Sortie DVD/Blu-Ray de « La Tour au-delà des Nuages » de Makoto Shinkai
Une amitié retrouvée
« La Tour au-delà des nuages » est le premier long-métrage d’animation de Makoto Shinkai, réalisateur et graphiste né en 1973 au Japon. Le récit se déroule en 1974 dans un Japon imaginaire, divisé en deux, entre l’Union et les USA, après la 2nd Guerre mondiale. L’histoire se base sur un rêve, une promesse inachevée d’adolescents qui, séparés par le destin, se retrouvent quelques années plus tard.
Cette œuvre originale de Makoto Shinkai, sortie au cinéma en 2004 puis en DVD/Blu-Ray en janvier 2017, a été réalisée en collaboration avec Ushio Tazawa qui signe le « character design » c’est à dire l’élaboration graphique et parfois psychologique des personnages.
Dans ce Japon uchronique, trois adolescents (Hiroki, Takuya et Sayuri) se font la promesse d’atteindre l’immense tour d’Ezo érigée par l’Union, en construisant un avion. Trois ans se passent et les protagonistes ne sont plus en contact. Hiroki travaille dans un laboratoire de recherche du côté américain ; Takuya est au lycée ; et la fille, Sayuri, est plongée dans un coma profond dans lequel elle ne cesse de rêver. Cette fameuse tour possède des propriétés scientifiques lui permettant d’atteindre des mondes parallèles dont Sayuri a, elle aussi, accès dans ses rêves. Les trois amis finissent par se réunir pour achever la construction de l’engin et honorer leur promesse. L’avion fin prêt, Takuya s’envole avec Sayuri encore inconsciente, afin qu’elle se réveille à l’approche de la tour magique.
Ce film aborde plusieurs thèmes que l’on retrouve souvent dans l’univers manga ; l’existence de mondes parallèles, les rêves de jeunesse inachevés et les relations amoureuses entre jeunes gens.
Réalisation plutôt réussie …
Au niveau visuel, le dessin est agréable, soigné à l’ordinateur avec des personnages dotés de grands yeux pour mieux refléter leurs émotions.
En revanche, le dessin est bien plus axé sur les paysages, décors et arrières plans, que sur les personnages : leur visage, du coup, apparaissent moins travaillés. Les paysages sont très beaux, bien détaillés, mais les personnages ne semblent pas très vivants, probablement du fait d’un manque de détails qui empêche de saisir plus de nuances dans les émotions dépeintes.
Les couleurs grises et blanches reviennent souvent : il neige à plusieurs reprises pendant le film, la Tour est blanche, l’avion est blanc. Peut-être un moyen de refléter la froideur qu’il peut y avoir dans les relations humaines au Japon ou bien une façon d’amener le blanc comme symbole de paix dans un monde en proie à une guerre imminente.
La musique classique, avec violon et piano, quant àelle, accompagne le scénario en y ajoutant une touche romantique, créant une ambiance sereine.
En ce qui concerne le scénario, les thèmes de la géopolitique et de la science-fiction restent en arrière-plan, le monde de l’Union est totalement inconnu, aucun point de vue interne ou externe. La seule chose que l’on sait est que l’Union est plus avancée technologiquement que « l’alliance » Japon-USA. L’effet apporté par le mystère de la Tour, les mondes parallèles, les rêves prémonitoires, est très intrigant mais peu compréhensible au premier visionnage et le spectateur peut se retrouver un peu perdu.
De même, on peut noter quelques incohérences scénaristiques, notamment la destruction très (trop) facile de la Tour de l’Union (alors qu’il existe une différence technologique notable entre les deux armées), en décalage avec le « pouvoir » supposé de la Tour (altération de l’espace spacio-temporel…).
Le côté science-fiction et métaphysique avec ses mondes parallèles articulés comme les rêves du cosmos semblait très prometteur mais a été trop vite laissé en toile de fond, ce qui pour un amateur de SF peut s’avérer quelque peu frustrant.
… Qui s’essouffle un peu/ Avec des hauts et des bas
Le thème de la guerre est également sous-traité, laissant place aux thèmes des relations entre amis, entre hommes et femmes.
L’absence totale de violence dans ce monde au bord de la guerre résulte d’un choix artistique où le focus est mis sur la relation qu’entretiennent les trois protagonistes, plutôt que sur le monde dans lequel ils vivent, et les questionnements que son étrangeté suscite.
Chaque personnage représente à sa manière un caractère typique de l’humain ; Hiroki, le carriériste qui refuse les femmes auxquelles il plaît ; Takuya, le garçon timide qui n’ose rien dire, ni demander ; Sayuri, la fille rêveuse et enfin, Okabe l’homme divorcé à la recherche d’une jeune et jolie femme. Des types de comportement et personnages stéréotypés propres à l’univers manga, que l’on est plus habitué à retrouver dans les œuvres destinées aux adolescents. Ces stéréotypes tendent à rendre ainsi les personnages moins attachants, leur ôtant cette complexité propre à notre nature humaine.
Makoto Shinkai nous livre néanmoins un film très esthétique et assez romantique dans une époque imaginaire et futuriste. Un dessin soigné dans l’ensemble avec quelques faiblesses dans le traitement des personnages. Une intrigue d’amitié et de romance teintée de science-fiction qui fonctionne assez bien dans l’ensemble mais qui peut parfois donner l’impression de venir combler un certain manque scénaristique pour empêcher l’ennui. Ceci dit, le spectateur passe un moment agréable, avec cette histoire de rêve inachevé qui se laisse regarder avec plaisir.
Mossé David
Titre original : Kumo no mukō, yakusoku no basho
Production : CoMix Wave Films/ Character design : Ushio Tazawa
Récompensé au Prix Mainichi du meilleur film d’animation
Informations techniques sur le DVD/Blu-Ray
Sortie : 11 janvier 2017/ Durée : 137 minutes/ Âge : à partir de 14 ans
Format : 16/9 (DVD) – 1920 x 1080p (Blu-ray)/ Audio : JP/FR 2.0 (DVD) – JP/FR 2.1 (Blu-ray)/Sous-titres : FR
Prix conseillé DVD : 9,95 € / Réf. : DVD2311/ EAN : 3700091023113
Prix conseillé Blu-Ray: 19,96 € / Réf. : BR2312 / EAN : 3700091023120
Inclus de nombreux bonus (interview de Makoto Shinkai et de comédiens, livret de 48 pages, bande annonce, pilote)
Captures d’écrans © Makoto Shinkai/CoMix Wave Films
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