VOYAGE A JERUSALEM

Voyage à Jérusalem : la guerre vue de l’intérieur

Voyage à Jérusalem
Création Theater La Lune (Dresde, Allemagne)
Mise en scène: Veronika Steinbock
Dramaturgie/ Adaptation : Franziska Fuhlrott
Interprète: Julianna Herzberg
Texte : d’après le journal de bord de Julianna Herzberg
Tous les soirs à 22h, jusqu’au 31 juillet 2011 à l’Espace Alya Théâtre-31 rue Guillaume Puy-Avignon
Dans le cadre du Festival OFF
Spectacle tout public/ Durée 60 minutes
Tarifs : 8-12 euros Enfants : 6 euros/ Réservations 04 90 27 38 23

Voyage à Jérusalem a été créé à partir de quelques extraits du journal de bord de la comédienne, Julianna Herzberg. En Aout 2006, pendant « la guerre des 33 jours » qui oppose Israël au Liban, elle décide, malgré le danger et la peur de rendre visite à son ami Saïd en Palestine. « Si tu veux comprendre quelque chose, viens maintenant », lui dit-il. Alors, la jeune allemande prend son billet d’avion pour vivre la guerre de l’intérieur.

Les cinq premières minutes du spectacle laissent le public dans l’obscurité la plus totale. Un mélange de percussions et de phrases scandées en anglais puis en arabe envahissent l’espace sonore. Le volume est au maximum comme pour introduire au mieux le spectateur dans la violence de la guerre. Anna, l’unique personnage de la pièce entre en scène : un petit bout de femme de 26 ans à la chevelure rousse, frisée et tirée en arrière, vêtue d’une veste rouge, d’un pantalon à poches et d’une écharpe blanche. Aucun décor n’est présent, mais les jeux de lumière, la musique et la densité du récit se suffisent à eux-mêmes. Anna nous fait vivre, jour après jour, les Check-Points interminables, les longues attentes dans les abris : « Mourir entre les pois chiches et les olives », les moments de répit comme les parties de pêche : « pêcher pour oublier » et les instants de doute lorsqu’elle entend passer les avions : « Je ne sais pas qui craindre ». Et puis vient le voyage à Jérusalem, dans la mosquée d’Al-Aqsa qui lui laisse un souvenir impérissable : « J’ai laissé mon cœur à Jérusalem ».

La comédienne d’origine allemande joue son propre texte traduit en français pour Avignon, un monologue tout en tension mais avec des pointes d’humour noir. Le public a l’impression de partager chaque moment de gravité avec elle. Un texte qui, malheureusement, est toujours d’actualité ; un état, La Palestine, qui cherche encore à affirmer son identité. Lorsque le spectacle se termine, on regrette que la pièce ne dure qu’une heure : un temps trop court pour un texte aussi fort. Le journal de bord de Julianna sortira en librairie l’an prochain, ce qui laisse entrevoir, un spectacle futur plus long, c’est tout ce qu’on espère.

Par Samantha ROUCHARD