Kedroff Balalaïka trio
C’est un bain d’énergie tellurique que nous a offert cette année La Folle Criée avec Le Kedroff Balalaïka trio, le 5 décembre 2021.
C’est la terre que crient les balalaïka, soutenues à la guitare. Rien d’affecté, rien d’outré dans les élans de joie et de mélancolie, la ronde de printemps et d’hivers déployés pour le bonheur de nos oreilles. Fêtes paysannes, soirées au coin du feu (le mot balalaïka vient du russe balakat, qui signifie bavarder, plaisanter, taquiner), voilà les scènes que l’on visualise au travers des œuvres et arrangements de concerts et de mélodies populaires russes qui nous surprennent, pour être rarement présentés au public hexagonal.
Il faut être un virtuose pour, avec seulement trois cordes, dont deux accordées à l’unisson, faire naître une telle palette de sons, appétissants et colorés. Quand ils sont vifs, ils nous invitent à fredonner à l’unisson, quand ils se font langoureux, ce n’est plus les cordes de l’instrument que pincent les artistes, mais le pincement nous vient directement au cœur.
Alternent des mouvements de ballets, de valses, des rondes de villages avec des claquements de cordes dans des scansions aigües qui font se soulever les artistes de leur siège.
L’humour est toujours présent dans cette fête. Au travers de la musique d’abord, comme dans ce morceau (“au titre plus long que la mélodie” nous dit Nicolas Kedroff) : “Mon mari m’a obligée à chauffer l’eau du bain” où l’on semble entendre une commère qui, tout en s’empressant à sa mission exprime dans des crescendos ses emportements de fureur ménagère.
C’est aussi le même Nicolas Kedroff qui nous fait rire en ponctuant de commentaires bonhommes ou malicieux la présentation des morceaux, cachant avec modestie derrière sa gouaille sa grande virtuosité et son talent. Dominique Reinhorn
Concert La Folle Criée 5 décembre 2021 avec le Kedroff Balalaika Trio, composé de Nicolas Kedroff, balalaïka ; Tatiana Derivitzki, balalaika et Oleg Ponomarenko, guitare
Photo de Une : Nicolas Kedroff © DR