Le OFF Tête d’Affiche
AVIGNON du 5 au 28 Juillet 2019
C’est au OFF qu’il faudrait être
Quand les cigales chantent, que les rues grouillent de culture partagée, Avignon commence à danser. Partout les terrasses des cafés s’animent, il y a comme un bruissement continu de nouvelles colportées de table en table. On s’invite. On tend l’oreille pour choisir ‘les’ spectacles qu’il faut voir à tout prix. Les saltimbanques ont le cœur à la fête. Cet été, en juillet, c’est le début des agapes! Car si le festival In d’Avignon –les spectacles subventionnés– démarre le 4 et se termine le 24 juillet, c’est au OFF qu’il faut être ! Aujourd’hui, il est vrai, la frontière entre les deux festivals n’est plus étanche. Hormis quelques irréductibles, nombre de festivaliers prennent des places dans l’un et dans l’autre. Du 5 au 28 juillet, Avignon est un immense Théâtre et la culture ballade dans les rues, souffle sur la ville, enjambe les remparts, déborde sous les ponts de ce fleuve majestueux et tranquille. Oui, c’est au Off qu’il faut être en priorité. Les compagnies sont de plus en plus fragilisées sur leur territoire car elles ont de moins en moins de représentations. Pour exister, les artistes ont besoin de jouer. Donc, ils viennent en Avignon, là où ils peuvent montrer leur travail. Cette année, le « off » cumulera des centaines de représentations. C’est dire que le choix est vaste mais cela montre que la culture est vive, éclatante, brillante, qu’on ne peut la bâillonner sous peine de sanctions pour ceux qui s’y risquent. Le Festival OFF d’Avignon, c’est la preuve d’une vitalité culturelle de haut niveau que l’Etat doit absolument subventionner pour que la liberté fleurisse encore dans notre beau pays.
Quelques pistes
Tout en laissant le choix du spectacle, il nous parait judicieux de susciter l’envie avec quelques pistes, toutefois non exhaustives car seuls cinq sur plus de cent théâtres sont cités :
-‘Cyrano’ d’après « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand par la Cie Miranda. Après 200 dates, en France et à l’étranger, de son Dom Juan… et les clowns (à partir du Dom Juan de Molière), mis en scène par Irina Brook, la Compagnie Miranda plonge cette fois-ci dans le mythe de Cyrano de Bergerac, autre chef-d’oeuvre de notre littérature théâtrale.
-‘Déglutis, ça ira mieux’ de et mise en scène par Andréa Bescond et Éric Métayer. Sans-doute un des évènements du festival. Après le triomphe des Chatouilles ou la danse de la colère, spectacle créé en 2014 à Avignon, Andréa Bescond et Eric Métayer reviennent avec une nouvelle création qui rend hommage au courage de l’être humain.
-‘Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins’ avec Salvatore Caltabiano sur une mise en scène de Serge Barbuscia. Vivez une plongée euphorisante dans les profondeurs abyssales du sentiment amoureux. L’humour et l’imaginaire follement décalés de Matéi Visniec vous embarquent pour une heure d’infinie tendresse…
-‘Inoubliable Sarah Bernhardt’ avec Geneviève Casile, sociétaire honoraire de la Comédie française
-‘J’entrerai dans ton silence’ : Poignant et sublime. « À tous ceux qui ont tenté de m’emmurer vivant dans mon silence de mort à jamais[…] je dis non. Non je n’ai pas été trop aimé par ma mère. J’ai été aimé. Et j’ai aimé en retour. »Extrait de «L’Empereur, c’est moi» de Hugot Horiot
…. « J’ai 3 ans, je ne parle pas, et vous n’entendrez aucun mot sortir de ma bouche »….
-‘Looking for Beethoven’ de Pascal Amoyal, avec Pascal Amoyal
-‘Suite Française’ d’après le roman ’Irène Némirovsky – prix Renaudot – Editions Denoël dans une mise en scène de Virginie Lemoine. 1941 : l’Allemagne envahit la France. Dans un village de Bourgogne, Madame Angellier, dont le fils unique est prisonnier de guerre, se voit contrainte d’accueillir chez elle un officier de la Wehrmacht, le séduisant Bruno von Fal.
Théâtre de la Bourse du Travail CGT :
–à 19h – ‘MAWLANA’ : FABULEUX, à Voir Absolument. Cette tragicomédie en dialecte arabe damascain (sur-titrée en français) est un hymne à la liberté universelle.
