Fin Mars 2017, le Théâtre Marie-Jeanne ré-ouvrait ses portes après 5 ans de fermeture forcée !
Enfin, le Théâtre Marie Jeanne, sis 56 rue Berlioz dans le 6ème arrondissement de Marseille, dirigé par Patrick Rabier, metteur en scène, a obtenu, après 5 ans d’une traversée du désert en raison de la nécessaire et couteuse réalisation de travaux de réaménagement du lieu*, le précieux sésame pour pouvoir accueillir le public avec une jauge de 49 places, avant de retrouver sa jauge originelle de 82 à 100 places dans les mois à venir**.
Une réouverture à guichet fermé !
Afin de fêter dignement cette réouverture attendue tant par l’équipe du théâtre que par son public d’aficionados, le théâtre a proposé trois soirées festives et théâtrales, le 23 mars pour les institutionnels, journalistes et les généreux « crowfounders » donateurs puis les 24 et 25 mars pour le public, venu en nombre (re)découvrir ce théâtre dont la pratique artistique se situe dans la droite lignée du théâtre expressionniste, notamment grotesque, une spécificité rare en notre ville.
Des institutionnels conquis par le lieu et les extraits de spectacles proposés
Le premier soir, étaient notamment présents Gérard Detaille, l’adjoint républicain à la culture de la mairie du 6/8, ravi de soutenir cet espace de création, et Marie-Arlette Carlotti, députée socialiste, enchantée de découvrir les créatures du TMJ (les artistes semi-professionnels de la compagnie Salamandre-Gecko) ayant présenté ce soir-là un extrait d’un spectacle mêlant cabaret, clown et jeu masqué, un subtile mélange des genres qui a fait mouche. La députée a, par ailleurs, financé à hauteur de 5000€ les travaux du TMJ même si elle reconnait que « 5000€, ce n’est pas beaucoup »-. Elle a ainsi souhaité donner « ce coup de pouce » dans la mesure où sensible à leurs difficultés, elle estime qu’il est « nécessaire et important de soutenir ces lieux de proximité ». « C’est, à mon avis, un bon usage de la réserve parlementaire » précise-t-elle. Sur ce point, nous ne pouvons que nous accorder avec elle tant la défense de ces « petits » lieux nous tient à cœur.
Une réouverture sous le signe du cabaret
Les trois soirées proposées portaient l’empreinte de la ligne artistique du lieu : « du cabaret sous toutes ses formes », avec -à l’occasion de la première soirée- un tour de chant remarqué par les convives, interprété avec élégance et humour par Frédérique Souloumiac, accompagnée au piano par François Escojido. Les deuxième et dernière soirées, quant à elles, offraient une carte blanche aux compagnies professionnelles amies du TMJ (citons le Yak, le Funambule, le LAM ou encore l’Akalmie Celcius). Ces dernières ont présenté des extraits de leurs dernières créations, dans un enchainement judicieux de tableaux, ponctués d’interludes clownesques et masqués savoureux. Notre coup de cœur va ici au duo de masques, Mualdo/Coralie, ainsi qu’au trio de clowns, Mysstille, Ostelin et Gribouille, qui nous ont proposé un défilé de mode fantasque et facétieux (ce dernier a séduit le public); autre temps fort, avec Giorgie, en mère maquerelle : la scène où elle embobine la crédule Coralie, cette dernière abandonnant pantois son Mualdo pour suivre une chimère, est succulente.
De la marionnette au chant en passant par le seul en scène
Deux élèves de la compagnie du Funambule proposaient de découvrir un duo marionnettique autour de l’univers des péripatéticiennes, avec les retrouvailles sur le trottoir de deux putes, une lesbienne typée asiatique faisant l’apologie de l’onanisme, et un travesti homosexuel noir à la chevelure flamboyante et à la gouaille frondeuse. Un travail de manipulation sensible et délicat, hélas, altéré par le flot de paroles des personnages, redondantes avec le geste ! Une des collaboratrices du Funambule a offert un joli moment d’émotion avec les retrouvailles après 18 ans de séparation d’un couple improbable, un homme grenouille (parti chercher des allumettes, il s’est perdu en route) et sa vieille femme (toute rabougrie à force d’attente). Un joli passage, tout en finesse et d’une cocasserie irrésistible.
