Aux amoureux de l’île de Formose, une invitation à la découverte le 17 janvier à Paris
Une journée d’études consacrée à Taïwan : histoire, mémoire, identité le mardi 17 janvier de 10h00 à 17h00 au Musée Guimet de Paris. Un rendez vous à ne pas manquer!
Située au cœur des routes commerciales d’Asie orientale, Taïwan connut un destin troublé par les ambitions de ses proches et plus lointains voisins. Comptoir commercial des puissances européennes du 17ème siècle, province chinoise de la dynastie Qing, colonie japonaise puis siège des institutions de la République de Chine, le territoire fut géré par une succession de pouvoirs qui y laissèrent traces de leurs caractéristiques culturelles et identitaires. Initialement peuplée de tribus austronésiennes, l’île fut aussi la terre d’accueil de nombreuses populations venues s’y installer ou s’y réfugier. Quelle mémoire la société contemporaine garde-t-elle de ces différents épisodes de son histoire ? Que reste-t-il dans les imaginaires de la période coloniale ou de la période de régime autoritaire qui a suivi ? Sur quelle narration collective se construit aujourd’hui l’identité taïwanaise ? Quelle incidence cette mémoire a-t-elle sur les dynamiques interethniques et sur les relations avec la Chine ? Quelle place cette jeune démocratie, premier pays d’Asie à avoir fait un grand pas en faveur du mariage pour tous, souhaite-t-elle occuper en Asie orientale et dans le monde ?
Au menu de cette journée riche en découvertes:
10h20 – 10h50: Du thé de Shuishalian au thé de Formose – Culture, production et commercialisation du thé à Taïwan aux XVIIIe et XIXe siècles par Philippe Chevalérias, Maître de conférences – Université de Lille
L’histoire du thé taïwanais commence au XVIIIe siècle avec l’exploitation des théiers poussant à l’état sauvage dans les montagnes de Shuishalian au centre de l’île. Elle se poursuit avec les premières plantations à vocation commerciale dans les environs de Taipei au début du XIXe siècle, avant que le « thé de Formose » n’acquière une renommée mondiale dans les années 1860~1880. Intimement liée à l’immigration chinoise sur l’île, cette histoire s’inscrit également dans le contexte plus large de l’expansion de la culture du thé en Chine au cours du XVIIIe siècle, et de la demande croissante de thé chinois sur le marché mondial à compter du XIXe siècle.
10h50 – 11h20 : Les artistes taïwanais et la Guerre froide par Emmanuel Lincot, professeur (HDR) – Institut catholique de Paris ; Directeur du séminaire « Arts et pouvoirs: mondes chinois, iranien et indien contemporains. Perspectives comparées ». ENS / CNRS / ICP
L’objet de cette communication est de rappeler l’état de la création taïwanaise dans le contexte de la Guerre froide et à travers plus particulièrement un exemple symptomatique, le groupe d’artistes dit de « La Cinquième Lune ». Dès la fin des années cinquante, s’observent des tensions entre la scène artistique de l’île et le régime autoritaire de Chiang Kaï-shek, ainsi qu’une quête identitaire qui allie les spécificités d’une tradition picturale chinoise, très largement réinventée et acquise au développement de l’abstraction, à un véritable souci de se démarquer de l’art figuratif et du réalisme socialiste imposés sur le continent par le régime communiste.
13h30 – 14h00 : Nous jouons donc nous sommes : histoire, mémoire et identité des Bunun à travers la pratique du volley-ball par Jérôme Soldani, ATER – Université Paul-Valéry Montpellier 3 – CERCE
À Taïwan, le baseball bénéficie du statut de « sport national », mais chez les Bunun, groupe austronésien vivant au cœur de la Chaîne centrale formosane, c’est le volley-ball, introduit dans la seconde moitié du XXe siècle, qui fait office de pratique sportive favorite. L’origine de son apparition dans le comté de Nantou reste sujet à débat, les témoignages recueillis à ce sujet sur le terrain pouvant être divergents, voire contradictoires. Il est une certitude cependant que les écoles comme les églises presbytériennes ont joué un rôle fondamental dans la diffusion de la pratique au sein des communautés bunun.
Cette intervention, basée sur des données ethnographiques recueillies dans le comté de Nantou entre juin 2014 et janvier 2016, tentera de retracer l’histoire de l’apparition et du développement du volley-ball dans la région au travers d’archives et d’extraits d’entretiens avec les acteurs. Elle questionnera la façon dont les Bunun se sont réappropriés cette pratique pour en faire un marqueur identitaire les distinguant du reste des groupes vivants à Taïwan, et plus particulièrement de leurs voisins seediq et atayal qui ont pour leur part adopté le basket-ball comme sport emblématique.
14h15 -15h00 Table ronde avec la participation de Philippe Chevalérias, Stéphane Corcuff, Samia Ferhat, Emmanuel Lincot, sandrine Marchand et Jérôme Soldani
• Les questions identitaires et mémorielles de la société taïwanaise contemporaine
• La place de Taïwan en Asie orientale et dans le monde
• L’évolution des relations entre Taïwan et la Chine
Clôture de la journée avec la présentation du documentaire Le Temps des mots (2015) en présence de Samia Ferhat, Maître de conférences – Paris Ouest – Nanterre ; Chercheur – CECMC (Ehess)
Le Temps des mots relate l’expérience de dix étudiants chinois et taïwanais qui, de 2009 à 2010, ont participé à l’atelier « Dialogue sino-taïwanais autour du cinéma » organisé par Samia Ferhat dans le cadre de ses activités de recherche au sein du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (EHESS – UMR 8173). Le but de l’atelier était de faire dialoguer des jeunes issus de deux sociétés séparées par plusieurs décennies d’antagonismes politiques, et menacées par les risques d’escalade militaire. À l’issue de six mois de rencontres et de discussions, les jeunes ont souhaité poursuivre l’échange par la réalisation d’un documentaire qui leur permettrait de présenter cette expérience de dialogue, et d’aller plus avant dans la confrontation de leurs idées.
Le film, par le biais d’images d’archives et d’illustrations originales, relate l’histoire des relations entre la Chine et Taïwan tout en donnant la parole à ces jeunes qui, de manière ouverte et sans tabous, discutent des problématiques identitaires, politiques et mémorielles en œuvre dans la dynamique de ces relations. Il pose par ailleurs la question de l’efficience du dialogue qui, même s’il s’accompagne souvent de malentendus et de tensions, permet néanmoins la construction d’un espace commun d’échange et d’interaction.
Un événement à suivre si vous êtes du côté de la capitale ! DVDM
INFORMATIONS PRATIQUES
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna 75116 Paris
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
L’auditorium est accessible les soirs de spectacle à partir de 19h30.
auditorium@guimet.fr / 01 40 73 88 18 / www.guimet.fr/