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Inauguration réussie du 8ème lever de Rideau avec Blanche Neige au Divadlo

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En attendant la prochaine création « maison » du Divadlo, Le Petit Chaperon Rouge, version marionnettes, qui se jouera les 14, 21 et 28 mars à 14H30, retour sur Blanche Neige.

 A l’occasion de l’inauguration de son festival de marionnettes annuel, 8ème lever de rideau, le 23 février dernier, le Divadlo Théâtre présentait sa dernière création jeune public : « Blanche Neige », des frères Grimm, dans son texte originel.

Un parti pris voulu par Bernard Fabrizio, metteur en scène, et Claire Pantel, son acolyte, comédienne-conteuse et manipulatrice d’objets. Un travail fin et délicat dans lequel le théâtre d’ombre et de papier, le jeu d’acteur et le conte font bon ménage. Une création réussie qui a conquis les enfants et les parents.

Blanche Neige et le Chasseur

Blanche Neige et le Chasseur

Blanche Neige, qui ne connait pas la trame de ce conte initiatique aux multiples adaptations ?

C’est l’histoire d’une belle jeune fille à la peau diaphane et aux joues rouges, à la chevelure noire de jais, dont la marâtre, reine du royaume, épouse d’un père absent, jalouse la beauté. Elle multipliera les artifices pour tenter de tuer la pauvre enfant, tout d’abord en demandant au chasseur d’en rapporter le cœur mais ce dernier ne pourra se résoudre à la tuer et la princesse perdue dans le bois trouvera refuge chez les 7 nains.

Par deux fois, elle se transformera en vieille marchande avant d’enfiler les oripeaux d’une paysanne : elle lui proposera des lacets pour serrer son corset à lui en couper le souffle, un peigne empoisonné pour ses cheveux qui la fera s’évanouir, puis enfin une pomme dont la moitié rouge a été empoisonnée et que la jeune femme croquera avant de s’endormir pour l’éternité. Les 7 nains qui par deux fois ont réussi à sauver la belle lui construiront un cercueil en verre qu’ils déposeront sur le sommet d’une colline afin que tous puissent en admirer la beauté.

C’est alors que le prince charmant arrive : amoureux de la belle endormie, il en fait déplacer le cercueil, un des porteurs trébuche sur une racine et le morceau de pomme se déloge de la gorge de la belle qui s’était étouffée avec. Réveillée, Blanche Neige épousera le Prince ; la marâtre, quant à elle, confondue, est « condamnée à danser avec des souliers de fer chauffés au rouge, jusqu’à ce que mort s’ensuive ».

Blanche neige chez les 7 nains

Blanche Neige chez les 7 nains

Une adaptation qui suit à la lettre le texte original et l’esprit du conte originel

Ici point de baiser salvateur, point de fioritures pour atténuer la cruauté du conte : de la naissance de Blanche-Neige à la mort de la marâtre craignant la vieillesse en passant par l’arrivée du prince, la couleur rouge du sang est omniprésente, symbolisée par un subtil jeu de lumières rouge vif alternant avec un bleu dur, symbole de la froideur d’âme de la marâtre lorsqu’elle apparait, en ombre chinoise, interrogeant jalousement son miroir magique sur sa beauté : à l’instar de Narcisse qui se noie à force de s’admirer, elle mourra à cause de sa vanité.  

Le jeu d’ombre imaginé pour la scène du miroir est ici magnifiquement mis en scène : l’obscurité qui entoure la marâtre, rivale de sa belle-fille, et l’ombre mouvante projetée du miroir, concourent à révéler notre côté obscur, cette part d’ombre et de mauvaiseté qui gît au fond de nos âmes, à laquelle chacun peut succomber, tout comme Blanche neige crédule succombera par trois fois aux tentations proposées par la vieille femme dont elle ne se méfie point, poussée par un secret désir. Seuls les moments où la princesse se retrouve avec les nains, ses protecteurs, offrent des temps de répit baignés dans une douce lumière aux tons ocre et pastel.

