Du fond des âges, chants sacrés d’Orient par Fanny Perrier-Rochas
Vu le 16 juillet à la CHAPELLE DE L’ORATOIRE 32, rue Joseph Vernet 84000 – Avignon
Fanny Perrier-Rochas, jeune chanteuse venue au chant alors qu’elle élevait ses brebis dans les Hautes Alpes, proposait à l’occasion du festival d’Avignon un voyage en terre mésopotamienne avec des mélodies orientales vieilles de plus de 2000 ans dans la Chapelle de l’Oratoire.
A cappella, un tambour en main pour rythmer certains chants, la jeune femme a offert un concert de musiques sacrées dans lequel aux chants byzantins et syriaques interprétés en araméen, grec ancien ou langue arabe, elle mêlait quelques-unes de ses créations, poèmes mis en musique -dont un autour de la figure de Vénus née des flots-, accompagnés tantôt à la harpe, tantôt à l’accordéon.
Sa voix résonne dans l’Eglise aux oreilles d’un public disparate et curieux, retenant son souffle. Mais d’où vient cette voix ? Où est la chanteuse ? C’est alors qu’elle entre côté cour, vêtue d’une robe dos-nu noire, un châle rouge négligemment posé sur les épaules, ses longs cheveux noirs de jais entourant son visage souriant. L’enthousiasme fervent de la jeunesse se lit dans ses yeux. L’émoi, la passion, l’ardeur, également. Les mélodies et chants anciens s’enchainent pendant une petite heure, les spectateurs sont happés par ces chants séculaires.
La mise en espace de ce concert a été conçue à la façon « revue de cabaret », avec ses intermèdes parlés et joués par la chanteuse lyrique-meneuse de revue. Hélas, cela tend à nuire à la complète appréciation du concert: point besoin d’expliquer ces chants, encore moins de les illustrer, l’émotion ressentie par le public et transmise par l’artiste suffit amplement à en apprécier la magnificence et la profondeur mystique, que nous soyons ou non croyants. A la limite, la présence d’un danseur et /ou d’une voix off eut été peut être plus judicieuse d’autant plus que sa voix, quand elle disait un poème ou explicitait l’origine d’un chant, avait tendance à s’échapper par la voute de la chapelle*
Plus de sobriété dans la mise en espace, voire même dans le costume de scène, eut conféré un aspect encore plus « liturgique » voire « sacral » à ce concert dont nous avons néanmoins grandement apprécié la qualité de chant de son interprète : forte d’une belle maitrise vocale, sa voix – mélange entre celle de Lisa Gerhart et d’Ofra Haza- passe avec aisance de graves profonds envoutants et puissant à des aigus aériens charmants et subtils, le tout en l’espace de quelques notes. L’amplitude de sa tessiture vocale est ici étonnante.
Autodidacte, la jeune chanteuse s’accompagne seule au tambour et fait preuve d’un talent indéniable : elle sait par de fines modulations de sa voix transmettre la complexité des sentiments portés par ces chants sacrés des premiers chrétiens d’Orient, sans artifices et en toute simplicité. Elle nous a offert en partage un joli moment de joie suspendu dans le temps. Diane Vandermolina
*La disposition des bancs, voire des rideaux en fond de scène, peuvent expliquer ce problème de réverbération de la voix parlée quand elle n’est pas portée.
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