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Retour de scène : Sacrilège

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Deux mini-opéras présentés au Toursky le 21 octobre dans le cadre de Musiques Interdites

Entre « Sancta Susanna » de Hindeminth et « Sodome et Gomorrhe » de Hartmann, notre coup de cœur va au premier opus présenté. Car à choisir entre un mini opéra d’inspiration vériste, avec ses accents lyriques et ses envolées puissantes, et un mini opéra plus contemporain, notre cœur penche vers le vérisme. Hindeminth fut une révélation et nous saluons Michel Pastore pour cette découverte.

Chrystelle Di Marco nous a également régalés de son interprétation de Susanna dans « Sancta Susanna » : elle a su incarner avec passion et générosité, tant dans la gestuelle (notamment au niveau des mains) que dans les modulations vocales, ce personnage de nonne dévouée à la religion qui se découvre femme et veut s’unir avec la représentation de Jésus. En dépit d’une orchestration trop forte -l’orchestre en fond de scène dirigé par J-P Dambreville, un chef de talent, joue trop puissamment, couvrant par moments le joli timbre de voix de la soprano-, et d’un placement sur le côté de la scène de cette dernière,- guère idéal pour les vocalises, surtout lors du contre ut final qu’elle chante la tête recouverte d’un voile noir-, elle a su offrir une prestation de très belle qualité. Lucie Roche n’était pas en reste et son mezzo puissant a ravi le public venu en nombre découvrir ces deux opéras performances. Le chœur Regina et Patricia Schnell ont joliment complété la distribution.

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La mise en scène, signée Gonzalo Borondo, se rapproche plutôt d’une mise en espace que d’une mise en scène à proprement parler. Certes, le jeune homme est avant toute chose scénographe et plasticien : cela se ressent dans la proposition artistique qu’il a offerte au spectateur. Un barbelé de fils aux mailles serrées borde l’orchestre, avec une ouverture en son milieu, symbole de la déchirure qui étreint Susanna écartelée entre son devoir de religieuse et son désir de vie, voire du trouble de l’Archange assistant à la plus pitoyable des fins du monde dans « Sodome et Gomorrhe ».

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Une très belle idée quelque peu « gâchée » par une mise en lumière chiche de la scène : c’est à peine si nous distinguons les artistes sur scène, notamment dans « Sancta Susanna ». En dehors de quelques trais de lumière rouge au sol éclairant faiblement les personnages, l’obscurité est reine, pour mieux laisser place à la vidéo-projection. La création vidéo, illustrant le discours de Sœur Klementia et de Susanna, n’est pas sans rappeler les films des années 30, voire dans certains mouvements les films d’horreur japonais avec leurs personnages à la longue chevelure noire couvrant leur visage: de belle facture, elle est pourtant trop présente. Quant au live painting réalisé sur « Sodome et Gomorrhe », un arc de triomphe peint en noir et blanc, qui se dessine au fil du mini opéra, il permet d’éclairer le jeune baryton, Antoin Herrera Lopez Kessel. Ce dernier, danseur et chanteur, offre une prestation honnête qui a su séduire le public.

In fine, cette création nous a permis de découvrir un compositeur méconnu et c’est bel et bien l’objet du festival Musiques Interdites que de redonner vie à des compositeurs de talent mis au ban par les Nazis. Elle nous a également offert de rencontrer une jeune soprano talentueuse, qui maîtrise autant le chant que le jeu ! Nous avons hâte de la revoir dans sa prochaine création. DVDM

Copyright photos: Candice Nguyen

Rmt News Int • 3 novembre 2018


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