A voir : BETúN (avignon off 2019)

A 18h55 jusqu’au 28 juillet au Théâtre des barriques 8, rue Ledru Rollin 84000 – Avignon/  +33 (0)4 13 66 36 52

Betún est un enfant de la rue parmi tant d’autres en Amérique du Sud. Il n’a rien, n’y personne à qui s’accrocher, et est seul face aux vicissitudes la vie, invisible au regard des autres.

Cette création du Teatro Strappato s’inspire du vécu des enfants travailleurs de la rue en Bolivie et nous raconte une fable de notre temps qui pourrait commencer par : «  Il était une fois dans la rue… ». Le personnage n’est pas un héros : il est juste Betún et c’est à nous de le suivre dans ses rêves et sa réalité, sa vie quotidienne dans la rue où il joue et travaille.

La naissance, voici comment commence ce spectacle de masques : cette naissance ne se déroule pas dans un hôpital, mais dans la rue. Le corps de la mère est matérialisé par un sac poubelle, duquel Betún sort petit à petit. Autour de lui, il n’y a que des sacs poubelles et rien d’autre : le ton est donné !

La scène est petite : cela permet au spectateur de ressentir plus fortement cette atmosphère pesante et dure qui accompagne ce récit poétique de la vie du personnage. La musique joue un rôle prépondérant dans cette création, accompagnant subtilement le récit à l’image de la Sonate pour piano et clarinette op. 167 de Camille Saint-Saëns qui accompagne ses rêves.

Le jeu des deux comédiens est techniquement irréprochable et tous deux s’investissent totalement dans leur personnage avec une belle maîtrise du jeu masqué. Les acteurs dialoguent avec le public sans mots, seulement des gestes. Les mots sont ici inutiles.

Nous réalisons la difficulté de la vie de ce petit être, qui  va rencontrer durant son périple plusieurs personnages qui n’auront aucune sympathie vis-à-vis de lui. Malheureusement c’est ce qui arrive quand vous êtes né du mauvais côté de la barrière.

Voici un chef d’œuvre, avec un usage très fin du jeu masqué et une magnifique transmission des émotions par les comédiens. Cette pièce qui sonde la vie et l’oppression vécues par les enfants de rue est à ne surtout pas rater.

Benoit Bertrand Corso

Mise en scène : Vene Vieitez/ Avec : Cecilia Scittore et Vene Vieitez/ Masques : Cecilia Scrittore et Vene Vieitez