Sport Excellence Reconversion, une école novatrice pour la reconversion des sportifs de haut niveau
Sport Excellence Reconversion est une école cofondée par LAURA FLESSEL – CEO Sport’s, Présidente et fondatrice du Fonds de dotation pour le rayonnement des valeurs du Sport, ancienne Ministre des Sports, Sportive de haut niveau- et RICHARD HULLIN – fondateur Scoring Points, Directeur Marketing sportif, Sponsoring et Business Développement. En partenariat avec l’AMOS Sport Business School, le CMH International Hospitality Management School et l’école de design l’ESDAC –les trois écoles du groupe international ACE Education dirigé par SYLVESTRE LOUIS, réparties en une vingtaine de campus sur toute la France-, SER développe une offre innovante en terme de formation aux métiers passion à l’adresse des sportifs de haut niveau, quels que soient leur discipline, leur niveau de diplôme, ou encore leurs ressources financières.
Des formations certifiantes et diplômantes aux métiers passion
Une antenne de la formation est implantée au sein de l’ESDAC Marseille en cœur de ville afin d’accueillir les sportifs marseillais et régionaux dans leur reconversion professionnelle dès le mois de Novembre 2021 dans les domaines de l’hôtellerie et du luxe, du tourisme et de l’hospitalité (directeur, brand manager…), du design, de la communication, des arts appliqués et du digital (graphiste, designer, architecte…) ou encore du management sportif (responsable événementiel, manager de club…).
SPORT EXCELLENCE RECONVERSION ou SER, ce sont ainsi des cursus à la carte et personnalisés allant de parcours accessibles en 4 à 6 mois avec VAE à des cursus longs sanctionnés par des diplômes de Bac+3 à Bac+5 comprenant au total 24 modules de formations dans les domaines précités. La méthode pédagogique choisie est de partir du vécu du sportif, de ses compétences et aspirations, pour lui proposer des solutions concrètes et adaptées à son profil. Bon à savoir : tous les étudiants bénéficient d’un module de Transition Professionnelle avec un bilan de compétence personnalisé et des modules de management menés par des coaches experts issus du monde de l’entreprise et de la performance sportive.
L’objectif premier de cette école est d’être à l’écoute des sportifs et de leur offrir un panel de solutions afin que tous, quels que soient leur situation professionnelle et/ou financière, leur discipline, leur âge ou encore leur genre, puissent se dire que « cette école, c’est aussi pour moi ».
La question épineuse de la Reconversion professionnelle des sportifs de haut niveau
Ce sujet trop rarement abordé mérite que nous nous y attardions. En effet, en dehors des sportifs stars largement médiatisés, à l’image des Footballeurs ou des Tennismen internationaux dont la reconversion peut sembler évidente en tant que coach, commentateur ou encore égérie pour des marques prestigieuses, la question de la reconversion des sportifs de haut niveau se pose cruellement, d’autant plus qu’un grand nombre de sportifs se consacrant corps et âme à leur passion n’ont pas ou peu suivi d’études post-bac, l’exigence et l’intensité de leur pratique sportive les ayant éloignés des cursus traditionnels : de plus, ils se trouvent très tôt confrontés à la question de la reconversion (selon les pratiques, à l’âge de 30 voire 45 ans, rarement au-delà).
Cette reconversion est d’autant plus problématique que la majorité des sportifs de haut niveau (à l’exception d’une poignée de stars du ballon rond aux rémunérations exorbitantes, par exemple) ont des revenus oscillant entre 69 € bruts et 15 216 € bruts par mois en France (Source : lejournaldunet.com). Selon leur pratique sportive professionnelle (quand elle est reconnue comme telle, ce qui n’est pas le cas de tous les sports) et leur sexe (les inégalités salariales entre les femmes et les hommes vont du simple au double à minima), les écarts de rémunération sont accrus et nombreux sont ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté (avec un revenu médian équivalent à 900€), des problématiques similaires à celles du milieu culturel (la question de la reconversion des artistes se pose également mais fera l’objet d’un autre sujet) avec la même disparité en termes de revenus et d’inégalités selon le métier et la discipline artistique exercés, le sexe aussi (sur le sujet des inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde de la culture, vous pouvez lire l’excellent livre de Reine Prat Exploser le plafond, Ed. Rue de l’Echiquier).
Nous nous sommes entretenus avec Laura Flessel, multi-médaillée en escrime, championne olympique avec cinq médailles dont deux en or, sextuple championne du monde, ancienne Ministre des Sports : elle nous détaille les raisons de la création de cette école de reconversion professionnelle, un projet qui lui tenait à cœur et qu’elle a longuement mûri.
Photo de Une : SPORT EXCELLENCE RECONVERSION- Laura FLESSEL COLOVICV © Denis Goran
Entretien avec Laura Flessel
« Ma reconversion, c’est aider à la reconversion de ceux qui ont, tout comme moi, porté ces valeurs de l’excellence. » L. Flessel
Diane Vandermolina : Qu’est ce qui a motivé la création de cette école ?
