DES HOMMES EN DEVENIR (La Criée, Marseille)
d’après le roman de Bruce Machart
Mise en scène et Adaptation de Emmanuel Meirieu
Costumes de Moira Douguet
Musique originale de Raphael Chambouvet
Lumière, décor et vidéo de Seymour Laval et Emmanuel Meirieu
Production : Bloc OpŽratoire
Avec Stéphane Balmino, Jérôme Derre, Xavier Gallais, Jérôme Kircher et Loïc Varaut
Présenté du 8 au 10 novembre au TNM La Criée (Marseille)/Durée 1h40
À La Criée, la glaçante autopsie des chiens écrasés
« Etre un homme accompli c’est faire l’expérience du manque. » La dernière tirade Des hommes en devenir que La Criée a heureusement invité à glacer ses planches se place dans la catégorie des chefs d’œuvre contemporains.
L’adaptation et la mise en scène d’Emmanuel Meirieu aux multiples casquettes de centres dramatiques nationaux donne de prime abord la sensation d’un spectacle minimaliste. Et plus le temps passe, plus les inventions scénographiques et la puissance de chacun des maux qui parcourent la pièce poussent le spectateur dans le gouffre du maximalisme des mots.
Tour à tour Stéphane Balmino (dit Soiffard), Jérôme Derre (Tom), Xavier Gallais (Ray), Jérome Kircher (Vincent), Loïc Varaut (Mané) crient une douleur palpable au souvenir d’un enfant, un ami ou un amour disparu. Pour eux le manque, l’impossible à transmettre, est comme une famine.
Le journaliste s’attardera sur Ray, qui à travers son texte sur le Reader’s Digest nous rappellera que la revue traduite en toutes les langues est l’archétype du média qui a servi le plus efficacement de vecteur à la propagande américaine en transformant en extraordinaires des hommes et des histoires ordinaires : une apologie du chien écrasé, genre mineur qui porte en lui les détresses les plus palpables du genre humain. L’autopsie se fait sous nos yeux, et, obsession, on a l’impression de voir Donald Trump en sous-impression lorsque la bêtise nous hérisse le dos et la chair.
En permanence l’humanité pointe son nez même si on a parfois tendance à vouloir baisser les bras devant tant de noirceur qui se penche vers un gouffre sans fin et sans fond. Heureusement la tendresse finit par vous envelopper, cette tendresse qui donne encore envie d’aimer, de choyer, d’envelopper dans des bras chauds ce qui transparaît toujours quand enfin on sent que tout est avoué sans fard et sans retenue.
Une si belle passion pour l’humanité remplie de l’énergie de l’espoir. On comprend « qu’être un homme accompli c’est faire l’expérience du manque ». Jean Kehayan
Photo de Une: Xavier Gallais © Pascal Gely
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