Il Barbiere Di Siviglia à l’Opéra de Marseille
Un Barbier qui ne rase pas gratis
Du 6 au 15 février était donné avec grand succès à l’Opéra de Marseille Il Barbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini dans la mise en scène de Laurent Pelly en coproduction avec le théâtre des Champs Elysées, l’Opéra National de Bordeaux et les Théâtres de la Ville de Luxembourg.
A la baguette, le Maestro Roberto RIZZI BRIGNOLI, très content de reprendre cet opéra qu’il a dirigé maintes fois, un opéra qui est tout sauf simple : il maintient une ligne musicale pure, propre et dynamique.
Écrit à 20 ans, en 20 jours, le Barbier de Séville reprend l’argument de Beaumarchais : il nous raconte l’histoire du Comte Almaviva. Ce dernier, lors d’une sortie à Madrid, a entrevu une jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Décidé à la retrouver, il se rend à Séville, se faisant appeler Lindoro pour passer incognito. Rosina, la fameuse jeune fille, est quant à elle la pupille de Bartolo, un vieux barbon qui veut en faire son épouse. Mais, l’Amour triomphera grâce à la complicité de Figaro, le barbier factotum.
Loin de nous plonger dans une Andalousie de carte postale, la mise une scène, ardue et pleine de poésie, de Laurent PELLY nous « montre » la musique qui, chez Rossini, est extraordinaire, pleine d’énergie et de folie. Les personnages, sans âge, de noir vêtus, incarnés par les artistes, se déplacent au cœur de partitions géantes posées çà et là sur le plateau comme si les notes s’en étaient échappées : le dispositif permet ici de mettre la musique en avant pour notre plus grand plaisir.
Côté distribution, voici un plateau sur mesure pour servir cette partition aux tubes intergalactiques, si complexes, du panthéon de l’art lyrique, le tout chanté dans un très bel italien qui fait plaisir à entendre.
Le ténor Philippe Talbot est un comte amoureux auquel les acrobaties vocales voulues par Rossini ne font pas peur et qui s’emballera dès la scène de la sérénade. Mirco Palazzi, Basilio, nous offre un air de la Calomnie hors norme, tout en intelligence et vice, où chaque mot, chaque syllabe sont pensés. Pablo Ruiz est un Bartolo très présent et Annunziata Vestri campe une Berta drôle et enrhumée. Le baryton marseillais, Mikhaël Piccone, ouvre l’Opéra et n’en finit pas de nous donner envie de le revoir.
Escorté par le chœur d’hommes de l’Opéra de Marseille, tout ce petit monde s’agite tout autour d’un Figaro d’anthologie (timbre, jeu, sens comique : tout à la perfection…) : ce dernier méritait à lui seul que l’on assiste à la représentation. Il est campé avec gouaille, force et humour par Florian SEMPEY, tatouages aux bras, tresse retombant dans le bas du dos. Mais ce serait oublier la superbe Stéphanie d’OUSTRAC que nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé en Rosina, piquante, charmante, au chant précis et au jeu formidable. Leur duo « dunque io sono » recevra une ovation du public.
Une belle soirée pleine d’énergie qui a tenu toutes les promesses de cette partition phare du bel canto.
Emeric Mathiou
Opéra-bouffe en 2 actes
Livret de Cesare STERBINI d’après la pièce de théâtre de BEAUMARCHAIS
NOUVELLE PRODUCTION
COPRODUCTION Opéra de Marseille/ Théâtre des Champs-Élysées/ Opéra National de Bordeaux / Théâtres de la Ville de Luxembourg
Décors réalisés dans les ateliers du Grand Théâtre de Bordeaux Costumes réalisés dans les ateliers de l’Opéra de Marseille
Direction musicale Roberto RIZZI BRIGNOLI
Mise en scène, décors, costumes Laurent PELLY
Scénographe associé Cléo LAIGRET
Costumier associé Jean-Jacques DELMOTTE
Lumières Joël ADAM
Rosina Stéphanie D’OUSTRAC
Berta Annunziata VESTRI
Comte Almaviva Philippe TALBOT
Figaro Florian SEMPEY
Bartolo Carlos CHAUSSON / Pablo RUIZ
Basilio Mirco PALAZZI
Fiorello Mikhaël PICCONE
Un Ufficiale Michel VAISSIERE
Ambroggio Jean-Luc EPITALON
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille
Photos: Christian DRESSE