Laura Flessel : Avec Richard Hullin et le groupe ACE, nous avons créé cette école pour répondre à une demande et à un besoin des sportifs de haut niveau. Je suis passée par là et on s’est dit qu’il fallait s’asseoir autour d’une table et amener une école résolument innovante pour les accompagner dans leur reconversion parce que les chiffres sont là et les parcours sont divers. Lorsqu’on regarde le nombre de sportifs qui s’arrêtent et les difficultés post-carrières qu’ils rencontrent, on se dit que c’est peut-être le moment.
DVDM : La reconversion est d’autant plus compliquée que les profils sont extrêmement différents….
L.F : Effectivement, ce qu’il faut savoir c’est qu’aujourd’hui, face aux différences de diplômes en fin de cursus et aux doutes et questionnements, chaque sportif vit une aventure personnelle propre et leur reconversion peut être complexe, ou alors très facile. On a environ 7000 sportifs qui sont dans ce questionnement. Quand on y réfléchit, on se rend compte que la majorité des sportifs peuvent être aidés mais seulement à partir du bac. Pourtant, il y a 40% de sportifs décrocheurs ou qui n’ont pas le bac. Qu’est-ce qu’on peut donner comme réponse à cette population de sportifs qui se retrouve dans ces 40% ? On a alors décidé d’accompagner les infra bacs et les décrocheurs : certains partiront avec une VAE ou une VAP, d’autres avec le bac en poche et c’est ce qui nous démarque.
DVDM : Vous proposez une gamme de métiers très variée tels que le management sportif, l’hôtellerie, le luxe, le design, la communication….
L.F. : On a pensé aux secteurs des métiers passion, des secteurs porteurs qui parlent assez facilement aux sportifs de haut niveau. On a réfléchi au secteur du sport et management : c’est l’univers économique managérial du sport, ça fait sens même si tous les sportifs ne veulent pas forcément s’intégrer dans une dynamique professionnelle autour du sport. On s’est alors dit qu’il fallait donner une réponse à ceux qui sont attirés par cet univers, ils peuvent devenir manager d’organisations sportives ou travailler dans le marketing et l’évènement du sport : les possibilités d’orientation sont vastes. La deuxième chose, c’est que le sportif de haut niveau voyage beaucoup pour représenter la France à travers les championnats d’Europe, du Monde, les grands chelems ; du coup, il y a une appétence pour les voyages et par conséquent, le tourisme et l’hospitality sont des secteurs qui peuvent leur plaire : c’est un deuxième univers très intéressant pour eux. Certains deviennent des égéries pour des marques et ce constat nous a amené à leur proposer une autre voie pour qu’ils découvrent l’envers du décor de ce troisième univers que représente le luxe. Il y a aussi énormément de créativité chez les sportifs, on a des dessinateurs, des photographes, des sportifs qui aiment le digital et les nouveaux métiers, on est alors parti sur un quatrième univers autour du design, de l’architecture d’intérieur, d’extérieur etc. Ainsi, forts de toutes ces réflexions, on a commencé à chercher des acteurs et des experts dans la formation dans ces quatre univers. A ce titre, on a croisé le groupe ACE éducation, un groupe international avec 20 campus en France et une expertise dans ces univers : le groupe aide les sportifs et les avait intégrés dans leur cursus mais de manière plutôt individuelle. Notre rencontre a permis la création de cette école.
DVDM : Vous avez une antenne à Marseille au sein de l’ESDAC, pourquoi avoir choisi Marseille ?
L.F. : Effectivement, on est venu à Marseille parce qu’il y a un campus ESDAC et AMOS (deux des trois entités de ACE, ndlr) mais il y a aussi une forte population sportive. A travers le temps, certains clubs ont vu la complexité de la reconversion de leurs champions et on a souhaité partir sur des régions pilotes en phase avec notre école SER. De plus, quand on connait pour les sportifs la double pression qu’il y a de décrocher une médaille chez soi, il faut penser dès aujourd’hui à Marseille et à l’après JO 2024 (dont une partie se déroule sur la rade marseillaise,ndlr). Aussi, quand on est venu à Marseille pour ce temps d’échange avec tous les acteurs du sport, le mouvement sportif, les collectivités locales, les entreprises, les sportifs eux-mêmes, et les différents partenaires des clubs sportifs, c’était pour rassembler cette grande famille et leur dire qu’on peut mieux accompagner le sportif que ce qu’on faisait avant parce que les chiffres sont criants et qu’on est dans la complémentarité par rapport aux autres institutions existantes. De par mon vécu, mon expérience, mes différents profils et vécus, le retour d’expérience de mes amis, anciens sportifs, je sais qu’il y a eu de très belles réussites de champions comme la reconversion de Stephan Caron (champion d’Europe et médaillé olympique en natation, directeur exécutif Europe de General Electric Commercial Finance, ndlr), mais il faut se dire que certains ont besoin d’aide et de conseil, de réponses à leur questionnement. C’est à cet endroit-là que nous nous positionnons.
DVDM : Vous proposez un parcours à la carte avec beaucoup de flexibilité pour les sportifs : comment se déroulent les temps d’études pour les athlètes ?
