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The culture beyond borders

Les prémisses d’une journée de spectacles au fil des rues avignonnaises (2)

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Alors, qu’avons-nous vu au cours de cette journée bien particulière, placée sous le signe de la découverte ? Arrivés en ville vers les 18h, après une petite balade rue des Teinturiers, passage obligé du festivalier auquel nous nous sommes soumis avec plaisir et qui nous a permis de faire notre programme du lendemain, nous nous sommes dirigés vers un petit café de la rue Carreterie, du côté du Théâtre de la Condition des Soies où nos amis Taïwanais présentaient leurs créations qu’hélas, nous n’avons pas pris le temps d’aller visiter.

Ravissement clownesque

Nous avions prévu, un peu plus tôt dans la journée d’aller voir un spectacle à 20h20, au Théâtre des Barriques, « Nez à nue », par la compagnie Terre Sauvage, interprété par Sabrina Maillé.

Ce fut le seul que nous avions choisi de nous-mêmes ; un peu au débotté –un coup d’œil à l’affiche et au titre avait suffi à nous motiver– et sans réserver –ne pensant nullement à cette probabilité qu’il soit déjà complet à cette heure avancée, ce qui était le cas mais la bonne fortune fût notre alliée-. La thématique d’un clown qui se met, au sens littéral et figuré, à nu était des plus intrigantes. Non pas du point de vue voyeuriste, voir une femme entièrement dévêtue au théâtre est somme toute fort commun ! Mais plutôt du point de vue du clown, car la découverte de son corps, de la sensualité et de l’érotisme par un clown est un sujet rarement traité. La curiosité a ici guidé nos pas….

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Et quelle ne fut pas notre surprise d’y trouver une artiste complète, excellente danseuse de son état, ayant fait ses classes au conservatoire régional de Martigues en PACA, dont le clown, Mireille, est à la fois poétique et désopilant, naïf et tragique. Mireille, c’est un peu cet enfant sauvage qui découvre émerveillé que son corps peut être objet de plaisir, de désir, de convoitise et d’amour, et plus encore lorsqu’il se dérobe au regard d’autrui; c’est aussi une métaphore de l’éveil du petit enfant qui devenant adolescent puis adulte fait son entrée, étonné, parfois désarçonné, mais aussi souvent fasciné, dans le monde, cette société policée par ses conventions sociales, ses règles de bienséance et sa morale hypocrite faussement pudibonde du « cachez ce sein que je ne saurais voir » qui se dévoile à lui.

Elle offre au spectateur un strip-tease à rebours, apparaissant à chaque début de tableau dans une nudité toute naturelle et non érotique, telle Vendredi dans « Robinson Crusoé », à l’exception d’un string de mauvais effet (au pire, un cache sexe en feuilles de banane aurait mieux fait l’affaire) pour finir à chaque fin de tableau toute habillée : la sensualité suggérée et suggestive de son clown se déploie au hasard d’un galbe de jambe ou d’une cheville, dans un clair-obscur mordoré savamment mis en lumière. Question interprétation, la comédienne, dont le travail clownesque s’inscrit dans la lignée du Slava et du Cirque du Soleil, est très juste et son jeu intègre des temps dansés avec de belles chorégraphies au sol.

Son entrée sur scène où elle émerge de nulle part, enveloppée d’un drap dont elle se défait avec grâce est magnifique (à noter l’originalité de la scénographie, une estrade percée de grands trous recouverts de plaques de bois desquels elle en sort, pour chaque tableau, ses accessoires). Non seulement elle est précise, mais elle est aussi fort émouvante : la scène finale où la parole éclot pour demander à un homme du public s’il l’aime, recouverte de toutes les peaux (costume de marin de grand mère, habit de mariée, vêtement de pin-up sexy, de jeune fille timide, de femme libre, blouse de femme au foyer en plein ménage) dont elle s’était parée au cours du spectacle, est très belle.

Au final, ce fut un bon spectacle, largement applaudi par un public conquis, qui inaugurait une bien jolie entrée en matière avant le spectacle suivant se jouant à 22h15.

DVDM (à suivre)

(c) photos compagnie Terre Sauvage

Rmt News Int • 22 août 2015


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