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PICASSO CERAMISTE

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Ancienne capitale de la production de céramiques en France, le Pays d’Aubagne et de l’Etoile sont particulièrement fiers au moment d’inaugurer l’exposition « Picasso céramiste et la Méditerranée ». Du 27 avril au 13 octobre 2013, la chapelle des Pénitents Noirs, située dans le centre d’Aubagne, accueille en ce sens une centaine d’œuvres du maître, des céramiques peintes aux sculptures d’argiles, réalisées à partir de 1948. Supervisée par Joséphine Matamoros, Conservatrice honoraire du Patrimoine, et Bruno Gaudichon, Docteur en histoire de l’art moderne et Commissionnaire de nombreuses expositions, cette manifestation rend autant hommage à l’artisanat aubagnais (53 entreprises sur l’ensemble de la région) qu’aux multiples talents de cet artiste prolixe.

L’histoire d’amour entre Picasso et la céramique débute en 1946 lors d’une visite à la foire de la poterie à Vallauris. L’artiste, qui se trouve alors au sommet de sa gloire, avait décidé depuis peu de revenir s’installer dans le midi, proche de cette Méditerranée qui lie tant de cultures entre elles et incarne la source de tant d’inspirations. Il se lie d’amitié avec la famille Ramié, dont l’activité au cœur de cette capitale de l’argile d’après-guerre se concentre sur le renouvellement de la céramique traditionnelle. Celle-ci met à la disposition de Picasso un atelier situé dans leur très belle fabrique Madoura où, pendant de nombreuses années, le grand maître viendra jouer et expérimenter avec les poteries fabriquées. Peu à peu, il s’approprie les concepts et commence à créer ses propres formes, révolutionnant l’approche que l’homme manifeste à l’égard de la terre.

Son voyage artistique l’emmène d’abord visiter les rivages antiques de la mer Méditerranée, renouant avec l’imagerie traditionnelle de plusieurs civilisations. C’est ainsi qu’il commence par revisiter les canons de la céramique grecque, aves ses amphores rouges aux figures noires peuplées de faunes, de centaures et autres bacchantes. Leur inspiration est d’autant plus frappante lorsque l’on découvre au sein de cette exposition, entre deux vases à col et un pélikè du IVe siècle av. JC, des grands vases ou assiettes espagnoles reproduisant les couleurs et les personnages de ces scènes mythologiques. Mais Picasso n’hésite pas à transformer ces concepts pour en faire quelque chose de beaucoup plus personnel. Peu à peu, les faunes laissent la place à des scènes de tauromachie, les figures féminines gravées prennent les traits de ses proches, et les vases élancés se métamorphosent en hiboux et en canards. On entre véritablement dans l’intimité du peintre. Picasso réinvente les plats et récipients comme supports afin d’évoquer « sa » Méditerranée.

Dominique Sassi, qui a longtemps travaillé en tant que céramiste-décorateur au sein de la fabrique Madoura, décrit Picasso comme un homme discret et d’une très grande gentillesse, mais intensément passionné. « Il était toujours très concentré, et mettait parfois moins de 20 minutes à réaliser quelque-chose. Il pouvait ainsi utiliser 30 pièces par jour, épuisant continuellement les stocks ». Cette cadence infernale atteste de la prolifération des œuvres (environs 150 exposées) : « il gardait tout, même ceux qu’il considérait comme ratés, et ne vendait pratiquement rien ». Cette attitude humble et incroyablement créatrice, Picasso la gardera jusqu’à la fin de sa vie : « Il possédait des savoirs-faires complémentaires et disait souvent : ‘ je suis un ouvrier parmi les ouvriers’ », se rappelle encore Dominique Sassi.

Les pièces exposées proviennent pour la plupart de collections privées et ont été gracieusement prêtées le temps de l’exposition. A noter que « Picasso céramiste de la Méditerranée » est associé à la manifestation culturelle du « Grand atelier du Midi », qui comprend notamment une partie intitulée « de Van Gogh à Bonnard », au musée des Beaux-arts à Marseille, et une autre « de Cézanne à Matisse », au musée Granet d’Aix-en-Provence. Pour le quarantième anniversaire de la disparition de Pablo Picasso (le 8 avril 1973), cette exposition prend valeur d’hommage fort et très touchant à l’égard de cette figure marquante de l’art du XXe siècle.
Q.R.

Informations pratiques :
Dates : du 27 avril au 13 octobre 2013
Horaires : tous les jours de 9h30 à 19h30
Lieu d’expo : Chapelle des Pénitents Noirs, les Aires St-Michel 13400 Aubagne
Tarifs : de 6 à 8 euros (gratuit pour tous les habitants du pays d’Aubagne et de l’Etoile)
Renseignements : 04 42 03 49 98 / www.tourisme-paysdaubagne.fr

Rmt News Int • 1 mai 2013


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