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SEMBLANCES AU PAVILLON VENDOME A AIX

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Semblances

 

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir perdu en entrant dans une pièce ? Pas forcément dans l’espace qu’elle referme, mais en vous-même ou face à votre reflet ? Semblances, la nouvelle exposition de Sophie Menuet, produit exactement cette impression. Du 21 mars au 2 juin, le Pavillon Vendôme à Aix-en-Provence accueille ainsi une douzaine d’ouvres réalisées par l’artiste, mariées avec d’autres réalisations moins contemporaines sélectionnées parmi les collections du musée. Singulière exposition qui vous entraine presque malgré vous sur les chemins de l’étrange.

 

Semblances, c’est avant tout une question d’atmosphère. A cet effet, la place occupée par le Pavillon Vendôme n’est pas à négliger. Depuis plusieurs années, ce fleuron de l’architecture aixoise niché dans un écrin de verdure au cœur de la ville, invite régulièrement des artistes à investir les lieux le temps d’une exposition choc, puisant au passage dans la collection particulière du lieu, riche en mobilier du XVIIe et XVIIIe siècles. Le mariage des époques réalisé au travers des objets est des plus surprenants, promesse d’une promenade insolite. Mais Semblances propose surtout un dialogue entre l’art d’hier et d’aujourd’hui, puisant ses sources dans les interrogations liées au corps humains.

 

On s’y retrouve face à un certain reflet de nous même, de ce corps qui nous représente, de cet esprit qui nous hante. Le cadre particulier qu’offre le Pavillon Vendôme, l’agencement de ses salles et du mobilier, renforce encore davantage cette impression. On en éprouve presque la désagréable sensation d’être observé, épié, disséqué. Que ce soit par les œuvres elles mêmes, les tableaux ou bien les miroirs accrochés aux murs, impossible d’échapper, ne serait-ce qu’un instant, à un regard scrutateur.  Voyez la sculpture des Corps piqués par exemple, silhouettes éplorées en noir et blanc rappelant les disparus figés de Pompéi. La collection de miroirs exposée dans la même pièce ne peut que nous renvoyer l’image esseulée de notre propre existence, êtres vivants promis à un destin inéluctable. La Cuirasse satin elle, sentinelle vigilante trônant dans le hall, nous renvoie à l’idée de vêtements comme source de déguisement, et plus encore de protection face au regard d’autrui. Avec un faux-semblant assumé, il s’agit ici de disserter sur les limites entre parure et armure.  Les dessins sur verre ou satin, exposés sur un tapis de velours rouge, semble évoquer la richesse des tapisseries d’antan, mais souligne le danger de l’illusion (l’effet des Dentelles de verre est particulièrement bluffant !). Prenez garde à ne pas vous enfermer dans vos rêves ! D’autres réalisations se rapprochent encore davantage du corps –voir des organes – humains, conviant à l’ensemble un sentiment de malaise. Mais l’homme et aussi fait d’angoisses et de peurs.

 

Par son travail, Sophie Menuet nous entraine dans un voyage initiatique aux frontières du réel et de la métaphysique. L’interrogation muette que chaque œuvre semble nous crier résonne comme un appel aux sens, au réveil. Ou notre humanité se situe-elle ? Au final, si l’exposition ne parait pas déborder d’optimisme, elle concède toutefois une bonne dose d’autodérision. En témoigne la galerie d’autoportraits loufoques siégeant aux cotés de tableaux brossant le portrait d’hommes et de femmes d’un siècle passé. Et le Lit glouton, avec sa carapace vide en satin ? Ne s’agit-il pas de la chrysalide abandonné de quelque créature s’étant éveillée et envolée vers une autre destinée ? Etrange histoire, étrange regard.

 

Sophie Menuet s’inspire de matériaux et de supports de créations multiples : dessins, vidéos, photographies, sculptures finement ciselés sur verre ou sur satin, elle interroge sans-cesse les codes de la représentation.  L’artiste joue des mots, de l’image, de l’objet et des matériaux pour nous proposer un voyage au sein de l’histoire de l’art et de l’inconscient collectif, à la limite du rêve et de la réalité. Qu’elles soient issues de nos fantasmes ou de nos pires cauchemars, ses silhouettes nous ramènent immanquablement à notre propre conception du monde et de ses composantes. Choisirons-nous de nous y replier ou y puiserons-nous la force pour découvrir une porte dérobée vers un autre monde ? Finalement, le corps humain n’est peut être qu’un cocon temporaire pour les âmes qui y habitent, en attendant la prochaine métamorphose.

Q. Richard

 

Plus d’informations :
Pavillon de Vendôme : 13, rue de la Molle ou 32, rue Célony – Aix en Provence
Dates : du 21 mars au 2 juin 2014
Horaires : Ouvert tous les jours sauf les mardis, de 13h30 à 17h.
                   Visite commentée tous les mercredis à partir de 14h.
Renseignements : 04 42 91 88 75
                                  animationpavillon@mairie-aixenprovence.fr
Parkings à proximité : parking Pasteur ou Parkings des Cardeurs

NC

Rmt News Int • 28 mars 2014


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