Hannah Devin, dans un one-girl show sensiblement décalé -qui aurait bien plu à Eliane Zayan- a donné, à l’attention des mâles dont les testostérones s’émoustillent dès qu’ils sont au volant de leur bolide, une leçon de conduite urbaine. Magali Lindermann et Frédérique Souloumiac, accompagnées au piano de Martial Paoli, ont sans contestation possible offert le plus délectable moment de cette soirée avec un extrait du « Cabaret du Elles ». Un moment de pur plaisir, d’autant plus que Magali, en grande forme ce soir-là, nous a régalés de son jeu théâtral expressif et de son chant.
Une mise en bouche de la programmation à venir
La programmation est actuellement en cours mais nous pouvons, sans trop nous avancer, en dévoiler les orientations à venir : en dehors d’un temps fort cabaret au printemps 2018, les spectateurs pourront assister à un spectacle jeune public mêlant jeu masqué et marionnettes (gageons qu’il s’agisse de la dernière création de SHC, compagnie permanente du TMJ, « le semeur d’idées noires » présenté au Parvis des arts au cours de la saison 2014/2015***), mais aussi à du clown. Une compagnie venant de l’Etranger sera également invitée à présenter sa création. Il est fort à parier que les compagnies amies seront au menu de la saison prochaine.
En attendant la saison 2017/2018, les curieux qui souhaitent s’inscrire aux ateliers amateurs proposés par l’équipe du théâtre pourront découvrir tout le mois de juin 2017 sur trois soirées (du vendredi au dimanche) les créations issues des ateliers : clown (1er WE), cabaret (2ème WE), jeu masqué (3ème WE) et bouffon (4ème WE), ainsi qu’en semaine une représentation des spectacles issus des ateliers dits juniors (dédiés aux petits à partir de 4 ans) et adolescents (jusqu’à 16 ans).
In fine, n’oubliez pas que le TMJ et ses créatures vous donnent rendez-vous pour la journée porte ouverte du lieu aux alentours de la mi-septembre ainsi que pour la présentation officielle de saison courant octobre. A vos agendas ! Diane Vandermolina
*Ces travaux (au coût de 50 000€) concernaient la mise aux normes de sécurité du lieu, les conditions de sécurité relatives à l’accueil du public s’étant substantiellement renforcées cette dernière décennie. Nous ne reviendront pas sur les difficultés financières induites par cette fermeture publique forcée (impossibilité de faire des demandes de subventions aux tutelles, perte de recettes liées à la non fréquentation publique du lieu…) ni la complexité relative au financement (notamment la recherche de fonds privés) et à la réalisation de ces travaux (rendez-vous avec les multiples organismes et institutions en charge du dossier, aux avis et recommandations parfois contraires).
**Des travaux supplémentaires sont programmés pour le mois d’avril afin de faciliter l’accès du lieu aux personnes en situation de handicap. En effet, l’accessibilité est la condition sine qua non pour que le théâtre puisse passer de la 5ème (jauge inférieure à 50 places) à la 4ème catégorie (jauge supérieure à 50, inférieure à 300 places). Car depuis le 1er janvier 2011, les Établissements de catégorie 1 à 4 recevant du public doivent avoir fait l’objet d’un diagnostic des conditions d’accessibilité et d’une évaluation des coûts pour rendre le bâtiment accessible et se mettre en conformité avec la réglementation accessibilité pour le 1er janvier 2015 au plus tard. L’accessibilité est une obligation légale pour les dits EPR.
***le premier tableau du spectacle a, par ailleurs, été présenté le 31 mars à l’Equitable Café à l’occasion de l’enregistrement de l’émission « Toile de Mars », co-pilotée par Lolita Doullay, de l’association du Cours Julien, et Etienne Bastide, de Radio Galère.
Pour plus d’informations sur les ateliers dispensés par l’équipe du TMJ (clown, cabaret, jeu masqué et bouffon sans oublier les ateliers enfants et adolescents) ainsi que les stages à venir : http://www.theatre-mariejeanne.com/site/
Copyright photos: Diane Vandermolina
Retrouvez ci-dessous l’interview du directeur artistique du TMJ, Patrick Rabier:
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