Un choix de couleur judicieux qui accompagne tout en subtilité le récit de ce conte œdipien, un récit qui reprend les mots des frères Grimm car le texte n’est ici point édulcoré et les termes de cœur, sang et mort, résonnent avec force. Ils ponctuent ces trois temps du passage de l’enfance innocente à l’âge adulte (symbolisé par le mariage), en passant par la puberté et l’éveil à la sexualité, l’apprentissage de l’humilité par le travail et du contrôle de ses passions par l’usage de la raison (maturité).

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La marâtre et son miroir

Distanciation bienvenue et double lecture

La version contée mêlant jeu d’acteur et théâtre d’ombre et de papier est ici bien vue : la forme choisie permet une distanciation nécessaire par rapport à la cruauté du récit sans pour autant tomber dans le pathos, le spectateur se prend d’empathie pour la petite figurine de papier aux joues rouges, à laquelle il peut s’identifier. Cette création suscite ainsi catharsis mais également réflexion grâce à la double lecture qu’elle offre au public.

Car si l’enfant est émerveillé par la féérie des jeux d’ombres et de lumière, bercé par la douceur de la voix de la narratrice, subjugué par les bras allongés de la méchante marâtre, amusé par la ribambelle de nains aux caractères si distincts (bravo à Claire Pantel pour son travail sur les voix des personnages), l’adulte sera sensible à la subtilité de la musique, au travail d’acteur étonnant, à la mise en scène réglée comme du papier à musique, finement ciselée, tout en beauté et poésie.

Le spectateur y trouve sans conteste son compte tant du point de vue de la réalisation et interprétation indéniablement de qualité que du sens de ce conte universel riche en enseignements qui ne mésestime pas la complexité de l’âme humaine, son clair-obscur. Le bon prince en tant qu’il est dépositaire de l’autorité condamne ainsi sans état d’âme la marâtre à une mort atroce et toute aussi cruelle que le sort qu’elle réservait à Blanche Neige, une punition à mi-chemin de la vengeance et de la justice.

Le grand intérêt de cette adaptation réside en ce qu’elle ne propose pas une version manichéenne du conte, mais qu’elle en montre toute la complexité. Ses personnages (en dehors de la marâtre) ne sont ni blancs ni noirs mais dans une nuance de gris comme tout un chacun, et ce, même s’ils tendent à vouloir pencher vers le Bien à l’instar des nains et de l’héroïne.

Ceci dit, c’est un long et difficile chemin à parcourir pour atteindre cet idéal platonicien à l’image de l’allégorie de la Caverne où l’accès à la connaissance est parsemé d’embûches, empêché par ce que nous croyons être connaissance et vérité.  

Et pour finir en beauté

Cette belle création fut suivie de la présentation publique de trois petites formes des élèves de la formation de marionnettes de la compagnie du funambule : trois marionnettistes talentueuses, trois marionnettes sur table, à pince, présentant une vieille femme qui cherche un carrossier pour sa vieille carcasse, une gargouille attachante, mi chat-mi chien, curieuse du monde qui l’entoure et une jeune femme à la langue bien pendue qui revendique le droit à la révolution marionnettique, se rebiffant contre sa créatrice. Un moment drôlissime.

In fine, ce furent trois univers originaux, trois petites histoires décalées et drôles, qui ont conclu avec bonheur la soirée d’inauguration du festival de marionnettes du Divadlo. Vivement l’année prochaine pour de nouvelles découvertes marionnettiques ! Diane Vandermolina

Copyright photos: Divadlo

Retrouvez notre interview de Bernard Fabrizio pour MProvence.com https://www.rmtnewsinternational.com/2018/03/interview-mprovence-com-festival-de-marionnettes-du-divadlo-8eme-edition/

Plus d’infos sur le Divadlo et les prochains spectacles : https://www.divadlo-theatre.fr/PETIT+CHAPERON+ROUGE_7519.html

Rmt News Int • 10 mars 2018


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