant à montrer l’intelligence d’un auteur souvent mal monté et incompris, dont l’humour corrosif dépeint son temps avec acuité. ’Courteline et Labiche ont été tués par la comédie française d’avant les années 90. Labiche était taxé de théâtre bourgeois’ Or il montre la bourgeoisie dans toute sa nudité et horreur, certes via le rire et l’humour.

Car, hélas, en France, la comédie souffre d’une mauvaise réputation, notamment dans les couches élevées de la société et chez les supposés intellectuels, plus particulièrement les théâtreux – et Jean Louis Benoit lui-même avoue avoir une nette préférence pour les textes dits sérieux : ‘la comédie est le plaisir des pauvres, la tragédie celui des princes’ ; comme le disait Hegel, ‘la comédie est arrivée quand les esclaves sont montés sur scène’. Il est bien dommage que la France intellectuelle conserve de telles œillères : il n’en est pas de même ailleurs et les artistes n’en sont pas moins sérieux, engagés et créatifs même dans leurs créations comiques. La comédie n’est pas forcement vulgaire, facile et idiote. Elle peut être un bon vecteur de réflexion sur soi et la société quoi qu’en disent les agélastes. Il ne faut pas oublier que la comédie est distincte de la farce : c’est un genre théâtral à part entière qu’il ne faut ni négliger ni dénigrer ni mépriser. Elle n’est pas non plus l’apanage des amateurs, des petites compagnies et petits théâtres. Ces derniers présentent des tragédies et des auteurs inconnus. La qualité artistique n’est pas une question de moyens financiers, sinon d’humains.

Un théâtre digne de ce nom – qu’il soit ou non subventionné, et a fortiori s’il est- doit être à même de présenter tous les genres et styles théâtraux afin d’offrir au public une programmation diversifiée digne de ses attentes, sans préjuger de leur gout et méjuger leur intelligence et curiosité. DVDM

A noter
Un Pied dans le crime [Création]
Du 8 au 27 mars 2011 au Grand Théâtre – 2h45.

Eugène Labiche/Jean-Louis Benoit avec Philippe Torreton, Dominique Pinon, Jean-Pol Dubois, Luc Tremblais, Louis Mérino, Valérie Keruzoré, Véronique Dossetto, Karen Rencurel, Carole Malinaud. La pièce, dont le troisième acte fut interdit sous Napoléon III, relate les aventures cocasses en tant que jurée de monsieur Gatinais. Affaire à suivre. Représentation spéciale le samedi 19 mars à 15h – journée Labiche avec débat et film.

Un autre spectacle est à découvrir dans le petit théâtre du 10 au 19 mars : Le récit de la servante Zerline de Hermann Broch / Yves Beaunesne. Un texte sublime relatant la vie d’une servante pas comme les autres.

Rmt News Int • 8 mars 2011


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