Zoom sur Gatane, un jeune espoir de la musique et de l’humour

Gatane, jeune artiste de 32 ans originaire de Marseille, présente un stand up musical « Live Therapy » (1h20) au QUAI DU RIRE (nouvelle direction) sis 16 quai de rive neuve à Marseille du 3 au 6 décembre (mercredi et jeudi à 20h30, vendredi et samedi à 21h30).

Un jeune homme touche à tout

Nous avons rencontré le jeune homme, agrégé de mathématiques et passionné de musique et de théâtre, pianiste de jazz et compositeur pour des radios (Oui FM), séries, films et émissions (il a signé la musique de la nuit consacrée au 50^ème anniversaire du « Doctor Who », diffusée sur France 4 le 23 novembre 2013 ou encore celle de sketches présentés dans ‘le Grand Journal’ de Canal +). Le jeune homme a débuté au Pêle Mêle et à la Caravelle à Marseille, des piano-bars où il jouait du jazz. Après avoir passé une audition dans un conservatoire de musique et de théâtre dans le XVIIème, il est parti tenter l’aventure parisienne à l’âge de 24 ans. Son nom de scène, Gatane, lui a été soufflé par une amie serveuse aux alentours de 2008 alors qu’il jouait dans un piano bar à Paris. Cette amie l’avait inscrit dans le programme sous ce nom, il joua le jeu, puis le conserva car au final, lui qui cherchait un nom de scène en trouva un par un heureux hasard. Il s’est alors rapidement tourné vers la forme du cabaret où se mêlent musique, théâtralité et humour. En effet, à la sortie de son premier EP « Les Sex Toys et Moi » en 2010, Gatane entame une série de concerts stand-up en solo (Il a joué dans des lieux insolites tels que la Monnaie de Paris ou des laveries avec le Lavomatic Tour) et son spectacle « Le Sex Toys Tour » sera joué pendant deux saisons au Théâtre Les Déchargeurs à Paris avant de tourner dans d’autres salles, salué par la presse. En décembre 2011, il sort avec son quartet un deuxième EP « Live au New Morning », après une série de concerts donnés dans cette salle mythique, sous son propre label Lez’Artis qu’il avait récemment créé.

Un album très personnel

Sélectionné en 2012 par Claude Lemesle, président d’honneur de la SACEM, pour un show-case d’auteurs-compositeurs au Réservoir, lauréat du concours de remix Exsonvaldes et du tremplin du Festival Avec le Temps à Marseille, il réalise en 2013 son nouvel EP studio : « 500 mg », entouré de Sylvain Mercier, collaborateur des Têtes Raides. Ses chansons sont un mélange de Thomas Fersen pour le style musical, de Gainsbourg pour les jeux de mots et l’humour, l’aspect incisif et décalé des textes. Ce qui lui vaut d’être sélectionné dans la compilation 2014 éditée par Phonopaca avec sa chanson « Dorian Gray » en écoute gratuite sur son site gatane.com ; parmi les titres de cet EP, le « Daltonian Song » raconte quelles sont les couleurs de l’amour pour un Daltonien (il avoue être lui-même daltonien), « Mon ostéopathe est un psychopathe » fort drôle relate les mésaventures d’un patient. D’autres titres à l’image de « Je suis l’Homme idéal » où il explique avoir trouvé le point G sont plus axés sur la dérision, voire l’autodérision. Le jeune homme ne manque pas d’humour dans ses textes, cherchant « à explorer des voies qui ne l’ont pas encore été » pour émouvoir, toucher, étonner et amuser son public. Pourtant, c’est un acharné de la perfection dans son travail : chaque chanson lui demande un an de travail car selon lui, « comme le disait Einstein, le talent c’est 5% d’inspiration et 95% de transpiration» ! Il sculpte alors ses chansons à la façon d’un artisan statuaire.

