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Remise de la légion d’honneur à Jean Kéhayan ainsi fait chevalier le 24 octobre à Marseille

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Un Discours de paix et d’amour

Le lundi 24 octobre, à 18h, au cœur de la Maison arménienne de la jeunesse et de la culture de la rue Saint-Bazile (1er) à Marseille, Boris Cyrulnik, écrivain, neuropsychiatre et théoricien de la résilience, également Officier de la Légion d’Honneur, a remis la fameuse médaille de Chevalier à Jean Kéhayan, président d’honneur du Club de la Presse Marseille Provence Alpes du Sud, journaliste engagé et essayiste déçu du communisme russe.

La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités marseillaises dont Christian Kerr, député LR ayant fait une première fois la demande officielle de cette reconnaissance pour Jean Kéhayan, Garo Hovsépian, président de la MAJC et ancien maire PS du 13/14, Michel Raphael, journaliste et ami de longue date, Nina Kéhayan, compagne et complice, écrivaine, Julien Blaine, ancien adjoint à la culture de la ville de Marseille, poète performeur, Michel Couartou, l’actuel président du Club de la Presse, Didier Parakian, adjoint au maire de Marseille délégué à l’économie et aux relations avec l’entreprise, Jacqueline de Grandmaison, journaliste spécialisée santé et économie sociale et solidaire, ancienne présidente du Club de la Presse et nous en oublions… Plus de deux cents personnes se sont amassées dans la salle de la MAJC pour assister à l’avènement d’un grand journaliste devenu preux chevalier.

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Jean Kéhayan est connu pour son engagement en tant que journaliste (avec son superbe reportage photo réalisé sur la génocide arménien en Anatolie turque, présenté l’an passé à la galerie Jean François Meyer*) et en tant que président du Club de la Presse de Marseille : pour citer quelques-uns de ses faits d’armes, il a créé en notre ville les Journées du Grand Reportage ainsi que le prix de la parole libre dédié à Anna Politkovskaïa (journaliste russe assassinée à Moscou pour avoir dénoncé le génocide des Tchétchènes) et au journaliste turco-arménien Hrant Dink (abattu à Istanbul). Avec Plantu et son association Cartooning for peace, il a également organisé l’exposition « Dessine-moi la paix en Méditerranée » à l’Hôtel de Région, sous le mandat de Michel Vauzelle, où étaient exposés des dessinateurs du monde entier. Un parcours retracé avec élan et amitié par Michel Raphael qui a salué la capacité de son ami à mettre en place des projets fous, rappelant qu’il fit venir une année le Prix Albert Londres dont il fut maître de cérémonie à Marseille.

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En parallèle, il a publié de nombreux livres dont « Rue du Prolétaire Rouge », cosigné avec Nina Kéhayan, livre propulsé par Bernard Pivot à l’occasion de son émission ‘Apostrophes ‘, traitant de la réalité du communisme en URSS. Cette réalité fort éloignée de celle diffusée par l’organe officiel du parti communiste français a miné sa foi dans l’idéologie soviétique. Et Jean, à l’occasion de la cérémonie, de rappeler sa désillusion concernant Erdogan, lui, l’arménien qui avait milité pour l’entrée de la Turquie au sein de l’Europe, lui l’électron libre qui s’est fait à plusieurs reprises traiter de « traitre ». Et Boris Cyrulnik de dire : « c’est un résilient », comme lui-même, tous deux ayant des parcours de vie proches, l’un descendant d’arméniens rescapés du génocide de 1915, l’autre fils d’immigrés juifs fuyant la montée des nazis dans les années 30.

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Jean a souhaité dédier sa décoration à SOS Méditerranée pour son travail de sauvetage des migrants en mer. Présidée par le Docteur Philippe Rodier, également présent ce jour, l’association a permis, depuis l’arrêt de l’opération Mare Nostrum (mise en place par le gouvernement italien après les dramatiques naufrages de 2013, ndlr), de sauver des milliers de personnes : « une naissance a même été célébrée à l’occasion d’un sauvetage », relate avec émotion M. Rodier. Emotion, c’est bien le mot qu’il faut retenir de cette soirée où la solidarité, l’amour et la paix ont été mis à l’honneur par chacun des intervenants.

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Profitant pour une fois de ne pas avoir à faire court, clin d’œil à un métier dans lequel les rédac’chefs demandent toujours de faire plus court et concis, Jean s’est longuement exprimé sur un thème qui lui est cher : la culture, fustigeant la déformation infligée au terme de populisme (utilisé aujourd’hui pour désigner les fascismes). Or, le populisme, c’est à son origine une idéologie qui vise à libérer le peuple (et non exciter les nationalismes et le rejet de l’autre) ainsi qu’à « populariser la culture »**. Une bien jolie leçon de mots et une belle ode à l’amour faite par une noble personne. DVDM

*En 2001 à la demande de Libération, Jean Kéhayan est parti sur les traces du génocide arménien, sujet encore tabou à cette époque. Une réédition du photo-reportage, intitulé « un été en Anatolie », est disponible sur demande à la MAJC au prix de 7.50€ au profit des restaurants humanitaires d’Arménie. Renseignements : 04 91  50 15 09

** Le terme désigne également un courant littéraire, pictural et cinématographique, né au cours du siècle dernier, visant à dépeindre la vie des gens du peuple (ndlr)

Rmt News Int • 6 novembre 2016


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