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Les « Cartons de Noto », Œuvres d’OLEG SUPERECO à la Major jusqu’au 9 février (entrée libre)

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Une exposition d’œuvres gigantesques à découvrir jusqu’au 9 février tous les jours aux horaires d’ouverture de la Cathédrale de La Major (10/17h30) qui conserve en son sein les fameuses reliques de Saint Lazare, objet de pèlerinage de tous les croyants.

Oleg Supereco ou Le Michel-Ange Russe du 21e siècle

Devant un parterre de curieux, en présence de Francesco Neri, le directeur de l’Institut Culturel Italien, d’Alessandro Giovine, le consul d’Italie, Sergey  Molchanov le consul de Russie, du Père Ottonello et de l’artiste Oleg  Supereco, étaient présentées le 27 janvier à la Cathédrale de la Major les dessins préliminaires et cartons qui ont servi à la réalisation de la fresque de la nouvelle coupole de la cathédrale de Noto (Sicile), créés dans un style d’inspiration baroque autour du thème de la Pentecôte.

A Noto, ce sont treize figures monumentales, hautes d’environ six mètres, placées debout sur la corniche de la structure, tendues vers la lumière, qui représentent la scène dans laquelle on découvre Marie, la Mère de Dieu, entourée des douze apôtres, recevoir le don de l’Esprit. A Marseille, on retrouve quelques-unes de ces figures plaquées sur quatre pans murs en position centrale, se faisant face de part et d’autre des bancs de l’immense cathédrale, et quatre autres situées au niveau des coursives de la cathédrale. On y verra la représentation de Marie, mains levées vers le ciel.

Marie et les Apôtres – détails

A Noto, «la coupole d’origine s’était effondrée suite à un tremblement de terre en 1996, rappelle Francesco Neri, et « ce furent 350 mètres carrés de fresque tombés dans l’oubli ». Faisant partie du patrimoine de l’UNESCO, elle fut reconstruite et le Saint-Siège qui avait lancé un appel à projet auprès de plusieurs jeunes artistes peintres a choisi de confier la tâche de la décoration de la coupole à Oleg Superco, alors âgé de 34 ans. C’était il y a douze ans. Le travail fut achevé en 2010 après deux ans de travail préparatoire, la réalisation in situ de la fresque « n’a duré que 5 à 6 mois » précise l’artiste.

Ce fut un travail titanesque requérant précision et patience qui a fait appel à une technique bien particulière. La réalisation d’une fresque demande à travailler chaque détail que ce soit dans le choix des matériaux, plâtre ou chaux, des pigments et de leur mélange, également en amont dans la réalisation des croquis préparatoires et cartons prenant en compte la courbure de la coupole avec les dangers de l’anamorphose….

 «Je n’avais pas droit à l’erreur car la coupole étant incurvée, il fallait que le dessin qui à la base est plat prenne en compte cette courbure : j’ai réalisé une maquette de 1m20 à 1/10ème et utilisé la technique de l’anamorphose en prenant compte de la déformation du dessin posé sous une surface incurvée, selon la place de chaque morceau sur la coupole. » Peinte à une hauteur de 4 mètres et sans réel recul, il faut aller vite car le plâtre sèche très vite. L’artiste, posant les dessins sur le plâtre frais, les passe avec un stylet pointu marquant les lignes principales du dessin, suivant une pratique typique de la tradition vénitienne puis y applique les couleurs  préparées à l’avance mais « le résultat n’est visible qu’à la fin, lorsque l’échafaudage est retiré » explique-t-il.

Les 4 évangélistes

« Le gigantisme des œuvres présentées à la Major reprenant les croquis des Evangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), de Marie et des Apôtres, réalisés  sur carton, est à l’image du gigantisme de la cathédrale marseillaise » souligne le Père Ottonello, séduit par le travail de l’artiste, avant d’ajouter que « Le spirituel est charnel : il est incarné et nous sommes face à la beauté de Dieu telle qu’elle est révélée aux artistes ».  « C’est la fusion entre la force de la création et le patrimoine » rajoute Francesco Neri. « Il y a une symbiose parfaite entre les œuvres et le lieu, précise Alessandro Giovine, cette fresque a été conçue pour durer des siècles ».

La fresque a été pensée selon un précepte grec, où la beauté extérieure est le signe de la beauté de l’esprit  en Art et l’artiste a été inspiré par l’art gréco-romain auquel il a mêlé son goût pour la peinture de la Renaissance dont il était tombé amoureux adolescent. « Mon rêve était d’étudier à Venise, ville de la peinture italienne, et après mes études à Moscou, j’ai réalisé ce rêve (il a été reçu  à l’académie des Beaux-Arts en 1999 après avoir obtenu une bourse ndlr). Et quand le Saint-Siège m’a appelé pour réaliser la fresque, ce fut pour moi une forme de consécration (il était connu pour ses peintures religieuses ndlr) mais ce fut un défi tant le sujet était difficile et sa réalisation complexe pouvait mettre en péril ma carrière d’artiste. Je souhaitais unir la tradition gréco-romaine et italienne mais j’ai également  voulu représenter des apôtres jeunes et vigoureux, à la différence de leurs représentations traditionnelles, pour exprimer l’espoir de la Renaissance ». Citons ici le regard levé vers le haut de Saint Jean « auquel j’ai donné mes traits » achève-t-il.

Saint Jean. Oleg Supereco, au centre, à ses côtés le Père Ottonello, face à la foule.

Nous vous recommandons chaudement cette magnifique exposition qui – au-delà du sujet religieux- est d’une beauté exquise et dont les croquis sont dessinés avec autant de délicatesse que de finesse dans le trait. Une exposition qui emplit l’âme de sérénité. Bravo à l’artiste, homme humble et passionné ! C’est l’occasion également de (re)découvrir la cathédrale de Major sous un autre jour. DVDM

Copyright photo DVDM


Infos pratiques

Adresse : Place de la major 13002 Marseille/ Tél. : 04 91 90 52 87

Rmt News Int • 28 janvier 2020


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