The Valley of Astonishment en VOST !
The Valley of Astonishment
Spectacle en anglais,surtitré en français
Texte et mise en scène de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne
Théâtre du Gymnase(Marseille),du 10 au 14 Décembre 2014
A 90 ans,Peter Brook suscite toujours l’étonnement!Assisté de Marie-Hélène Estienne,il met en scène des textes dialogués dont il est l’auteur,sur la mémoire ou les perceptions cognitives,inspirés par les travaux d’éminents neuropsychiatres.Cela donne un spectacle farfelu,plein d’humour,tout à fait singulier dans la production contemporaine,où le théâtre rivalise d’intelligence avec les domaines du savoir,comme savait le faire en poète par exemple Jean Cocteau dans Le Testament d’Orphée.
Avec trois comédiens(deux hommes,une femme) qui interprètent tour à tour patients ou médecins à l’écoute,Peter Brook nous expose son point de vue d’artiste sur des états d’esprit jugés démentiels par le passé,en confiant à ses personnages clownesques le soin d’évoquer les démêlés qu’ils entretiennent avec des phénomènes mnésiques qui aliènent ou obsèdent leur cerveau:ce sont soit des associations d’idées,des calembours,soit des synesthésies dignes du sonnet des voyelles de Rimbaud,soit la déclamation des premiers vers de l’Enfer de Dante,des phénomènes qui précèdent la mise à l’épreuve de la motricité dans la conscience de son corps.Et ces trois personnages étouffés par leur mémoire,nous disent en somme qu’ils vivent chaque journée comme un véritable marathon mental…
Le spectacle se donne sur un plateau fermé par de grands panneaux noirs,sans aucune scénographie.Les deux talentueux musiciens qui alimentent la parole d’un fond sonore,en sourdine (Raphaël Chambouvet et Toshi Tsushitori) sont installés,côté cour,devant piano,violon,accordéon, batterie.La vielle dame très maigre qui refuse de perdre tous ses repères et qui pétille de drôlerie (Kathryn Hunter),le doux rêveur passionné de jazz(Jared Mc Neill)),et le camelot bonimenteur qui fait monter les spectateurs sur la scène pour tirer des cartes(Marcello Magni) sont tellement fascinants qu’on sort de ce spectacle non pas étonné ou éprouvant de la compassion pour leur état,mais éberlué et étourdi par tant de brio dans l’élocution de leur discours. Philippe Oualid
© photos: Pascal Victor ArtComARt