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Lancement d’un nouveau temps fort, le Festival Confit ! “À voir et à manger “

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Organisé par La Garance, scène nationale de Cavaillon, l’événement se déroule pour la première fois sur le territoire, entre le 10 et le 14 mai prochains. Il propose une programmation concentrant les expériences entre arts de la scène et gastronomie avec le Luberon pour paysage. Le festival confit ! prend différentes formes : spectacles, dégustations, conférences, ateliers, balades, visites guidées et fêtes pour nous enivrer pendant 5 jours.

 Il se décline en randonnées gustatives sur les chemins entre le Vaucluse et les Alpilles, où le badaud peut écouter la poésie de la bouillabaisse à l’ombre des magnolias, déguster les plus grands textes de la littérature française sur les marchés du Luberon et savourer des pâtes italiennes à la lumière des bougies, découvrir les portraits sonores des paysan.ne.s du territoire ou apprendre à cuisiner le nougat… Une programmation dense.

Au menu : zoom sur les propositions artistiques

Une poétique de la bouillabaisse ©DR

Trois propositions éclectiques et un chef invité : Emmanuel Perrodin

Le mercredi 10 mai à 19h30 et le jeudi 11 mai à 20h30, La Garance accueille dans son patio Emmanuel Perrodin, chef cuisinier et la violoncelliste Noémi Boutin pour la représentation de La rose des vents. Le duo nous offre un voyage sensoriel avec une pincée de fantaisie où la musique se conjugue à merveille avec la cuisine. Une bouillabaisse est confectionnée sous nos yeux, avant d’être partagée autour d’une joyeuse tablée ! Au gré de la soirée, la musicienne et le chef, par le prisme de leur art gourmand et musical, célèbrent la poétique de notre monde. « C’est d’abord une histoire de rencontre et d’amitié, c’est un des fils invisibles mais essentiels de ce spectacle. Nous nous sommes rencontrés lors d’un festival où je voulais montrer comment l’écoute de la musique pouvait modifier la dégustation du vin. Nous sommes marqués tous les deux par l’obsession de la transversalité je crois. Nous avons besoin d’aller au-delà des cadres habituels. Nous avons ensuite littéralement suivi les traces du vent. » Emmanuel Perrodin à propos du spectacle.

Seul en scène culinaire ©DR

Le jeudi 11 mai à 18h30, Jérôme Pouly, sociétaire de la Comédie Française, nous présente La cuisine des auteurs, où il incarne les personnages emblématiques de la littérature française tout en cuisinant dans une mise en scène complètement explosée et burlesque. La Cuisine des Auteurs est une invitation à découvrir les liens entre de grands auteurs de la littérature française et notre patrimoine gastronomique, un spectacle théâtral et gourmand conçu pour mettre en avant les produits des producteurs des territoires qui nous accueillent. Seul en scène, Jérôme Pouly incarne Ripaille, un personnage rabelaisien qui distille avec gourmandise et humour des textes d’auteurs parmi lesquels Dumas, Colette, Baudelaire, Hugo, Balzac, Maupassant, Proust, Brillat-Savarin et bien d’autres… Naviguant entre interprétation et improvisation, Jérôme Pouly instaure un véritable échange avec les spectateurs tout en cuisinant une mise en bouche pour le public avec les produits locaux fraîchement trouvés sur les marchés.

Mariage d’Hiver ©DR

Le vendredi 12 mai à 19h30 et le samedi 13 et dimanche 14 mai à 12h30, La Garance accueille la Cie Teatro delle Ariette proposant un banquet chaleureux et intimiste avec Mariage d’hiver. Paola et Stefano nous convient autour d’une table, dans une cuisine, et préparent le repas. Iels partagent leur journal de vie quotidienne, vie partagée à la ville comme à la scène, après 20 ans passés à la campagne et 10 ans de théâtre, en Italie et en Europe… Mais c’est aussi le récit de leur amour et l’amour qui les lie à chez eux, les Ariette, petit endroit de paradis proche de Bologne, en pleine nature, seuls mais pas tant que ça car il y a les pierres, les bêtes, les fleurs et le ciel. Un amour pour le théâtre aussi, la cuisine, l’agriculture et pour le temps qui passe et qui transforme la vie, les corps, les pensées et les sentiments. Dans cette pièce intime et délicate, fragile et sincère, jouée à la lueur des bougies, vous devez simplement vous asseoir autour de la table, écouter et regarder les artistes en attendant quelque chose. A ce moment précis la cérémonie du mariage d’hiver commence. Pour goûter peut-être à la cuisine de leur mémoire. Un spectacle qui tourne depuis 15 ans !

