Récital gratuit ce dimanche 15 mars à 15h!
Depuis 2005, l’Association pour le Festival Musiques Interdites organise un festival visant à réhabiliter des œuvres musicales majeures interdites par les dictatures nazie et stalinienne et mène parallèlement une action pédagogique auprès des jeunes publics. Avec cette recherche de répertoires nouveaux ou disparus, la portée culturelle du festival se double intrinsèquement d’une mission pédagogique et citoyenne. Ce Dimanche 15 Mars 2015 à 15 heures à la Maison de la Région – 61, La Canebière Marseille dans le cadre de l’Exposition Mémoire pour Demain, Musiques Interdites présente un récital La Musique et les Camps! A Découvrir!
Au programme:
Viktor Ullmann Sonate de Theresienstadt (1944 création Musiques Interdites 2008)
Erwin Schuloff Sonate (1924 création en France)
Itor Kahn Chacone de temps de guerre (1943 création en France)
Lisa Deck Sculpture Un Prophète
Avec Vladik Polionov Pianiste
Entrée libre sur réservation impérative à protocole@regionpaca.fr , organisé par l’Association pour le Festival Musiques Interdites musiquesinterdites@free.fr
Plus d’infos : Durée : 45 mn environ sans entracte
Victor Ullmann, compositeur (1898 – 1944)
Né en 1898, fils d’un officier de l’Empire, Victor Ullmann s’engage à 18 ans comme volontaire dans l’armée et vit les horreurs de la guerre sur le front de l’Isonzo. A son retour, il entre dans le séminaire de composition de Schönberg qui eut sur lui une grande influence. En 1920, il devint directeur de chœur et répétiteur, en 1922 chef d’orchestre, au Nouveau Théâtre Allemand de Prague dont le directeur est alors Zemlinsky. En 1924, les Sept lieder pour orchestre – aujourd’hui disparus – obtiennent un succès critique et public . Entre 1927 et 1931, il est chef d’opéra à Aussig et engagé en tant que compositeur de musique de scène et chef à l’Opéra de Zurich. Au cours de cette période, il devient membre de la Société d’Anthroposophie. Il s’établit à Stuttgart, abandonne son activité de musicien pour se consacrer à ce courant de pensée et de spiritualité dans sa “Librairie Novalis”. En 1933, il doit fuir l’Allemagne avec sa famille et retourner à Prague où se confirmentt ses talents de compositeur et de pédagogue : le prix Hertzka lui est d’abord décerné pour sa version orchestrale de ses Variations Schönberg puis une seconde fois en 1935, pour son opéra La Chute de l’Antéchrist. Sur des poèmes de Steffen, Ullmann compose en 1937 les Six lieder pour soprano. Après l’invasion, les lois raciales qui sévissent en Allemagne sont appliquées à Prague, interdisant, entre autres, toute activité artistique aux Juifs. Sans espoir d’exécution, il poursuit son travail de composition avec, notamment, les très émouvantes Chansons d’amour de Ricarda Huch. Le 8 septembre 1942, Ullmann est interné dans le camp de Theresienstadt. Au cours des 26 mois de sa détention, il compose, sur du papier de qualité misérable, plus de 20 œuvres dont les sublimes Trois dernières sonates pour piano, 2 symphonies, l’ouverture Don Quixote danse le fandango, l’opéra l’Empereur de l’Atlantique ou le Refus de la Mort, et le mélodrame Le Chant d’Amour et de Mort du Cornette Christoph Rilke. Alors qu’il commence l’instrumentation de l’œuvre il est déporté pour Auschwitz avec sa femme et les compositeurs Pavel Haas, Gideon Klein, Hans Krasa. Il meurt gazé le 18 octobre 1944.
Erwin Schulhoff, compositeur (1894- 1942)
Né en 1894 à Prague (alors Autriche-Hongrie) – mort en 1942 dans le camp de concentration de Wülzburg, Erwin Schulhoff fut un compositeur et pianiste tchèque. Enfant prodige, remarqué et encouragé par Dvořák, Il fait de brillantes études de pianiste et de composition aux Conservatoires de Prague, Leipzig et Cologne. Soldat de l’Armée autrichienne durant le premier conflit mondial, blessé sur front et dégouté par la guerre, il adhère au Parti Communiste. En 1919, il achève les deux symphonies vocales Landschaften et Menschheit : L’Humanité à Dresde et y fonde la société « Werkstatt der Zeit » ( l’Atelier du temps ) où se retrouvent les peintres Otto Dix et Otto Griebel, le poète Theodor Däubler… Il met en œuvre une série de concerts « progressistes », point d’appui de la seconde École de Vienne. Il fait des tournées en tant que pianiste en France et en Grande Bretagne. Il joue du jazz et ses expérimentations d’inspiration dadaïste. Ses pièces sont entendues régulièrement dans plusieurs radios européennes, dont la BBC à Londres. Homosexuel, communiste et avant-gardiste, il est une cible de choix pour les nazis qui le traquent et le retrouvent avant qu’il ne parvienne à fuir. Il obtient son visa d’émigration en juin 41, peu de temps avant de l’invasion de l’Union Soviétique. Arrêté par les allemands, il est déporté sous un faux nom, ce qui lui permet d’échapper au sort réservé aux juifs. Dans le camp, il continue à composer, des œuvres pour piano, mais surtout sa Huitième Symphonie qu’il entreprend d’écrire en hommage à des codétenus massacrés. Il meurt d’épuisement le 18 août 1942, sans l’avoir terminée. Elle sera retrouvée et publiée par Francesco Lotoro. Il est l’auteur de l’opéra Flammen, du ballet Ogelala (probablement son œuvre la plus impressionnante) -et qui contient, sans doute, le premier passage pour percussions seules de l’histoire de la musique occidentale-, de plusieurs symphonies, œuvres de musique de chambre et d’une cantate basée sur le Manifeste du Parti communiste. Il est aussi l’un des premiers compositeurs d’obédience classique à s’intéresser au jazz d’une façon importante.
