Attraction, Installations de Johann Le Guillerm (Marseille/BIAC2017)
A découvrir à la Friche Belle de Mai du 21 janvier au 19 février
Tout public à partir de 6 ans/Tarifs de 3 à 5€
Présenté dans le cadre de le Biennale internationale des arts du cirque 2017
Ici, vous pénétrez dans l’OBSERVATOIRE, laboratoire créé pour tenter d’appréhender le monde avec un autre point de vue, issu d’un travail développé à partir du point, permettant de comprendre comment se créent les formes, les mouvements, les équilibres. Puis venez tester les IMAGINOGRAPHES, qui nous immergent dans l’univers d’un artiste travaillant à l’élaboration d’autres systèmes de lecture du monde à travers d’étranges machines-outils. Avant d’admirer les IMPERCEPTIBLES, qui avec la Calasoif, le Tractochiche, la Jantabuée, sont autant de machines au mouvement imperceptible basées sur une mécanique usant d’énergies naturelles et durables. Pour finir par l’observation de le MOTTE, étrange et gigantesque planète recouverte de gazon, qui suit son propre mouvement, mue par des forces gravitationnelles, à l’instar de notre Terre, et qui imprime dans son sillon, sur le sol, ses circonvolutions. Laissez vous donc guider par son créateur qui nous explique en quelques mots son travail.
johanleguillermattraction par f1279931459
Plus d’infos sur lafriche.org
Portrait de Johann Le Guillerm (c) Patrick Di Domenico
Notre Avis sur l’imaginarium d’un artiste inclassable
Johann Le Guillerm est un artiste complet, circassien et plasticien, et il peut être comblé de ce focus organisé par les directeurs de la BIAC 2017 sur son travail original et passionnant.
Il est vrai, comme le dit si bien Raquel Rache de Andrade, que cet artiste, très imaginatif et passez-moi l’expression « barré » : « quand il voit une clémentine, il y voit des choses que nous ne voyons pas dedans : elle lui inspire une œuvre alors que nous, nous la mangerions.»
Alors pour appréhender l’exposition, rien de tel que son concepteur pour nous en dévoiler les clés d’intelligibilité et nous transporter dans son univers polymorphe. Car ce travail présenté peut paraître insaisissable pour certains tant il est représentatif d’un univers entier, un monde créé à partir du pas grand grand-chose, le point et ce qu’in extenso, il engendre comme formes lorsqu’il est assemblé à d’autres points, ces formes s’assemblant entre elles pour en créer de nouvelles à l’infini, un peu comme une molécule est composée d’atomes et les atomes de nucléons etc.. et qu’à partir de quelques éléments base, et selon leur disposition multipliable à l’infini, tout un monde peut naître. Ceci n’est pas sans faire écho à la conception grecque de la cosmologie, avec sa circularité et sa quasi-absence de linéarité.
Partant du fait que l’homme n’a qu’une vision partiale et partielle, frontale, du monde à l’image d’un Kant qui écrivait dans la critique de la raison pure que « la Raison ne voit que ce qu’elle conçoit (autre trad. produit elle-même) d’après ses propres plans » ; il s’est ouvert à d’autres points de vue et nous donne ici la preuve que le monde n’est pas forcément celui que nous connaissons dans son formatage actuel. Une prise de liberté qui l’amène à penser et représenter l’imperceptible, dans la lenteur du mouvement de ses machines carburant à des énergies naturelles et durables (la Calasoif, le Tractochiche, la Jantabuée) ou de la Motte, cette planète végétale qui dans une oscillation quasi invisible, à l’instar de la Terre, parcours inlassablement la même trajectoire serpentée, déposant des résidus de sciure sur son passage.
Au carrefour d’une recherche cosmologique, scientifique et philosophique, son œuvre reste néanmoins poétique et belle tant les formes oblondes de ses machines (les imaginographes) hypnotisent le regard, et ce même quand elles nous amènent en les manipulant à réfléchir sur une autre vision de la construction du monde et ses possibles réalités. Seul bémol de cette installation, la production des carnets de travail de l’artiste qui, bien qu’explicatifs, tendent à dissiper la poésie de l’imaginaire ; de même, le placement de la Motte en bout de salle ouverte sur la baie lumineuse (une jolie vue certes) tend à nuire à son appréciation globale, les petites ampoules savamment installées comme des satellites autour de la Motte en mouvement sont guère visible en plein jour. Un fond noir eut peut être permis de mieux savourer l’ensemble de l’installation.
Néanmoins, cette exposition permet d’ouvrir le regard du spect-acteur et d’initier le curieux à une autre appréhension du monde qui l’entoure, mettant à mal son propre point de vue et le questionnant. A découvrir ! DVDM
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.