Un spectacle pour un retour aux sources

Avec son nouveau spectacle, « Live Therapy », il raconte son histoire, celle d’un marseillais parti vivre à PARIS : sa chanson « mon fils » reprend les mots de son père lors de son départ en gare St Charles, son père lui disait alors « mon fils, tu pars vivre chez les fous » ! Le jeune homme a aujourd’hui choisi de revenir à Marseille dans l’espoir de faire partie de la scène marseillaise qu’il affectionne. Pour lui, il est « important d’avoir un ancrage dans sa ville natale » parce que « ce qui peut fasciner à Paris, le fait d’être anonyme et pouvoir se fondre dans la foule a son revers de médaille : l’indifférence au quotidien et une certaine froideur dans les contacts »… Chose qu’il ne retrouve pas à Marseille où l’aspect village de la ville -qui peut certes être parfois un peu étouffant- fait ressortir cet aspect chaleureux et généreux, humain, propre aux villes du Sud. Son spectacle se présente comme une thérapie de groupe où il devient un thérapeute peu commun, au piano avec son costume noir et ses assistants musiciens. Citons : Thomas Chalindar à la batterie, Ludovic Cotessard à la basse et au clavier. Peu d’accessoires viennent troubler la thérapie proposée, seuls la plaque d’immatriculation de sa première voiture immatricule son piano, une carafe de vitamine C et un bol de gélules ornant ce même piano. Une sobriété dans la mise en place qui met en lumière le talent comique du jeune musicien. Ce spectacle se révèle être autant un concert qu’un spectacle d’humour ! Il propose un voyage à travers « des chansons qui sont des histoires et les sketches qui les racontent » nous explique-t-il situant son travail à mi-chemin de celui des artistes de cabaret et des chansonniers du Music-hall d’antan. Une forme hybride qui semble bien fonctionner et plaire au public.

Un esprit bien aiguisé

Or, c’est bien là ce qu’il souhaite, via ses spectacles : « donner de la pèche aux gens ». De nombreux spectateurs lui ont par ailleurs dit que « ses spectacles devraient être remboursés par la Sécu » ; ce qui lui a donné l’ingénieuse et bien originale idée de présenter son album sous forme de boite de médicament, avec sa notice et sa clé USB customisées ! Cet EP de 5 titres, dans sa version « collector » est disponible sur son site, uniquement. Il souhaiterait le diffuser dans les pharmacies, le faire découvrir là où le public ne s’y attendrait pas ! « Il y une forte valeur affective dans la possession d’un tel objet : le CD est un souvenir chargé d’une valeur émotionnelle forte! » Il se rappelle de son émotion quand il avait découvert l’album « Rouge » de Goldman, avec un packaging original. Le jeune homme ne se contente pas d’être artiste mais il a aussi un sens aigu du marketing et de la communication en ce qui concerne la promotion de ses albums et spectacles, mais aussi l’organisation de ses tournées : « être son propre chef, avoir plusieurs casquettes, c’est être libre » même si cela demande beaucoup d’énergie et une certaine forme de schizophrénie dans le travail, chaque activité (musicien, communiquant, diffuseur) pouvant être considérée comme aux antipodes l’une de l’autre. « Je vais créer ma propre boite de production en 2015 » nous souffle-t-il. Plein de ressources et très imaginatif, le jeune homme nous confie alors qu’il a eu l’idée, pour développer ses tournées, de demander à son public de se charger de lui trouver des salles pour jouer : c’est ce qu’il appelle « un système de tournée participative ». Malin, n’est-ce pas ?

Alors, pour ceux qui ont envie de se détendre, de rire un peu pour oublier toutes ces grises pensées qui traversent l’âme par les temps qui courent, n’hésitez pas à découvrir ce jeune et fort sympathique artiste sur la scène du Quai du Rire, la petite salle ne faisant qu’une cinquantaine de places, nous vous conseillons de réserver au plus vite. DVDM

Infos pratiques : « Live Therapy » (1h20) au QUAI DU RIRE 16 quai de rive neuve à Marseille du 3 au 6 décembre (mercredi et jeudi à 20h30, vendredi et samedi à 21h30)

Tarifs de 12 à 16€ / Réservations au 04 91 54 95 00 ou sur http://www.lequaidurire.com