Erich Itor Kahn, compositeur (1905-1956)
Itor Kahn est né le 23 juillet 1905 en Allemagne, à Rimbach. Il étudie le piano et la composition au Conservatoire de Francfort et termine ses études en 1928. Il travaille pour la Radio de Francfort comme pianiste, claveciniste, compositeur et arrangeur. À ce titre, il rencontre de grands compositeurs contemporains et, en 1930, donne la Pièce pour piano op.33 de Schoenberg, enpremière mondiale. Démis de ses fonctions par les Nazis en avril 1933, il émigre à Paris. Dès la déclaration de la guerre en 1939, il est interné comme « étranger ennemi », au camp de Marolles (près de Blois) puis au camp des Milles. Lors de ses divers internements, il continue à composer: le Psaume XIII «Seigneur, combien de temps vas-tu m’oublier? » pour soprano et piano; l’hymne «Nenia judaeis qui hac aetate perierunt » («Thrène pour les Juifs qui en ces temps périrent») -créé en juillet 2007 à Marseille dans le cadre du Festival Musiques Interdites. En mai 1941 il est autorisé, avec son épouse, à émigrer vers les États-Unis, avec l’aide de l’organisation dirigée par Varian Fry. Il continue à composer et reçoit l’appui de René Leibowitz et de Pablo Casals. Il travaille aussi comme pianiste et professeur à New York. Kahn a écrit plusieurs oeuvres pour piano dont la Ciaconna dei tempi di guerra (1943). Il fonde le Trio Albeneri avec A. Schneider et B. Heifetz, avec lesquels il réalise de nombreux enregistrements. En 1955, après avoir donné un récital de piano, il est victime d’une hémorragie cérébrale et passe plusieurs mois dans le coma. Il meurt à New York le 5 mars 1956. A noter que le Le 7 juillet 2005, lors du premier Festival « Musiques Interdites » avait été exécuté l’Actus Tragicus pour quintette à vent et quintette à cordes de ce compositeur.
Vladik Polionov, piano
Né en Russie, Il débute le piano à six ans à l’Ecole de musique de sa ville natale dans l’Oural. A quatorze ans, il remporte le 1er prix de piano en Sibérie et joue avec l’Orchestre philharmonique de Krasnoyarsk. En 1980, il entre au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou. Il donne de nombreux concerts en Russie et en Allemagne où il s’installe en 1992 et se produit en soliste ou en chambriste. En 2001, ancré à Marseille, Il enseigne le piano au Conservatoire d’Aix-en-Provence et poursuit sa carrière sur de nombreuses scènes en Europe. Depuis 2011 il participe à la saison de musique de chambre de l’Opéra de Marseille et au Festival Durance-Luberon. En 2013 il est invité au Festival russe à Ormes, participe au concert d’inauguration du nouveau Conservatoire d’Aix-en-Provence et joue l’intégrale de musique pour vents et piano de Poulenc. 2014 le voit à nouveau à l’Opéra de Marseille pour deux concerts de musique de chambre, puis au Conservatoire d’Aix-en-Provence pour un programme autour de Chostakovitch et deux concerts consacrés aux musiciens de la Grande Guerre, mais aussi au Maroc, à Tanger, et à Alger Dans le cadre du Festival Musiques Interdites 2008, il interprète la Sonate de Terezin d’Ullmann et c’est en quintette qu’il participe le 3 mars 2015 aux créations en France du Quintette avec piano de Korngold et de Fata Morgana de Paval Haas, dans le cadre du Concert Musiques Interdites ;
Lisa Deck, sculpteur
Elle étudie la sculpture à la Parsons School of Design. Sculpteur pour le Musée Grévin, elle expose depuis 20 ans et réalise parallèlement des sculptures monumentales, pour l’Assemblée Nationale du Gabon, la Mairie de Toulon, la ville d’Hyères, la Maison du Cygne à Six-Fours, l’Hôpital Renée Sabran… Professeur de sculpture en classes relais de l’Education Nationale depuis 10 ans, elle enseigne cet art en milieu hospitalier et pénitencier, ainsi que dans son atelier de Marseille. Lisa Deck que l’on connaît pour ses expositions : « Du Foetal au Divin » ou « Le Rêve d’Icare », nous a invités, lors du concert Musiques Interdites du 3 mars 2015 dans le salon d’honneur de l’Hôtel de Région, à découvrir son nouveau thème de création : « Le peuple des invisibles ».
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