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The culture beyond borders

MP2013…

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Alors que tout le monde s’impatiente de savoir quels vont être les artistes adoubés par l’association porteuse du projet et les festivités officielles prévues en cette année 2013, rassurez vous, vous en saurez bien plus le 12 janvier 2012…, voilà que les politiques nous convient à un point sur les avancées des projets structurels -et structurants en terme d’infrastructures et d’accueil du public- générés par la labellisation de Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture. Qu’en est-il au juste ?

Attractivité commerciale oblige, au regard de 2013

Outre la cinquantaine de projets choisis parmi les 101 propositions de Renaud Muselier et de l’équipe culturelle de la ville de Marseille, un accord historique a été signé le 2 décembre 2011 au théâtre du Gymnase entre syndicats et entreprises afin de faciliter l’ouverture des magasins le dimanche, jour O combien sacré chez les français. Réunissant 6 des 7 partenaires sociaux principaux de la ville – l’UPE13, le MEDEF BDR, la CGPME, la CFECGC, FO, la CFTC et la CFDT-, cet accord offre aux salariés la possibilité de choisir ou non de travailler le dimanche. En contrepartie, l’entreprise proposera soit une augmentation de salaire – 30% du SMIC pour les quelques dimanches premium, 15% pour les autres-, soit un repos compensateur. Un accord gagnant gagnant se félicite chacune des parties signataires. Certes, en comparaison avec de nombreux pays où le travail dominical est banalisé, il peut s’agir en terme de création de richesses d’une avancée non négligeable pour l’économie de la ville et pourquoi pas, si le salarié y trouve son compte. Le touriste, quant à lui, ne pourra que s’en réjouir si bien entendu tous les commerces jouent le jeu. Laurent Carratu, président de Terre de Commerces, nous rassure sur ce point. Ce bel élan a aussi été rendu possible par le cas plan de campagne : la zone commerciale rappelons-le a ouvert pendant plus de 40 ans illicitement le dimanche, situation mise à mal par l’arrêté préfectoral compromettant des milliers d’emploi en interdisant l’ouverture dominicale, in fine légalisée par une loi bien peu profitable aux salariés, rappelle le représentant de FO….
La communauté urbaine, la ville de Marseille et la chambre du commerce et de l’industrie, représentées respectivement par Eugene Caselli, Jean Claude Gaudin et Jacques Pfister, se sont engagées à réunir sur la zone touristique concernée par l’ouverture dominicale – d’Euromed à Castellane en passant par l’hyper centre- les conditions favorables à l’exercice de cet accord, en matière de propreté, sécurité, transport, stationnement, animation et communication. Donc à compter du 1er janvier 2012, amis marseillais, sachez que nos rues seront animées du lundi au dimanche. Et ce jusque fin 2013. Marseille prévoit entre le forum mondial de l’eau de 2012 et l’année capitale 2013 l’arrivée de près de 23 millions de touristes. Qu’il va falloir accueillir – et en cela notre ville tente de s’angliciser un peu-, loger – d’où la transformation de l‘Hôtel Dieu en un 5 étoiles- et bien entendu sustenter -que cela soit de nourritures terrestres ou culturelles…. Tout un programme auquel tente de répondre les propositions de chantiers de Renaud Muselier.
Pour en revenir à cet accord qualifié d’historique à plus d’un titre, il faut savoir que le repos dominical est sacré pour de nombreux français, rappelle Jacques Biancotto, représentant la CFECGC. Il avait été instauré par les pouvoirs religieux afin que le peuple puisse profiter du jour du seigneur pour se rendre à l’Église. Et même si la pratique s’est perdue, l’habitude du repos est restée bien ancrée dans les mentalités. Nombreux sont les opposants à cette ouverture dominicale, notamment l’Église dont Gaudin pointe du doigt le discours contradictoire avec sa verve légendaire: ‘l’Église nous dit d’être généreux mais elle nous interdit de travailler le dimanche’, désignant ici les richesses engendrées par ce travail et leur redistribution. Le contexte socio-économique difficile a ainsi déplacé les lignes d’achoppement entre partenaires sociaux et l’horizon 2013 a eu un effet vertueux sur le dialogue social entamé entre les partenaires dont le mot d’ordre est que tous travaillent main dans la main à la réussite de 2013. Et ce en dépit des défections et guéguerres internes. Gaudin nous rappelle en écho aux paroles de Messieurs Pfister et Caselli, ‘Nous avons une ambition pour Marseille et nous arriverons dans le top 20’.

