LES BONHEURS DE JIMMY JACKSON : Les Naufragés et la fin de l’homme rouge à la Criée
Deux adaptations de romans qui prennent aux tripes où « face au public, au micro et seuls en scène, des êtres viennent se raconter, brisés, viscéralement humains » comme dans les groupes de parole.
Ces dernières semaines, le théâtre m’a paru dans une forme exceptionnelle ! Oublions la peu convaincante mise à la scène de VIVRE SA VIE, d’après GODARD, de CHARLES BERLING, où rien ne renaissait de la magie d’Anna KARINA…mais à PARIS, quelle jubilation enthousiasmante avec L’ELECTRE DES BAS FONDS de SIMON ABKARIAN, à MARSEILLE, la poésie physique de CENT MÈTRES PAPILLON (TAFFANEL/PULICANI) et… ce 19 octobre, les deux mises en scène d’Emmanuel MEIRIEU à LA CRIEE, Marseille.
Les Naufragés : Témoignage politique et philosophique d’une plongée dans le quotidien des clochards à Paris
d’après le roman Les naufragés – Avec les clochards de Paris de Patrick Declerck/Mise en scène Emmanuel Meirieu/Adaptation François Cottrelle et Emmanuel Meirieu
Étudiant, Patrick Declerck décide de se faire embarquer avec les clochards jusqu’au centre d’hébergement d’urgence de Nanterre. Incognito, en immersion complète, ils part agent leurs nuits… Il suivra les clochards de Paris pendant quinze ans. D’abord comme ethnographe à la Maison des Sciences de l’Homme, puis en tant que psychanalyste à la Mission France de Médecin du Monde, enfin comme consultant au Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre où il a ouvert la première consultation d’écoute destinée aux SDF en 1986.
LES NAUFRAGÉS donnent la parole aux “Clochards” avec une crudité totale aussi vive que l’empathie qui l’accompagne. Statiques, derrière un micro, FRANÇOIS COTTRELLE et STÉPHANE BALMINO nous tiennent captifs et nous bouleversent…
La fin de l’homme rouge : Une plongée dans l’Histoire soviétique racontée par les orphelins de l’URSS
D’après le roman de Svetlana Alexievitch/Mise en scène Emmanuel MeirieuAvec Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grimberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler, André Wilms et la voix de Catherine Hiegel
Pendant quarante ans, Svetlana Alexievitch a parcouru ce pays qu’on appelait l’URSS et enregistré des centaines de témoignages pour écrire ce qu’elle appelle des «romans de voix», œuvres polyphoniques, chorales, symphoniques, faites de ces confessions, tout ce dont la grande histoire ne tient jamais compte, l’histoire laissée de côté, celle des « petits hommes » qui racontent leur petite histoire, également la grande histoire. La Fin de l’homme rouge fait résonner les voix des témoins brisés de l’époque soviétique, voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux, voix magnifiques de ceux qui ont cru qu’un jour « ceux qui ne sont rien deviendraient tout », et sont aujourd’hui orphelins d’utopie.
Le dispositif scénique des Naufragés se multiplie par trois dans LA FIN DE L’HOMME ROUGE, qui raconte justement la fin de l’UTOPIE SOVIÉTIQUE à travers six témoignages ! Bouleversés, nous sommes les marionnettes de cette direction d’acteurs, où tout geste –et/ou absence de geste- paraissent chorégraphiés, où toute intonation répond à une intention musicale. Ce travail si parfait, si sophistiqué, nous conduit aux limites du soutenable! Absolument Hypnotique, c’est au SALO de PASOLINI, que nous renvoie cette adaptation de SVETLANA ALEXIEVITCH. JM
Crédit photo:
Les Naufragés © Pascal Chantier
La fin de l’homme rouge © Nicolas Martinez
Spectacles présentés dans le cadre de l’INVASION! Soviétique à la Criée du 8 au 19 octobre
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