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Don Quichotte en question dans les Universités Populaires
CYCLE ‘DON QUICHOTTE’
Présenté par ANDRE CASTELA et RICHARD MARTIN
‘La gratuité et l’ouverture à tous est le principe fondamental des universités populaires du Théâtre Toursky qui aspirent à renouer avec l’utopie et l’exigence d’une culture pour tous, qui soit vécue comme un vecteur de la construction de soi et d’une identité citoyenne. L’accès au savoir est essentiel et le Toursky le sait, implanté dans des quartiers populaires où il trace, depuis plus de quarante ans, des chemins de culture et ouvre grand ses portes. Rendre la culture et le savoir accessibles au plus grand nombre, une vocation originelle du Théâtre Toursky qui trouve son aboutissement toute l’année, au fil de sa programmation et de ces Universités populaires, moments de rencontres et de partages’.
1e Jeudi 22 janvier 2020 : 1e université du cycle ‘Don Quichotte’
La naissance de Don Quichotte est une rupture, livrant l’accès à un nouveau monde qui va se heurter aux caprices du hasard, de la société, de ses proches (le bûcher de sa bibliothèque).
Dès le début s’engage le dialogue entre le réel et l’imaginaire. Les interférences sont multiples et Don Quichotte tente de chasser leur mystère pour les inclure dans son monde. La chevalerie errante est une référence, une règle, un guide qui explique le chemin de la vie.
Au centre de la scène, la reproduction d’un tableau de Paolo Uccello ‘Tête de prophète’ (1443). Sur chaque côté, des reproductions de tableaux dont Rembrandt et Le Tintoret. Le conférencier nous expliquera avec force détails le choix de ces reproductions face au public. Lucien Castela est universitaire émérite, ancien Conseiller culturel, Scientifique et de coopération près les Ambassades de France en Espagne et en République argentine. En compagnie de Richard Martin, Directeur du Théâtre Toursky, le public de la salle Léo Ferré a bénéficié d’une heure trente de conférence d’une intensité et d’une richesse remarquables suivie d’un débat, entrecoupée de courtes lectures du texte par Richard Martin.
Après avoir longuement détaillé, disséqué, mis en image le passage ‘des moulins’, le débat s’installe. Ce court extrait de la conférence explique à lui seul l’intensité et la diversité et l’intérêt du propos.
A une question du public : « Qu’est-ce qui vous lie, Monsieur Castela, à Don Quichotte ? » André Castela répond :
« Beaucoup de choses ! En particulier l’oppression. C’est pour moi une question fondamentale. Don Quichotte est un être libre. Evidemment, il utilise cette liberté à sa façon. Il fait des quantités d’erreurs, mais il ne faut pas oublier que le livre est une parodie. Parodie cela veut dire un chant qui est à côté, c’est-à-dire : renverser quelque chose pour en montrer la liberté. C’est ensuite l’amour de la langue. Cervantès est un maitre extraordinaire du récit. Savoir comment il arrive à traduire quelque chose. Il y a beaucoup de traductions à l’intérieur de ce texte. Traduction vient du latin Traducere qui veut dire faire passer. Mais attention, le passage modifie. Il n’y a jamais eu une traduction qui soit une traduction véritable. C’est toujours un nouveau produit, qui peut avoir sa beauté, qui peut avoir ses défauts. Quand on dit en Français un mot comme le cheval, si on le traduit par caballo, oui. Mais il peut y avoir vingt autres traductions. Les champs sémantiques ne sont pas les mêmes. Quand les mots correspondent d’une langue à l’autre, il faut bien se dire qu’il n’y a qu’une partie du message qui passe. Et bien souvent cette partie est faible. Je ne vous dis pas quand il s’agit de langues qui ne sont pas issues de la même famille, je pense en particulier aux langues orientales. A ce propos, si vous avez été intéressés par ce que je vous ai dit, je vous recommande les ouvrages de Giorgio Agamben, philosophe italien très bien édité en France car ce sont de petits livres, un en particulier que l’on commentera la fois prochaine sur l’aventure ainsi que le livre de Vladimir Jankélévitch qui s’appelle ‘L’aventure, l’ennui et le sérieux’. C’est également un petit livre très intelligent. »
Pour mieux cerner Don Quichotte, Cervantès et son époque, Le 4 mars 2020, ce magnifique cycle ‘Don Quichotte’ continue, toujours présenté par Lucien Castela et Richard Martin : La grotte de Montesinos.
En attendant, en ce qui concerne les universités populaires, Théâtre Toursky vous donne rendez-vous le 6 février 2020 à 19h pour : « Soigner en milieu psychiatrique » avec Jacques Hochmann, Hélène Fresnel, Roland Gori, Marie-José Del Volgo & Richard Martin
Danielle Dufour-Verna
Théâtre Toursky 16 Passage Léo Ferré – 13003 Marseille Tél 04 91 02 54 54-04 91 02 58 35 www.toursky.fr
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