La pianiste japonaise Etsuko Hirose épouse Schumann à Mimet !
Pour cette 33 ème édition de « La Roque », plus de 90 concerts viennent illuminer nos belles nuits d’été grâce à la programmation avertie de René Martin se singularisant par la richesse et la diversité des artistes invités… Avec La Roque, c’est tout le département qui vibre aux sons des Steinways…
Le Château Bas à Mimet a permis à la pianiste Etsuko Hirose, Premier Prix du Concours Martha Argerich, de s’exprimer totalement dans l’emblématique concerto pour piano et orchestre en la mineur opus 54 de Robert Schumann. Cette artiste rare ne se contente pas de ravir son public par sa grâce. Elle possède des qualités pianistiques exceptionnelles au service d’une musicalité extrême qui en font l’interprète idéal de ce concerto aux élans si poétiques. Elle livre dans cette œuvre un réel toucher à la fois plein et aérien. Elle devient « faiseuse d’étincelles », dès que les doigts et les touches sont en contact. Elle développe un authentique septième sens appuyé par un emploi du pédalier des plus délicats transcendant les clairs obscurs les plus suaves si chers à Robert Schumann. Son jeu qui semble fragile à la limite de la rupture au début du troisième mouvement sied à la perfection à l’univers du compositeur romantique allemand. Il y a chez cette jeune interprète une part de Zimmerman et d’Haskil… À ses côtés, Jacques Chalmeau serein dirige sobrement l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix renforcé par les musiciens du Sinfonia Varsovia. Sa direction est attentive à la soliste et l’on reste pantois devant tant de fraîcheur dans l’accompagnement. Ah si les timbales étaient accordées… Notre bonheur aurait été total ! Etsuko Hirose en bis laisse la part belle à une vélocité envoûtante sur les rivages d’un Rachmaninov au service de l’ineffable. Son enregistrement du concerto de Schumann chez Mirare, le label créé en 2001 par le maître des lieux est vivement recommandé !
En seconde partie, on découvre la superbe troisième symphonie dite écossaise de Félix Mendelssohn qui demeure encore la plus jouée au concert des quatre symphonies avec l’Italienne du compositeur de Leipzig. Cette œuvre dont était insatisfait Félix Mendelssohn s’avère être un chef d’œuvre de rigueur dans son architecture et laisse un champ immense de possibilités dans l’expression du romantisme et les couleurs offertes par une inspiration mélodique pittoresque. Le chef d’orchestre français, l’un des meilleurs de sa génération livre une lecture aboutie de ce chef d’œuvre mettant en lumière cette savante construction architecturale et restituant cette chaleur et juvénilité nécessaires contenues dans l’ensemble des thèmes développés par le compositeur. Il enchaîne les quatre mouvements comme en un seul mouvement selon les volontés du compositeur épris ici d’un idéal d’unité. Son interprétation met en exergue chaque pupitre de l’orchestre avec une mention particulière pour des cordes superbes tout au long du concert. Seul bémol d’une phalange orchestrale très homogène revient aux timbales…
Qu’importe le public a su réserver un très bel accueil à ce couple composé de musiciens de la région Paca et polonais qui fonctionne à merveille ! Jacques Chalmeau en est le magicien… Soyez en sûr… Cette immense fête de la musique se poursuit jusqu’au 20 août !
Un extrait d’études caractéristiques d’Ignaz Moscheles par Etsuko Hirose : http://www.youtube.com/watch?v=wTfytETFzmE
Serge Alexandre
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