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Occupation de la Criée : c’est parti pour durer

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Les artistes et les techniciens et techniciennes du spectacle, syndiqués ou pas, les étudiants et étudiantes de l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille accompagnés des apprentis et apprenties du CFA des métiers du spectacle et de l’Université AIX MARSEILLE, occupent deux lieux emblématiques de Marseille : le ZEF pour les premiers depuis le 12 mars, la Criée pour les seconds depuis le 15 mars (pour une durée de 15 jours à minima selon nos sources).

Là où l’occupation du ZEF se déroule en bonne intelligence avec la directrice de la scène nationale, Francesca Poloniato, dans le respect des gestes barrière (gel hydro-alcoolique, distribution de masques, distanciation…) et du quota de dormeurs et dormeuses chaque nuit, il n’en va pas de même pour celle de la Criée, où sa directrice, Macha Makeïeff, après avoir fait intervenir la police vendredi dernier, a accepté sous conditions l’occupation de son théâtre par les jeunes.  

Droit de réponse

Ces derniers dénoncent l’absence d’accès à la cuisine et la restriction dans l’accès aux douches. « Ce n’est pas, comme lu et entendu ces derniers jours « une séquence artistique et citoyenne » avec « un accueil bienveillant » : mais bien une occupation de lutte. Nous sommes pour l’instant cantonnés au hall. Aucune clé ne nous a été confiée. Nous avons trouvé le reste du théâtre fermé, l’accès aux plateaux condamnés par des cadenas, des loges fermées ainsi qu’un accès restreint aux douches – obtenu uniquement au troisième jour de la lutte. Ce ne sont que des exemples des mauvaises conditions d’accueil, camouflés par une habilité de communication et par un art langagier relevant du mensonge », expliquent-ils dans un communiqué en date du 18 mars afin de dénoncer « l’instrumentalisation entravante » de la Criée « qui tente de s’approprier notre combat », fait, par ailleurs, dénoncé par les occupants et occupantes du Zef.

Le communiqué des jeunes a été publié sous la forme d’un droit de réponse au communiqué diffusé par la direction de la Criée en date du 15 mars, où la directrice écrivait : « Entendre la jeunesse, les étudiants, les jeunes artistes de l’ERACM avec qui nous partageons les principales revendications qu’ils ont inscrites dans un manifeste clair et généreux. Séquence citoyenne et artistique qui n’entrave en rien les répétitions ni le travail de l’ensemble de l’équipe de La Criée. Ainsi prendre soin de l’utopie et préparer le monde de demain dans la confiance réciproque et le respect de chacune, chacun et du lieu théâtre, essentiel à nos vies. Écoutons leur espérance, et vite la joie de la réouverture : nos artistes, nos spectateurs, nos spectacles ! »

Mise au point

« Une newsletter et certaines coupures de presse décrivent un partenariat privilégié d’occupation entre les membres d’une école supérieure L’ERACM (Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes Marseille) et la direction du théâtre. Cette annonce est fausse. Si les étudiant.es de l’ERACM ont bien ouvert les négociations pour l’occupation non violente du théâtre, ils ont été rejoints dès les premiers instants de cette négociation par nombre d’allié.es et ne souhaitent pas se revendiquer comme appartenant à une quelconque institution. Nous sommes aujourd’hui, occupants et occupantes du théâtre de La Criée : étudiant.es en théâtre, arts de la rue, beaux-arts, et professionnel.les intermittent.es, technicien.nes et autres acteurs.rices de la culture, saisonnier.es et précaires » précisent-ils, agacés par la lecture, dans certains médias, d’informations erronées concernant leur occupation et revendications qui pour la plupart rejoignent celles des occupants et occupantes du Zef même si la forme développée avec la proposition d’Une criée de la Criée les lundi, mardi et vendredi à 14h30 (AG tous les jours à 16h) diffère du mode d’action des révoltés et révoltées du Zef (AG tous les jours à 14h).

« Nous appelons à nous rejoindre, travailleur.euse.s précaires de tous les secteurs, salarié.e.s en grève, personnes révolté.e.s au Zef, à la Criée et dans tous les lieux de luttes, pour faire lien, s’organiser, partager, pour faire face ensemble à la crise sociale et sanitaire que les décisions gouvernementales ne font qu’aggraver. A la liste de nos revendications* récemment publiées et qui feront l’objet d’un questionnement et d’une mise à jour régulières, s’ajoute la volonté d’inscrire cette occupation dans une conscience des luttes antiracistes, antisexistes, écologistes, contre les violences policières, et contre les injustices que cette société véhicule, et de s’associer à elles» achèvent-ils, ouvrant leur action à une revendication plus large et globale qui ne se réduit pas à la demande d’un calendrier précis avec un protocole bien défini pour une future réouverture des théâtres.

Un appel à ré-ouvrir la Culture et plus encore

Pourtant, de nombreuses structures culturelles subventionnées et labellisées (la Joliette, Lieux Publics ou encore le théâtre des Calanques et le Massalia pour ne citer qu’eux sur Marseille) et syndicats (SMA, SNSP, SYNAVI, SYNDEAC et PROFEDIM) appellent à une mobilisation générale le 20 mars dans tout le pays pour rouvrir la culture avec le hashtag #feuvertpourlaculture. Ce sera à 11h, place Charles de Gaulle à Marseille avec pour slogan et mot d’ordre « le printemps est inexorable », citation de Pablo Néruda que s’était appropriée la Ministre de la Culture lors d’une intervention télévisuelle. Cette grande mobilisation insiste sur l’ouverture des lieux culturels et leur condition de possibilité mais elle ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des revendications principales des acteurs et actrices de la culture qui subissent une crise sans précédent.

Pour cette raison, les jeunes de la Criée s’associent aux occupants et occupantes du ZEF pour une manifestation qui va au-delà d’une seule réouverture des théâtres avec pour mot d’ordre l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage et de la loi sur la sécurité globale. Cette manifestation partira du square Louise Michel au boulevard Dugommier dès 11h pour rejoindre la place Charles de Gaulle avant, à 14h, un grand happening «  coup de balai sur les artistes » devant l’Opéra** d’où partira un grand cortège « conte la loi sécurité globale ». Le 21 mars, le rendez-vous est donné à midi à la Plaine devant le traquenard pour une participation festive et revendicative au Carnaval de la Plaine, dont le thème est cette année « la mascarade ».

Cette occupation est bien partie pour durer à l’instar de celles des 70 lieux occupés en France à ce jour et de nombreux rendez vous sont à venir.  Diane Vandermolina

*Dont l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage, une seconde année blanche pour les intermittents, une extension du RSA aux 18/25 ans, des mesures d’urgences pour venir en aide aux jeunes….

COMMUNIQUÉ DES OCCUPANT.ES DE LA CRIÉE 15.03.2021

** Plusieurs souhaiteraient occuper l’Opéra et cette idée, selon nos sources, a reçu un accueil favorable de la part d’élus du 1/7 qui souhaitent mettre à disposition les bâtiments municipaux aux occupants et occupantes. Par ailleurs, au Zef, ils et elles ont reçu le soutien du Maire de Marseille, Benoit Payan venu le 17 mars les rencontrer, accompagné de son adjoint à la culture, Jean Marc Coppola.

Rmt News Int • 19 mars 2021


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