La couvade de Monsieur Malaussène
TOUS LES JOURS A L’ATTILA THEATRE A 19H30/ TEXTE DANIEL PENNAC/MISE EN SCENE ET JEU REGIS FLORES/DUREE 1HEURE
Julie, la femme de Benjamin, bouc émissaire pessimiste à la démarche de canard, est enceinte ! Et voila que notre bon Benjamin nous fait une grossesse nerveuse et tente d’expliquer à son futur marmot l’histoire de sa famille et du monde. Nous est alors contée la genèse du petit – le récit de la scène d’amour entre la journaliste aficionados des Maoris et autres grands mâles combattants virils et lui qui en devient quasi impuissant est des plus savoureuses, jusqu’à sa naissance rocambolesque – suite à un avortement précoce pour des raisons de malformation, le fœtus se retrouve dans le ventre de Gervaise, une sainte dévouée aux nobles causes- en passant par un tableau de famille des plus drôles et un questionnement existentiel sur la vie et la mort, le monde moderne et ses aberrations – la naïveté des enfants d’aujourd’hui pourtant accablés d’informations en tout genre.
L’écriture métaphorique de Pennac use avec habilité et imagination d’images les plus inattendues que délicieuses – la comparaison des cris du nourrisson à la guerre de Verdun, l’allusion à la charpente des illusions ou à la grossesse consolante de sa femme, voire la diatribe animée sur l’éducation de l’enfant qui doit ‘muer sans muter’… Le texte extrait du roman relatant le quatrième tome des aventures du personnage fourmille de bons mots et inventions succulentes, de pensées éloquentes telles que ‘ mettre une vie en marche, c’est mettre la mort à ses trousses.’ Un régal pour les ouïes.
Le comédien, Régis Florès, seul en scène, à la gestuelle précise, incarne avec grande justesse le personnage de Monsieur Malaussène, tout en contradiction, tout en nuance, nous faisant passer par toutes les émotions et partageant avec nous en toute simplicité ses joies et angoisses, interrogations et inquiétudes, moqueries bonhommes et illusions, chagrins et colères. Avec humour et légèreté, notamment lorsqu’il imite la directrice de la maison d’édition qui lui donne un congé maternité de 9 mois, son oncle à la veille de sa mort ou son frère Jeremy. Le comédien dont la diction est exemplaire à plus d’un titre s’amuse à incarner les autres personnages de son récit, les croquant avec sobriété et naturel.
La mise en scène -ou plutôt mise en espace- repose sur un décor minimaliste – un ballon suspendu aux couleurs bleutés et deux chaises aux usages multiples– se fait plus présente au fur et à mesure que le récit de la grossesse se fait plus poignant, plus vif, avec un clin d’oeil à Forrest Gump, conférant au solo rythme et souffle, éradiquant tout temps mort. Un petit moment de plaisir qu’il serait dommage de dédaigner. Un comédien touchant pour un spectacle émouvant par bien des égards et profondément drôle. DVDM
Crédits photos : Eric Forhan
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.