« Dans un tourbillon de liberté : Rien n’y semble impossible, et c’est bien là la force du spectacle (…) Le comédien d’abord, Nawar Bulbul, qui se glisse en un quart de seconde dans la peau d’une dizaine de personnages, passant du rire aux larmes, de l’apaisement à la haute tension, de la haine à l’amitié profonde, de la froideur d’un homme à la sensualité d’une femme. La mise en scène est magique. La Compagnie La Scène Manassa, a été fondée à Aix-en-Provence en 2018; elle a pour vocation le dialogue démocratique multiculturel et inter-générationnel et la lutte pour la liberté universelle d’expression et de penser. .
–‘All’arrabbiata’ cabaret satirique. . On y parle de la pauvreté, de la difficulté à se positionner et s’engager, des clivages sociaux, de la grande industrie, de la solidarité, de la répartition inégale des ressources, des discours des politiques, de l’impossibilité à chambouler un ordre établi….
– ‘Tio, itinéraire d’une enfant de Brassens’ avec l’exceptionnelle et délicieuse Christina Rosmini et ses musiciens qui tisse à partir de la plume de l’artiste et de l’héritage qu’elle en a reçu, une histoire singulière et personnelle sur trois générations. Ce spectacle musical retrace le parcours d’une fille d’ouvriers venus d’Espagne, d’Italie et de Corse que Tonton (Tío) Brassens a « élevés » en leur donnant accès à une œuvre d’une portée universelle : populaire mais exigeante, poétique, drôle et profondément humaine.
–Enzo-Enzo et Laurent Viel, à chacun sa famille Avec Enzo-Enzo, Laurent Viel et Thierry Garcia ‘’La Provence : C’est joyeux, rythmé, plein d’humour et d’attendrissement. Bref un joli spectacle, tout en finesse.
Dimanche Vaucluse : Le public rit et swingue, enchanté. C’est plus qu’un récital, c’est déjà du Théâtre ! ‘’
Théâtre du Chien qui fume :
-‘Ubu roi’ Barbare et burlesque, la pièce est radicale, inventive, en rupture, autrement dit définitivement moderne.
-‘Sois un homme mon fils’ de Bouchta et Richard Martin, avec Bouchta, « la cage aux folles » version coucous, à pleurer de rire. Une véritable bouffée de rire et d’humanité.
Théâtre de l’Essaïon : ‘La Grande petite Mireille’ : souvenir du « petit Conservatoire de Mireille’ à la télévision. Il n’en fallait pas plus pour se pencher sur le grand Music-hall de la belle époque !
Théâtre Les 3 soleils :
-‘Vipère au poing’ d’après Hervé Bazin, l’un des plus grands romans de la littérature française, pour la première fois au théâtre.
-‘Proust en Clair’. Jacques Mougenod raconte et dit Proust pour les fans et les profanes.
-‘Les funambules’ avec Alexandre Brasseur. Hiver 43 en France. Malgré la dangerosité ambiante, un quatuor magique va se former à deux doigts des réseaux clandestins : Prévert, Carné, Trauner et Kosma. Quatre amis, quatre artistes, quatre génies. Ensemble, dans le plus grand secret, ils vont écrire, en six mois, Les Enfants du paradis. Ensemble, ils vont collaborer dans la clandestinité.
Théâtre de l’Oulle :
-‘ Guappecarto’ Musiques tziganes et traditionnelles du Sud de l’Italie. Guappecarto est un quintet de musiciens italiens à l’univers sensible et puissant. Né dans les rues et les cafés-concerts d’Italie, le groupe s’est consacré aux musiques tziganes et traditionnelles du Sud de l’Italie avant de composer son propre répertoire, ouvert et nourri aux musicalités méditerranéennes. Un violon, un accordéon, une guitare, une contrebasse, des percussions. Les Guappecarto jouent comme ils vivent, avec cette spontanéité, cette générosité, cette classe italienne, un côté cabaret-punk d’un autre temps que Fellini aurait pu filmer
En conclusion
Il appartient au festivalier de se faire une opinion et d’effectuer un choix car il est évidemment impossible de voir tous les spectacles. C’est cela qui fait tout le piment du OFF : s’engouffrer au hasard des ruelles – c’est là que commence le spectacle– chercher, fouiner, lire, voir, entendre, parler avec les acteurs qui sillonnent les rues, s’extasier… En un mot, découvrir, boire à la source et partager…
Qu’il soit IN, OFF ou les deux, vos choix ne peuvent qu’être pertinents car c’est de qualité qu’il s’agit en Juillet en Avignon. www.avignonleoff.com
Danielle Dufour-Verna
Photo de Une : Claire Rodriguez OFF 2018
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