Gainsb’Art, l’homme à la tête de l’Art
Un vibrant hommage pictural à Gainsbourg
Jusqu’au 24 décembre, la Galerie David Pluskwa dédiée à l’Art Contemporain, située au 53 rue Grignan à Marseille, présente l’exposition collective « Gainsb’Art, l’homme à la tête de l’Art ». Imaginé par le photographe Roberto Battistini pour célébrer l’anniversaire des 30 ans de la disparition de Gainsbarre, ce projet de grande envergure fait escale à Marseille pour 15 jours.
Gainsbourg et l’Art : je t’aime, moi non plus
Faire un hommage à cette icône subversive qui aujourd’hui n’aurait pas droit de cité peut paraître décalé, voire dérangeant, à notre époque où les mouvements woke mettent au ban de la société les artistes controversés, censurant leurs créations.
Au-delà de la provocation, quand on connait l’appétence de Gainsbourg pour les arts et la peinture, il apparaît que ce projet d’exposition est un réel hommage à l’homme et à l’artiste qui se rêvait peintre mais fut reconnu pour son œuvre musicale, cet art mineur comme il aimait à le dire. Il a par ailleurs détruit la quasi-totalité de ses toiles quand il a découvert la peinture de Bacon.
Ne subsiste de son passé de peintre que deux toiles alors que son héritage musicale immense a inspiré de nombreux artistes (Mc Solaar, Massive Attack, Portishead) et traversé les époques. Toutes les plus grandes stars féminines ont chanté pour lui. Inspiré par le yéyé, le jazz, le classique, le rock progressif, le disco, l’afro-cubain, le reggae, le hip hop et le funk, ce touche à touche musical était un parolier de génie et un homme-orchestre à la fois réalisateur, comédien et compositeur de musique de film.
Provocateur et rebelle, cultivé et avant-gardiste, adulé et détesté, il incarnait « l’esprit français des années 80 » selon Roberto BATTISTINI. Pour ce dernier qui l’a rencontré, la commémoration du 30ème anniversaire de sa disparition était une évidence. Il salue ici l’artiste dont l’art de la mise en scène faisait partie intégrante de l’œuvre musicale, citant la couverture de Love on the beat où il pose grimé en femme.
Roberto a ainsi réalisé pour l’exposition un tirage argentique sur papier métallique de sa photo iconique Gainsbourg/Dali où Gainsbourg posait pour lui en Dali, en utilisant une technique de polarisation particulière pour donner un effet de négatif sur l’image. Tout un symbole tant les deux hommes ont en commun un univers étonnamment créatif et audacieux, défrayant tous deux la chronique.
Une vingtaine d’œuvres à 4 mains autour de la figure de Gainsbourg
Une quinzaine d’artistes plasticiens, photographes et peintres aux univers décalés ont répondu à l’appel de Roberto : ils ont inventé des œuvres uniques autour de deux photographies de l’artiste, le Gainsbourg/Dali réalisé par Roberto Battistini lui-même pour la couverture du magazine Médias en 1985 (en photo ci-dessous, silver grey, tirage argentique) et un portrait de l’Homme à la Tête de Chou coiffé d’un béret, tenant négligemment son mégot à la main.
L’exposition offre à voir une série d’une vingtaine d’œuvres en couleur et/ou en noir et blanc autour de ces deux photographies iconiques de Gainsbourg. Ces tableaux sont réalisés en acrylique sur toile et les artistes usent de techniques mixtes (assemblages Lego, crayon, aquarelle), voire de collage sur Dibon, pour offrir des œuvres singulières et multiformes.
Parmi eux, Skunkdog, artiste peintre marseillais à l’inspiration punk. Dans ses œuvres, il mêle différentes techniques (graffiti, peinture, collage). Cependant pour réaliser ce tableau, il est resté 6 mois devant une feuille blanche, incapable de toucher à l’image et à l’icône tant son admiration pour l’œuvre musicale de Gainsbourg –il a été biberonné avec l’album Melody Nelson– et sa fascination pour un personnage qui osait tout, sans limite, l’empêchait de mettre sa patte au tableau.
Diversité et unité du projet
Bien que la diversité d’inspiration des artistes s’exprime dans chaque œuvre avec des rendus originaux et surprenants, ces dernières forment un ensemble lisible et cohérent, de par la similitude des formats (le format moyen est plus ou moins de 100 cm par 100 cm) et le choix du sujet qui représente deux facettes de l’homme, dandy et provocateur.
Seules deux œuvres détonnent, une œuvre vidéo de Catherine Ikam et Louis Fléri (en photo de Une) et un objet signé Pierre Marie Lejeune. Réalisé en métal et verre, ce dernier prend la forme d’un cadre rond lumineux dans lequel s’inscrit la photo de Gainsbourg. A deux pas, sur un petit écran, à peine caché par une colonne, se dévoile une vidéo dans laquelle on assiste à la disparition progressive des pixels constituant l’image de l’artiste, telle une allégorie de la mort de l’artiste aujourd’hui redevenu poussière.
Plus de 50 artistes sont associés à ce projet qui donnera lieu à un documentaire et à de futures expositions en France et en Navarre. A vos agendas ! Diane Vandermolina
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