Christophe Alévèque au Théâtre Toursky le 2 juin 2017
« LA FETE DE LA DETTE »
« Se servir de l’humour qui est une arme pédagogique magnifique pour éviter que l’ignorance soit une usine à conneries phénoménales »
C’est un Christophe Alévèque habituel, sans fard, nature, qui répond aux questions des journalistes marseillais en ce lundi 27 mars ensoleillé. D’emblée le ton est donné :
« La dette, ça se fête depuis qu’on a décidé, dans notre société judéo-chrétienne, que ce ne serait plus un fardeau. »
Après trois éditions parisiennes qui ont fait salle comble, Christophe Alévèque a décidé de « décentraliser » ce spectacle-débat « juteux » à Marseille. Et quand on apprend que Richard Martin accueille l’humoriste dans son théâtre Toursky, tout s’éclaire.
Le 2 Juin ouverture des portes du Toursky à 19h 30 pour un apéro en terrasse. 20h le Spectacle. « Le tour de la dette en 80 minutes » écrit par Christophe Alévèque et Vincent Glenn, avec des points de vue d’économistes éminents mais aux explications limpides qui proposeront des solutions, car il y a des solutions. Puis un magicien en clou de spectacle, comme une apothéose, pour « faire disparaître la dette » ! 22h « le bal de la dette » sur la terrasse du théâtre entièrement décorée, avec des invités musicaux, des fanfares, un groupe de « balloche » et pleins d’autres surprises… « Je chanterai peut-être » nous dit Christophe qui, on le sait, titille la musique et le chant avec son talent habituel.
« C’est l’expression de la liberté. »
« Dans ce spectacle, j’essaie d’être le plus objectif possible : mettre une claque aux idées reçues, expliquer comment fonctionnent des choses qui, finalement, sont assez simples. Quand on veut être dans une vraie démocratie, si on veut que les gens participent au débat, il faut qu’ils aient des billes, qu’ils aient des armes. Le but est de vulgariser, d’essayer de faire en sorte que celui qui sorte de là se dise « Ah ! J’ai pigé ! » ; Après il pense ce qu’il veut, il fait ce qui veut. Ces moments partagés, c’est l’expression de la liberté. »
« Si on était très nombreux à faire ça, je peux vous dire que les politiques, ils serreraient les fesses ! Ils nous raconteraient moins de conneries. »
Tous coupables ? La Dette Publique de l’Absurde
« Ce qui est fou dans cette histoire, c’est que l’on se sent tous responsables alors que la plupart des gens n’ont décidé de rien ! On est en train de nous expliquer qu’on est responsable de tout ! J’en ai marre d’entendre sans arrêt que rien n’est possible, il faut secouer cette résignation, cette angoisse latente qu’on infiltre en nous, ce pessimisme ambiant, cette peur qu’on nous fait porter, c’est le terrorisme de la terreur. »
« Je fais tout ça avec une équipe car je me suis aperçu, moi le premier, que je pensais savoir des choses et qu’en fait j’étais complètement à côté de la plaque. J’étais victime des idées reçues qu’on entend régulièrement ; la plus grande et la plus ridicule étant que la dette privée et la dette publique c’est pareil ! Pas du tout ! »
Christophe Alévèque demande à l’expert économiste Patrick Le Camus (photo ci-dessus) d’intervenir : « Le principe est de mélanger dans une soirée l’éducatif et l’imagination à travers le rire. Notre but est de faire en sorte que les gens présents sur scène se projettent –pour le public présent- dans le futur, avec un futur de solutions. Imaginer ce que pourrait être l’économie dans 20 ans, 30 ans. L’idée c’est que ce soit réaliste. On va essayer de vérifier ce qui marche, ce qui ne marche pas. C’est l’inverse des discours actuels qui sont liés au fait de nos institutions : faire peser tout le poids sur une seule personne avec l’idée qu’il va tout changer. Et ça ne marche pas, ça ne peut pas marcher. On est là pour montrer qu’il y a des possibilités. »
« Ce sujet-là, l’économie, les gens ont envie de se l’approprier » . Christophe Alévèque a un enthousiasme communicatif. Sa parole est remède :
« Ce spectacle est une thérapie collective, un exutoire. Entendre rire les gens –ils n’en n’ont jamais eu autant besoin, je le vois dans mes spectacles- il n’y a rien de plus beau ! En plus il plaît, l’économie est devenu Sex !»
« Ludique, Educatif et Solidaire »
Toutes les recettes de cette « fêtes de la dette » sont entièrement reversées, depuis sa création, au Secours Populaire. Derrière cet artiste sympathique, on devine aisément le tendre et l’humaniste, le rebelle au grand cœur. Il est comédien, écrivain, musicien, humoriste, un homme aux multiples casquettes, qui toutes transpirent la même acuité, le même regard, une intelligence et un amour de la vie. Il est devenu le parrain du Secours Populaire à qui il donne un coup de main, souvent. Son engagement n’est pas sophiste. Il ne trompe pas et ne se trompe pas. Le secours populaire dit-il, c’est des milliers de bénévoles en France, c’est la lutte contre l’exclusion, l’aide aux plus démunis. De ces chèques qu’il leur remet -16 500€ à l’issue de son dernier spectacle-, il en est fier. Mais cela ne suffit pas ; il faut continuer, se battre, aider, dit-il. Christophe Alévèque et les gens qui l’entourent respirent l’humanité.
« C’est la meilleure leçon que l’on puisse donner ; montrer l’exemple. On entend souvent parler d’exemplarité et de transparence en ce moment. Voilà, ce ne sont que des mots ; eh bien ! Nous, ça n’est pas que des mots. Ce sont des actes, et donc l’intégralité de la recette de la recette est versée au Secours Populaire. On sait que cet argent sera bien utilisé ; on sait que ça va vachement aider beaucoup de gens. Alors voilà, on continue. 1800 personnes l’année passée pour la fête de la Dette. Et on a bien l’intention de décentraliser, après Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille pourquoi pas ! Moi je suis un provincial, tout ne se passe pas à Paris. Au Toursky, il y a une ambiance, une magnifique terrasse. Avec Richard, on s’est tapé dans les mains. Banco ! On va passer un super beau moment. Qu’y-a-t-il de mieux ? Rien. »
Richard Martin arrive et c’est une accolade amicale. A cet instant, les mots sont superflus. Deux artistes, deux têtes pensantes poursuivant, chacun à leur façon, un même rêve, et empruntant des chemins très semblables.
La rencontre touche à sa fin. Avant de sortir « fumer une clope » sur ce balcon de « La Caravelle » qui fait face au Vieux-Port, Christophe Alévèque nous confie son amour de l’Italie, un pays magnifique, puisque son épouse y est née ; Il reconnaît qu’il adore écrire mais que la scène, « c’est sa drogue, là aussi un exutoire essentiel à son équilibre ». Christophe Alévèque pratique un humour corrosif, intelligent, railleur et critique. Pour lui le rire est à la fois distraction et réflexion. Ce « Don Quichotte » de l’humour transforme tout ce qui est tragique en rire. Ce spectacle ? Un cours d’économie ludique et pédagogique, co-écrit avec le documentariste Vincent Glenn, un spectacle très politique bien que « non militant ». Un spectacle à l’issue duquel on sort heureux, soulagé, un peu plus intelligent, le rire au cœur et le sourire aux lèvres : « ça ira mieux demain ».
Danielle Dufour-Verna
Tarifs : Spectacle (bal inclus) : 22 euros / 18 euros (RSA/RMI/Bénéficiare du SPF)
Bal seul : 5 euros
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