Des chantiers pérennes, certes, mais de nombreuses questions restent en suspend au regard de certains projets…

Il est intéressant de remarquer que cette ouverture dominicale n’a été prévue que pour couvrir l’afflux touristique provoqué par 2013. Et même si grâce à ce titre Marseille fait un bond en avant en termes d’équipements, il est bien dommage que ces projets ne se limitent qu’à l’année 2013. En effet, à l’occasion d’un bilan à mi parcours des avancées en terme de projets structurant proposés par la ville de Marseille – le MUCEM, la Buzine, Euromed, et tous ces grands chantiers mis en œuvre, nécessaires au renouveau de Marseille, dont Renaud Muselier nous assure que 80 % sortiront de terre pour l’année fatidique, il en est d’autres plus éphémères : par exemple, en ce qui concerne les lieux d’aisance, la mise en place de toilettes publiques, ces fameuses sanisettes, ne sera que temporaire dans bien des endroits et circonscrite au centre ville. Martine Vassal en charge de cette question renvoie la balle à la CUM. De même, il est une des propositions sujettes à interrogations : celle du fameux pacte tranquillité et vie nocturne. Et même si Monsieur Muselier insiste bien volontiers sur la terminologie de vie nocturne, ce pacte n’en est pas moins révélateur d’un problème épineux concernant l’activité nocturne marseillaise.
Tout étranger arrivant en notre chère ville s’étonne de voir que la ville s’arrête de vivre à 20h… Car outre la rareté des métros – le dernier part à 22h45 de son terminus, autrement dit, si vous allez au spectacle, évitez de trop tarder car il vous en coutera une bonne trotte à pieds, Marseille est au tomber du jour une ville morte : finies les soirées sur la canebière devenue une avenue de banques, les CIQ du cours Ju et de la plaine sous la pression de leurs nouveaux habitants font fermer de plus en plus de lieux, au mieux réduisent leurs horaires d’ouverture, et avec la nouvelle loi interdisant tout consommateur d’un bar à sortir fumer sa cigarette un verre à la main sous peine d’amende, loi corroborant cette ambition du gouvernement Sarkozy de punir fumeurs et buveurs afin d’assainir – aseptiser- la France et les français dont on se félicite que leur santé se porte bien mieux, rien en va plus… Festivités et vie nocturne sont en berne depuis plusieurs années et que nous propose-t-on afin de faire revivre notre ville ?
Un pacte flou dont les élus peinent à nous en décrire le contenu. Et pour cause, au sein même de la ville, certains souhaitent que Marseille, à l’image de Nice, devienne une ville proprette et prospère mais culturellement vidée de ses forces créatrices ; d’autres reconnaissant le caractère populaire et rebelle de cette ville se battent pour qu’elle redevienne une ville grouillante d’activités nocturnes. Fête et propreté sont ici souvent opposées à tord, stigmatisées comme deux entités antinomiques et inconciliables. Et même si la ville tente de nous rassurer sur la réussite de MP2013, qu’en sera-t-il dans les années à venir ? Car tout ne se limite pas à cet horizon et il y a une vie après 2013….

La propreté et la sécurité sont bien évidemment des problématiques de taille en notre ville mais la culture au sens large du terme a justement son rôle à jouer dans cette lutte contre l’incivisme, en ce qu’elle permet d’éveiller, éduquer, faire réfléchir le citoyen autrement sur lui-même et la société. DVDM

copyright photo signature T. Vaudé Pressvox

Rmt News Int • 4 décembre 2011


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