Retour sur le récital de Vladik Polionov, pianiste, au Toursky
Un récital inoubliable…
Après les débuts tonitruants des ex-semyaniki présentant leur dernier spectacle frappadingue Lodka dans une mise en scène inventive de Sergey Bizgu, pour une ouverture de la 24ème édition du Festival plébiscitée par un public venu en masse, le plus grand festival russe hexagonal accueillait le 12 mars dernier le pianiste originaire de l’Oural Vladik Polionov pour un récital présenté comme tableaux et paysages de Russie à travers des œuvres de Serge Rachmaninov et Modest Moussorgsky.
Ce récital unique de ce pianiste titulaire du premier prix du Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou résidant à Marseille depuis quelques années permettait d’écouter trois préludes puis les six moments musicaux de Rachmaninov en première partie avant de retrouver les tableaux d’une exposition de Moussorgsky.
Le soliste se livre à un exercice rare ici. Il présente chaque pièce jouée dans un français impeccable et choyé. Il décrit avec un zest d’humour et malice l’atmosphère et l’histoire des pièces. Un régal !
Dans ce haut lieu de la culture populaire phocéenne, on aime cette forme de concert qui épouse totalement l’idée d’éducation populaire. Excellent orateur, on pourrait l’écouter des heures racontées la genèse et les anecdotes liés aux pièces musicales.
Lorsqu’il se met au piano, un magnifique steinway de concert, il offre un jeu riche en palettes musicales qui en fait un interprète hors pair. Mains gauche et droite sont juste époustouflantes. Aucun doute, Vladik Polionov est bien le fruit techniquement et musicalement de cette école russe pianistique.
Rappelons que c’est François Adrien Boieldieu, le Mozart français qui a structuré les premières écoles musicales en Russie.
Moins connu que ses compères Boris Berezovsky, Nikolai Lugansky ou Evgueni Kissin, Vladik Polionov n’a pas son pareil pour faire chanter son instrument.
On croit entendre dix pianistes en un. Après les concerts donnés par Konstantin Lifschitz et Marc André Hamelin dans cette salle prisée des musiciens et comédiens, il est l’un des meilleurs interprètes entendus ici.
On rêve de l’entendre dans les concertos de Mily Balakirev ou de Serge Bortkiewicz dans le cadre de ce festival. Est-ce un rêve vain ?
Ovationné par un public charmé, il livre deux bis permettant de découvrir la baba yaga de Tchaïkovsky quasi injouable et un poétique prélude de Rachmaninov.
On en redemande !
Éric Gilles.
Notons que ce festival à ne rater sous aucun prétexte se poursuit jusqu’au 22 mars.
Pour en savoir plus : www.toursky.fr
Copyright photo: Candice N Guyen