Le Silence des salles, le silence de la critique de spectacle
Un si long silence nous étreint, une épée de Damoclès plane toujours sur nos têtes, pour un long moment encore… et nous attendons, entre espoir et désespoir, espérance et désespérance, croyance et incroyance.
Théâtres, Cinémas, Salles de concerts et d’exposition, Musées, Hôtels, Restaurants, Bars et autres lieux de vie et de rencontres sont fermés, certains ont dû cesser très tôt leur activité jusqu’en Janvier 2021, d’autres espéraient une hypothétique ouverture aux alentours du 15 décembre 2020 qui n’aura pas lieu, tous suspendus depuis des semaines, voire des mois, aux lèvres du Président de la République, de son premier ministre, attendant de savoir à quelle sauce ils seront mangés. Certains sont en colère, d’autres résignés. Certains manifestent leur mécontentement, d’autres se taisent. Tous attendent que la situation se débloque mais va-t-elle réellement se débloquer un jour?
J’en doute fort, hélas ! La Culture et toutes les activités en procédant (j’y inclus l’art des vins et la gastronomie) participent de notre civilisation. Aujourd’hui, elles semblent être si inessentielles aux yeux de la puissance publique : pourtant il n’y a pas si longtemps elle s’en glorifiait et la portait aux nues quand il s’agissait de parader devant les autres gouvernements. Mais ici et maintenant, l’art de vivre à la Française n’est plus au goût du jour et n’en finit pas de s’étioler pour mieux mourir à petit feu.
Car depuis plusieurs mois, nous écoutons des discours présidentiels et médiatiques bien rodés, focalisant sur des chiffres qui à eux seuls ne peuvent justifier complètement la gestion actuelle de la crise sanitaire : on nous a d’abord donné les chiffres des morts puis ceux des hospitalisations et maintenant on insiste sur ceux des contaminations mais quid du fameux RO, du nombre de malades effectifs et du taux de létalité de la covid19 chez les malades. Sans remettre en cause la mortalité du virus, notamment chez les plus fragiles, nous pouvons nous questionner sur le choix des chiffres – essentiellement ceux à quatre zéros écrits en lettre écarlates bien scintillantes – qui nous sont martelés ici et là comme s’ils étaient les seuls indicateurs de l’évolution de la pandémie justifiant toutes ces mesures coercitives.
Franchement, qui aime porter sa muselière des heures durant et devoir se munir au quotidien d’un laisser-passer fallacieux pour travailler ou encore consommer des biens et services dits essentiels sous peine d’une lourde amende ? Comme si la parole ne suffisait pas, comme si nous étions tous des fraudeurs en puissance auxquels nulle confiance ne peut être accordée. Comme si nous n’étions pas capables de réflexion ni de discernement, pauvre enfants idiots que nous sommes !
Pendant ce temps, est évacuée la question d’un secteur sinistré : peu d’information claire et précise sur une possible reprise à court, moyen et long terme n’est concrètement évoquée en dehors d’une vague clause de revoyure reportée au 7 janvier 2021, la Ministre de la Culture peine à faire entendre sa voix auprès d’un gouvernement plus libéral que social et quand elle est invitée par les médias, elle est questionnée en tant qu’ancienne ministre de la santé et non en tant que ministre de la culture ! Comble de l’ironie, ce sont ces mêmes médias qui crient au scandale concernant l’article 25 de la loi de sécurité globale ! Pourquoi se plaindre d’une loi censurant les reportages quand on s’autocensure déjà ?
Il est vrai que nous, français, aimons les pétitions de principes sans pour autant suivre ces principes que nous érigeons en étendard, nous adorons pinailler et nous plaindre mais aujourd’hui que faisons-nous concrètement si ce n’est être bien confortablement installés dans nos pénates, Netflix à portée de souris, à pérorer sur les réseaux sociaux?
Ceci est une des raisons de mon si long silence car que dire qui n’a pas été dit ? Que faire quand mon cœur de métier m’est impossible à exercer faute de spectacle vivant et de rencontres artistiques ? Se taire pour faire face à un avenir en demi-teinte, obscur et froid comme l’hiver glacial venant de Sibérie, réfléchir à de nouvelles orientations et les mettre en œuvre sans se parjurer ni renier son cœur de métier et tenter de trouver des clés pour offrir un peu de baume aux esprits curieux qui nous lisent.
Voilà pourquoi nous vous livrerons bientôt le fruit de ces pensées en vous dévoilant quelques papiers sur des sujets en lien avec les plaisirs de la bouche dans les prochains jours. Votre dévouée, Diane Vandermolina
En Une « Sword of Damocles ». Tableau d’inspiration néoclassique de Richard Westall (1812).
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