AZADI de la compagnie Persiana au MUCEM
Samedi 19 février à 19h, l’auditorium du MUCEM accueille AZADI, performance musicale de la compagnie Persiana, dans le cadre du cycle « Espaces des possibles ». Dans cette autobiographie sonore, Shadi Fathi (setâr et daf) partage la scène avec Valerio Daniele (guitare électrique baryton et musique électronique), Ninfa Giannuzzi (chant en griko) et l’aquarelliste Egidio Marullo (peintre et musicien).
De l’Orient à l’Occident
Discipline du grand maître Ostad Dariush Talaï, formée au setâr (luth iranien à trois cordes) dès l’âge de 7 ans à Téhéran, Shadi Fathi, en virtuose, maîtrise les instruments traditionnels comme le târ, le zarb, le shourangiz ou le daf, dans la lignée de la confrérie Ghâderiyeh du Kurdistan iranien. Avec ses compositions, elle perpétue l’héritage séculaire de la musique classique persane par son expérience de concertiste et son sens de l’improvisation. Installée en France depuis 2002, elle mêle dans ses compositions, d’inspiration traditionnelle teintée d’esthétique méditerranéenne, les musiques électroniques, le chant et la poésie. Azadi, son dernier projet, signifie Liberté en persan.
Dire la résilience : des mots pour dépasser les maux
Ce projet est né du coup de foudre de Shadi, pour le Salento, niché au cœur des Pouilles. Dans cette région la plus orientale de la péninsule italienne bercée par la Méditerranée, une poignée d’anciens parle encore une langue séculaire, le griko, mélange de grec et de dialecte salentino. Shadi a choisi cette langue de paix où le mot guerre n’existe pas pour se raconter car elle y a retrouvé l’écho de sa résilience, de sa survie à la guerre et de son propre destin.
Interview Shadi Fathi
Le Griko pour dire la beauté de la vie
Cette langue rare doit sa survivance aux artistes qui continuent de la chanter. Ninfa Giannuzzi, connue pour avoir collaboré avec Piero Milesi, Vittorio Cosma, Stewart Copeland, Noa, Gianna Nannini, Beppe Servillo ou encore Carmen Consoli, se produit avec l’orchestre de La Notte della Taranta. Elle fait partie de ces artistes qui chantent l’amour du Griko. « Le Griko est une langue qui dit la beauté et l’espoir. C’est un chant de la terre, à l’adresse des travailleurs » nous confie-t-elle. Dotée d’un timbre au médium large et puissant, accompagnée de son ukulélé, Ninfa transmet sa passion du Griko avec ferveur.
Interview Ninfa Gianuzzi
Des musiques en résonnances
A l’occasion d’une performance du guitariste et électro-acousticien italien Valerio Daniele à laquelle elle assistait, en entendant les balances de Valerio, Shadi s’est sentie renvoyée immédiatement à son enfance à Téhéran, lorsque déferlaient sur la ville les bombes irakiennes. De cette rencontre, Shadi a imaginé l’ambiance sonore d’Azadi dans laquelle le frottement discordant de la guitare et la délicatesse du bruissement du luth iranien se répondent. Les compositions de Valerio se situent entre jazz, rock, électronique, musique improvisée et traditionnelle. Pour cette performance, il utilise des outils qu’il détourne de leur usage premier comme le chacciovite (tournevis) qu’il « frotte contre les cordes de sa guitare pour créer la rumeur du fracas des bombes », nous explique-t-il.
Interview Valerio Daniele
Célébration de la vie : éloge du vivant
Sur un écran en fond de scène, sont projetées des images, abstractions colorisées en direct par Egidio Marullo, peintre et musicien. Professeur d’art, d’image et d’histoire à Lecce et artiste de référence pour le label Lizard Records à Trévise, il aime à « travailler différentes matières dans ses compositions abstraites, notamment l’eau, symbole de la vie », développe-t-il. Egidio mélange en live ses pigments à l’eau pour former des abstractions aux couleurs vives, rétro-projetées en simultanée sur scène, à la façon d’un vidéo-jockey. Il use également d’objets inattendus comme une perceuse pour chauffer le plastique ainsi coloré afin de lui donner vie sous nos yeux ébahis.
Interview Egidio Marullo
In fine
Dans ce spectacle, les mélodies délicates du setâr se mêlent au tumulte de la guerre : paradoxalement, de l’effroi des conflits évoqués naît la joie car cette performance musicale et chantée est une ode à la création et à l’art, à la vie et à la survie. Pour Shadi, seul « l’art sauve la vie ». Diane Vandermolina
Informations pratiques
Samedi 19 février à 19h : AZADI de compagnie Persiana
Avec Shadi Fathi : setâr, daf, direction artistique ; Valerio Daniele : guitare baryton électrique, électronique, arrangements, direction musicale ; Ninfa Giannuzzi : chant en langue griko, ukulélé et Egidio Marullo : création visuelle, aquarelle
Lieu : Auditorium du MUCEM, Esplanade du J4, 13002 Marseille
Tarif: 12€/9€ – reservation@mucem.org – www.mucem.org
Photos et Interviews: Diane Vandermolina
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.