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The culture beyond borders

Seconde partie de soirée improvisée ou presque… (3)

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Nous n’avions pas eu le temps de discuter avec la jeune femme clown… Il nous fallait prendre la direction de l’Atelier 44 pour y découvrir la dernière création parisienne de la Compagnie du Soir intitulée « Tout sur les femmes » d’après le texte du croate Miro Gavran avec trois comédiennes fort douées. L’une d’elle, Amélie Weyeneth, nous avait tractés avec enthousiasme et sensibilité au bar où, à l’heure de l’apéro, nous nous rafraichissions; son à propos et la justesse de ses paroles nous avait ainsi décidés à nous rendre dans cette petite salle. J’avoue que cela faisait bien longtemps que je n’avais vu de comédie de mœurs…

Carrière, famille, amitié, enfance et amour….

La pièce –qui mêle cinq histoires– traite de la vie quotidienne et des rapports humains empreints d’amitié, de rivalité, de jalousie, de possession et d’amour filial à travers le portrait d’une quinzaine de femmes : petits filles, grands-mères, jeunes employées dynamiques, amies proches aux rapports ambigus ou sœurs en conflit sous le regard impuissant de leur mère.

Nous ne fûmes pas déçus du voyage avec les trois interprètes, citons : Tsoliné Vacher (excellente en grande sœur au cœur d’artichaut, aigrie par un amour trompé ; ou en collaboratrice arriviste et prête à tout pour prendre le poste d’une morte, voire en amie qui, sous sa volonté affichée de vouloir sauver pour son bien son amie de l’emprise de sa mère, se révèle possessive et jalouse, manipulatrice et faussement attentionnée), Diane Vanaegen (fort juste en vieille mère souhaitant pour son 60ème anniversaire que ses deux filles se réconcilient ainsi qu’en copine désirant s’émanciper du joug de son amie hyper-protectrice) et Amélie Weyeneth (drôle en petite fille malicieuse, émouvante en petite sœur incomprise, blessée par un secret qu’elle ne peut dévoiler à sa famille, amusante en baba-cool libertaire semant le trouble entre deux amies, en brisant le lien de dépendance -du style dominant/dominé- qui les unissaient).

Les comédiennes alternent ainsi duo et trio sur la scène où elles se métamorphosent à vue, derrière une léger voile de tulle au travers duquel, sous un éclairage tamisé aux reflets rosés, se laissent entrevoir les changements de costumes : avec aisance, elles se transforment ainsi tour à tour de petites filles espiègles avec leur tutu rose en vieilles femmes de 80 ans se battant pour un homme dans leur maison de retraite ou en jeunes femmes élégantes passant une soirée entre filles, toutes trois subordonnées opportunistes d’une même entreprise. Chaque personnage qu’elles incarnent l’est avec justesse et précision dans le comportement et la gestuelle, la voix et le regard.

La mise en scène, sobre et efficace, fluide, met en valeur le travail des comédiennes qui se plaisent dans leurs personnages et distillent un humour franc et cocasse, voire parfois pince sans rire. Jouant sur une scénographie en bois unique et modulable (agencée de façon à former un bar de cuisine à l’américaine avec ses chaises hautes, son plan de travail, son espace salon avec canapé) aux multiples usages, le travail très cinématographique (dans le découpage, la mise en rythme et l’agencement des scènes) d’Etienne Chevrel s’appuie avec intelligence sur les jeux de lumières. Soutenu par un éclairage adéquat, il s’amuse avec les différents espaces de jeux (avant-scène, fond de scène) pour nous faire oublier le temps d’une saynète le décor en fond (ex. celles de l’enterrement, ou des petites filles poussant la chansonnette voire des vieilles se chipotant dans lesquelles les comédiennes sont sur le devant de la scène).

Au final, même si nous n’apprenons pas tout sur les femmes, le texte croque des moments de vie de personnages que nous croisons tous les jours, avec pertinence et amusement, dans une bien jolie langue. Nous avons pu apprécier de voir de jeunes et talentueuses artistes dont la complicité et la générosité sur scène, indéniables, donnent du baume au cœur ; ce spectacle bien ficelé et bien rythmé nous a fait passer un bon moment et nous avons ri avec plaisir.

Ce fut un divertissement de qualité et intelligent qui, ma foi, fait réfléchir sur la condition féminine!

DVDM (à suivre)

Rmt News Int • 22 août 2015


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