Décès de Phil Spectrum du groupe Leda Atomica
Fifi est parti composer avec les étoiles :
Décès de Phil Spectrum du groupe Leda Atomica
« Si Dieu existe, qu’il ait une bonne excuse »
L’artiste Phil Spectrum, de son vrai nom Philippe Torel, du groupe Leda Atomica, nous a quittés le 14 juillet 2017 à l’âge de 61 ans. A la tête du groupe phare du rock marseillais des années 70-80, Phil Spectrum avait créé le groupe label Leda Atomica Musique (LAM) en 1990, collectif de musiciens-acteurs en rapport étroit avec le théâtre, le cabaret, la danse. « 666 60 minutes » est le dernier album de l’artiste, sorti l’an dernier pour fêter ses 60 ans et réunissant 60 interprètes.
Les compositions, la musique et la voix de ce groupe enchantent, pénètrent, enivrent, transcendent, agitent, conquièrent : rythme, puissance, instinct de la scène, intelligence à fleur de textes, de peau et d’instruments. Le public, toujours présent, ne s’y est pas trompé.
Phil Spectrum n’était pas seulement le musicien-compositeur incontournable, innovateur, prolixe, véritable OVNI de l’univers musical, mais également un humaniste, un homme qui s’impliquait totalement : pour ses idées, pour la défense de la liberté et de la culture, pour ses amis.
-Mars 1981 : accroché au mur de la façade du théâtre Axel Toursky à Marseille, Richard Martin, son directeur, livre bataille pour la survie de ce théâtre ; il joue « La Méthode ». Phil Spectrum et son groupe l’accompagnent en musique. Plus tard Phil et Richard entament ensemble une grève de la faim. C’est plus qu’un soutien, c’est un compagnonnage. Phil est un esprit libre qui fustige les tièdes, les avides, les sans conscience. Comme tous ceux de sa trempe, il a l’espoir, l’audace et la loyauté chevillés au corps.
En 2009, il fait encore partie, au côté d’autres personnalités, du comité de soutien à Richard Martin, pour le rétablissement de la subvention de l’Etat pour le théâtre.
Avec Richard, son pote, il a été le chantre de créations qui ont étourdi de bonheur le public du théâtre Toursky : La Méthode, L’Opéra des rats, Poètes vos papiers, La mémoire et la mer, Il fera jour demain et tant d’autres.
Oui, « Il fera jour demain ». Mais les jours seront sombres sans toi. Poète parmi les poètes, tu es parti un 14 juillet, clin d’œil à Léo Ferré parti un même jour, qui t’attend parmi les étoiles. Sans-doute fredonneras-tu en souriant ce texte de Caussimon « Ne chantez pas la mort » et tu railleras cette « camarde » qui t’a rattrapée :
« La mienne n’aura pas, comme dans le Larousse, un squelette, un linceul, dans la main une faux. Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse, En voile de mariée elle aura ce qu’il faut… « Requiem » de Mozart et non « Danse Macabre » (Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns) La Mort c’est la beauté, c’est l’éclair vif du sabre, c’est le doux penthotal de l’esprit et des sens… »
Nous restons là, ceux que tu aimes et ceux qui t’aiment, ta famille d’abord, tes proches et tes amis parmi lesquels tes compagnons de route et puis Richard, Françoise, José et d’autres qui ne peuvent se résoudre à l’inéluctable. Alors on va t’écouter, Fifi, et par-delà les vents contraires, au-dessus des ondes tumultueuses de la vie, te rejoindre dans la musique et continuer à te faire vivre.
Danielle Dufour-Verna