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Avec son ‘BARBOUILLOT D’PAIN SEC’, Michel BOUTET met l’eau à la bouche

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Salle Léo Ferré du Théâtre Toursky ce 15 janvier 2019. A voir l’affiche sans –je l’avoue- m’y être attardée, et pour avoir entendu tout le bien qu’on disait de ce monsieur sans –je l’avoue- y avoir prêté plus attention que cela, j’imaginais commencer mon article, si le spectacle était à la hauteur, par : « C’est l’histoire d’un mec… » . Eh bien non !

Si Michel Boutet manie les mots avec l’adresse et la subtilité des meilleurs humoristes, il possède la finesse, la délicatesse, la fraîcheur des poètes.

Sur scène, deux chaises et un bonhomme pour, en deux petites minutes, ravir les soucis de ton esprit fatigué, chiper totalement ton attention, dérober les quelques réflexions qui, bon gré mal gré, pourraient encore trotter dans ta tête, et te transporter avec lui dans cette France rurale que nous, citadins, n’imaginons presque plus.

De la poésie comme on boit aux fontaines…

Le jour, pâle encore, se lève avec lui sur une terre fumante qu’une légère brume recouvre sans la toucher, l’odeur de l’humus, celle de la terre fraîchement retournée. Puis ce sont les bruits des verres qui s’entrechoquent dans ce bar de village dont j’imagine les vitres givrées recouvertes de la buée de l’haleine de ces paysans qui se lèvent matin pour aller aux champs. Bientôt, le son des cloches et la femme à Fernand –mais qu’importe le nom- qui transporte à mi-voix les ragots de la veille. Au Bistrot du Bar, régulièrement transformé en salon philosophique, on parie sa paire de bretelles que la fin du monde est pas pour demain… ou qu’elle a déjà eu lieu et qu’on n’a pas fait attention ! Pendant ce temps-là, Raoul Pigot promène sa jument Jean-Louis, en glosant sur les avantages d’un voyage à Lourdes et les inconvénients des boites en plastique.

Avec un brin de férocité, énormément de tendresse, des sourires, du rire, de l’émotion même et un fabuleux accent du terroir, les portraits que Michel Boutet nous révèle dans « Barbouillot d’pain sec » donnent à voir le monde sublime et dérisoire des gens, ces drôles de zèbres qui affirment ce qu’ils ignorent, ou inversement, mais s’émeuvent toujours en bougonnant. Mais, au fond, ces gens-là n’ont-ils pas tout simplement conservé ce ‘bon sens’ qui nous fait cruellement défaut ? Et ce semblant de méchanceté est-il plus impitoyable que l’égoïsme, la solitude et le manque de fraternité qui semble être le lot commun de tant de nos concitoyens ?

Ce comédien-chanteur-auteur nous entraine avec lui dans des voyages dont on revient purifié et heureux, un peu comme des enfants qui foulent à nouveau l’herbe des pâturages et s’en reviennent les joues rougies par le bon air, les souliers crottés mais les yeux pleins d’étoiles.

Le succès, naturellement, est au rendez-vous et les spectateurs ont applaudi à tout rompre.

C’est délicieusement neuf, fabuleusement bien ficelé, habile et efficace. Voici qui pourrait donner des idées à beaucoup d’humoristes et raconteurs de fadaises qui se croient obligés de musarder sous la ceinture pour provoquer l’enthousiasme du public !

A bon entendeur, salut !

Danielle Dufour-Verna

Texte et jeu : Michel Boutet
Mise en scène : Jean-Louis Cousseau

Création lumière : Pascal Gaudillière
Musique de scène : Patrick Couton

Chansons :

« Papier tue-mouches » (Michel Boutet – Romain Didier) , « Rue Croix-Biche » (Michel Boutet) et « L’Homme de Brive » (Jean-Max Brua) 

Rmt News Int • 21 janvier 2019


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