« Donnez-nous notre pain quotidien » au THEATRE DE L’ŒUVRE
« Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas », la Poésie de Michaël Lonsdale et Richard Martin en Partage
« La poésie est une arme chargée de future, aussi nécessaire que le pain quotidien » (Richard Martin)
Michaël Lonsdale et Richard Martin partageait leur amitié au Théâtre de l’œuvre, à Marseille, ce Jeudi 30 mars 2017 à 19 heures.
Serge Sarkissian, le metteur « en position » de cette rencontre poétique et fraternelle entre les deux géants du théâtre, Michaël Lonsdale et Richard Martin, aborde la soirée :
« Leur amitié date de 12 ans, ce soir, ils nous livrent un nouveau volet de leur compagnonnage, l’amour de la poésie, un récital poétique. Deux témoins, l’un du concret, l’autre de l’invisible, deux personnalités qui se sont apprivoisées, qui s’apprécient et qui s’aiment d’un amour qu’on appelle amitié. »
Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, et Michaël Lonsdale, ont choisi de prêter leur voix au Théâtre de l’œuvre, situé au cœur de Marseille, qui vient de rouvrir ses portes. Non seulement une rencontre au gré des mots mais un acte militant :
« Le plus beau poème que nous allons dire ce soir, nous sommes installés dedans pour que ce théâtre se réveille dans ce quartier que j’ai habité pendant vingt ans. Les hommes et les femmes de ce quartier sont les gardiens de l’intelligence des autres, et c’est grâce à eux que nous pouvons être les citoyens que nous rêvons d’être. Merci à eux. » (Richard Martin)
Deux tables rondes recouvertes d’une nappe noire, deux chaises, et deux amis qui se regardent tendrement, dialoguent, s’interpellent, font corps avec le public nombreux qui a répondu présent, s’adressent à lui, l’enchantent. Les yeux embués de larmes, la voix tour à tour retenue puis puissante de Richard Martin étend sur la salle « L’Affiche Rouge », tel un étendard, l’étendard de la liberté qui le porte et le transcende depuis toujours.
Michaël Lonsdale susurre « Le Socle de l’Idole ». Sa voix de velours pénètre jusqu’au dernier rang les spectateurs muets d’admiration, communiant avec lui :
« Un regard sur cette Société d’Europe Centrale et d’ailleurs qui subit quelques chose d’incroyable. On se croirait revenu 5000 ans en arrière.
Ils égrènent les mots d’Aragon, de Ferré, de Boris Vian, de Gabriel Celaya, de Prévert, de Péguy, de Beaudelaire, d’Athénagoras (patriarche de Constantinople mort en 1972), de Verlaine. Ils se regardent et leur œil est vif, leur regard éclatant, complice, tendre.
« Ce n’est pas le mot qui fait la poésie –dit Richard Martin- c’est la poésie qui fait le mot. »
Michaël Lonsdale nous dit « Les Mains » de Germain Nouveau : « Il circule un printemps mystique sous les veines ». Les belles mains de Michaël Lonsdale sont marquées par la beauté de l’âge. Il les plie, les déplie en déclamant. Chez lui aussi, sans aucun doute, ce printemps circule toujours, remontant de ses mains à son âme.
Ils ont débuté la soirée en échangeant « La Rose et le Réséda », ils terminent en se rejoignant au milieu de la scène. Ils vont nous faire partager, ensemble le discours de Martin Luther King « J’ai un rêve ». Rien ne pouvait être plus approprié dans ce Théâtre de l’œuvre qui abrite l’Association de la Paix. Rien de plus parlant, de plus criant que les mots de ce pasteur baptiste américain, assassiné le 4 avril 1968 à Menphis, militant non-violent pour les droits civiques des Noirs aux Etats Unis, pour la Paix et contre la pauvreté.
« La poésie est une arme chargée de futur » dit Richard Martin
Sous les applaudissements et les « bravo », Michaël Lonsdale et Richard Martin se rapprochent, s’étreignent, le corps et l’esprit en parfaite harmonie. On ne voit plus deux artistes, deux parcours, mais deux frères, deux hommes aux croyances diverses, aux chemins différents, luttant pour les mêmes valeurs, faisant planer sur la salle et le monde l’aura de leur humanité.
Danielle Dufour-Verna