L.F. : Chacun vient avec son parcours : on a alors développé une ingénierie pédagogique à la carte. Nous avons un cadre qui nous permet d’avoir des formations reconnues, certifiantes et diplômantes, pouvant aller jusqu’au bachelor et au master. Notre réflexion était de partir sur des compétences et d’amener de la validation pour que le sportif, demain ou après-demain, puisse se présenter devant un employeur en disant « en plus d’être champion et athlète de haut niveau, j’ai suivi cette formation qui me permet d’être à la hauteur de vos exigences afin d’intégrer votre entreprise ». On a donc créé un bloc de transition professionnel avec 60h de coaching qui va permettre au sportif de pouvoir se trouver : c’est du diagnostic et de la valorisation des acquis avec bilan de compétence. Les coaches vont travailler avec les sportifs pour écrire cette feuille de route qui pourra leur permettre par la suite d’aller dans l’un des quatre secteurs prédéfinis. Les blocs de compétence ont été travaillés par des ingénieurs pédagogiques du groupe ACE. On a pris en compte la rythmique des différents types de profil qu’on pourrait avoir : le jeune sportif qui se lance dans son double projet, le sportif qui est près de la fin de sa carrière professionnelle, ou encore le sportif retraité qui est en questionnement ou n’a pas réussi sa reconversion. Ce sont trois profils type qu’on a ciblé et on travaille ainsi de manière agile avec le sportif au minimum trois mois. Il n’y a pas de maximum puisque l’idée c’est d’additionner les blocs de compétence pour qu’il aille à son rythme afin de gérer au mieux son nouveau parcours professionnel.
DVDM : Vous avez une première session en novembre.
L.F. : Comme on est agile sur le démarrage des promotions, on va effectivement lancer la première session mi-novembre : ce sont des promotions de 6 à 8 personnes. Dans cette promotion, on a un jockey, des escrimeurs, parce que je suis très proche de ma famille et je me dois aussi de regarder dans ma famille, on a des nageurs, des handballeurs, des footballeurs aussi. Ce qui est motivant, c’est qu’une fois qu’on fait fi de cette pudeur qu’on a chez nous, sportifs de haut niveau, on s’engage complètement dans les projets : ce sont les premiers qui s’engagent et on va agir avec eux pour les aider à optimiser leur reconversion, on va les accompagner, les guider. En revanche ce sont eux qui vont redevenir de vrais champions dans leurs projets, nous ne sommes que des facilitateurs.
DVDM : Comment sont financées les formations selon les profils des candidats ?
L.F. : L’idée a été de réfléchir aux possibilités de financements : comme on a des profils différents, on a des sources de financements divers. Pour le sportif de haut niveau intégré dans une fédération sportive dépendant du ministère des Sports, il existe des lignes budgétaires pour les accompagner. Les sportifs salariés en club peuvent bénéficier du soutien des OPCO (l’équivalent de l’AFDAS dans la branche du sport, ndlr). Les sportifs au RSA ou à Pôle Emploi peuvent bénéficier de financements et nous les accompagnons dans la création des dossiers pour qu’ils puissent être éligibles aux financements. Enfin, on a des partenaires économiques qui croient aux valeurs du sport et veulent investir dans le sport : ils mettent un pourcentage pour accompagner les sportifs de haut niveau. Les possibilités sont multiples pour que tout un chacun puisse se reconnaître et être accompagné pour son financement : l’union fait la force.
DVDM : Cette volonté d’accompagner chaque sporti.f.ve sans discrimination quelle qu’elle soit ni distinction de revenus fait partie des valeurs que vous défendez. Parmi ces valeurs, on retrouve la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes ainsi que celle contre les discriminations envers les femmes dans le milieu sportif…
L.F. : On se doit d’amener des solutions : il faut qu’on soit, dans tout ce que l’on fait, de plus en plus inclusif. Il y a aujourd’hui suffisamment de littérature pour permettre d’améliorer le système et tout passe par la communication. Alors, effectivement, je suis fortement impliquée. Mais, je suis une femme pragmatique et je pense qu’il n’y a pas mieux que d’analyser et réfléchir si on veut pouvoir pousser le curseur et s’améliorer en l’occurrence. C’est une école inclusive que nous proposons : elle touche les sportifs de haut niveau, les champions olympiques et para-olympiques, les non olympiques, les sportifs d’été et d’hiver qui ne se rencontrent pas souvent, les sportifs indoor et outdoor… Si on développe des réflexions inclusives, quelque part on va réduire les inégalités.
DVDM : Quand avez-vous commencé à réfléchir à ce projet ?
L.F. : Honnêtement, j’ai toujours pensé à créer cette école de reconversion professionnelle, je l’ai vécue, puis il y a eu le temps à la gouvernance en tant que Ministre des Sports qui m’a donnée une autre vision pour faire et aujourd’hui, avec le réseau d’entreprises que j’ai rencontré, j’ai pensé qu’il était temps de la créer : le timing était le bon !
Propos recueillis par Diane Vandermolina
Toutes les informations ici : https://ser-school.com/
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