La culture vivante réduite à peau de chagrin
A minima, nous allons vivre quatre mois sans spectacles vivants, ni concerts, ni expositions, ni rencontres littéraires. Aucune manifestation culturelle n’est autorisée pour l’heure et ne doutons pas qu’il faudra probablement attendre début septembre pour pouvoir se dégourdir les sens et retrouver nos artistes en tout poil.
Alors certes, il est toujours possible de voir des captations vidéo de spectacles, de concerts, d’assister à des visites de Musées ou des expositions virtuelles mais ces pis allers aussi qualitatifs qu’ils puissent être de nos jours ne remplacent pas – et ne remplaceront jamais- le contact direct du spectateur avec l’œuvre in vivo, au spectacle vécu in situ.
En dehors de divertir les amateurs de culture, ces solutions ne vont pas aider le monde de la culture déjà mis à mal depuis plusieurs décennies par le détricotage des aides et soutiens aux artistes et structures culturelles. Les festivals- et notamment les petits festivals qui permettent à de nombreux artistes de réunir le nombre de cachets suffisants pour renouveler leur statut – pâtissent de cette crise à nulle autre pareil. Une crise du spectacle bien pire que celle de 2003.
Les attentes d’annonces fortes venant du ministère de la culture sont grandes de la part de tous les acteurs du monde culturel mais vont-elles être comblées ou seules des mesurettes à court terme visant à panser les plaies les plus béantes seront-elles proposées ? A la politique de l’urgence, le gouvernement osera-t-il faire succéder une politique culturelle pérenne, en accord avec les idéaux qui ont procédé à la création du ministère de la culture ?
Espérons-le mais n’oublions pas également tous les dommages collatéraux que cette absence de manifestations culturelles engendre dans les domaines de l’hôtellerie, de la restauration et de tous ceux qui relèvent du tourisme culturel auxquels le gouvernement déjà a donné quelques gages mais seront-ils suffisants ?
Notre région SUDPACA sera l’une des régions françaises les plus impactées par ce coup d’arrêt forcé de la culture : à long terme, il sera nécessaire de repenser les offres culturelles – et peut être oublier cette folie des grandeurs portée par de nombreux festivals ou structures avec leur offre pléthorique et ô combien couteuse tant pour le contribuable que pour le spectateur.
Revenir à une culture à taille humaine, solidaire et fraternelle ! Tel est mon souhait. Car l’intimité avec la culture, la rencontre avec les artistes, la proximité avec des œuvres vivantes vont cruellement manquer dans les mois à venir et leur absence se fait déjà largement sentir, non compensé par les offres virtuelles. Ces dernières sont divertissantes mais leur vécu, leur ressenti, leur vision sont aseptisés par la présence de l’écran qui nous rappelle que nous ne sommes pas là en direct live.
Quant à notre média, essentiellement axé sur le vivant, nous allons devoir repenser notre offre critique : littérature bien entendu, musique également, interviews bien sûr mais peut être également des chroniques sur des créations –filmées- non encore présentées au public des festivals. Un exercice complexe auquel nous nous essayerons si les compagnies nous le demandent afin de poursuivre notre mission de soutien au spectacle vivant et aux artistes.
Nous présenterons également quelques surprises insolites prises avant le confinement. Bonne lecture, DVDM