Une Création originale

 Le samedi 13 mai à 18h, Floriane Facchini, auteure et metteure en scène d’origine italienne, nous convie à leur banquet participatif Cucine(s), rendant hommage aux pratiques agricoles et culinaires de la région. En co-production avec Le Citron Jaune – Centre national des arts de la rue et de l’espace public. Pour récolter les ingrédients de ce banquet, pendant un an, Floriane Facchini et son équipe ont poussé les portes des cuisines familiales et professionnelles, rencontré paysans.annes, vignerons.onnes, maraîchers.ères, cueilleurs.euses, berger.ères… et recueilli recettes et récits, photographies et brins de nature comestibles. Laissez-vous porter par leur voix et leurs expériences pendant une balade sonore. Et après c’est parti pour la grande tablée ! Au milieu des plats cuisinés, une exposition prend vie, constituée de grandes photographies de ces habitant·e·s devenu·e·s personnages. Cette grande tablée est bien plus qu’une expérience gustative ou esthétique, les convives sont invités à explorer avec délice, leurs relations avec la cuisine, la terre, l’eau et les êtres vivants qui l’habitent.

Une autre façon de découvrir le Luberon ©DR

Un festival riche qui promet d’être passionnant ! A découvrir. La rédaction

Tarifs de 3 à 20€/ Ateliers et expositions en entrée libre. Tout le programme ici :

https://www.lagarance.com/a-voir-et-a-manger

Encadré

Emmanuel Perrodin ou l’amour de la transmission

« Historien de formation, devenu cuisinier par passion, je n’ai cessé de m’interroger sur les liens entre histoire et cuisine. Je m’efforce aujourd’hui de faire reconnaître l’importance de la gastronomie marseillaise en France et en Méditerranée, notamment par la création d’un pôle qui pourrait ressembler à la cité du goût romaine mais aussi initier la naissance d’un réseau méditerranéen dédié aux arts culinaires. » E.P.

Emmanuel Perrodin s’est lancé à 30 ans dans la cuisine, au Péron, institution de la bouillabaisse à Marseille puis en tant que chef du Relais 50 sur le Vieux-Port de la cité phocéenne. En 2015, il troque les fourneaux pour se lancer dans des projets questionnant les rapports entre la cuisine et l’art. Le Franc-Comtois propose des performances comme « Goûter l’art » ou « Dans la chair du son » et devient président du Conservatoire International des Cuisines Méditerranéennes. Ayant un goût très prononcé pour la dimension populaire de la cuisine et sa transmission, il a par ailleurs relancé la fête de l’ail, tradition marseillaise existant depuis le 15ème siècle. Il est également aux manettes des Dîners Insolites organisés par Provence Tourisme.

Emmanuel Perrodin en scène ©DR

 Comment êtes-vous venu à la cuisine ?

« Je suis venu à la cuisine par hasard, quand la cuisine n’était pas à la mode, il y a une vingtaine d’années. Qu’elle soit devenue à la mode, c’est bien pour mais Il faudrait revaloriser le travail de la salle, où le maître d’hôtel et les serveurs sont essentiels. Nomade, j’imagine des formes nouvelles et je crée ou participe à des événements. Je suis associé à deux scènes nationales, à Marseille et au Mans, j’ai cette chance, ça me permet de créer des spectacles en lien avec la cuisine, ce qui fait que je ne suis pas que dans la répétition. »

Vous êtes un cuisinier nomade passionné de transmission

« Je vais vraiment de lieu en lieu et de ville en ville. Je suis très attaché en plus à l’image du « pérégrin » (un étranger, un voyageur qui est dans un pays dont il ne vient pas, un nomade, un pèlerin). Et je poursuis une vieille tradition. Dans l’antiquité déjà, pour les Romains, il y avait déjà une distinction entre les cuisiniers à demeure (coquus) et les nomades (tetix, cigale). Je ne veux pas tomber primo dans la répétition et deuxio dans la contemplation du passé : la connaissance du passé est importante pour moi, pour m’aider à transmettre et elle est même essentielle. Mais j’ai choisi de ne pas faire de cette transmission-là un métier, d’autres le font très bien aussi même si c’est un domaine qui me passionne profondément. C’est à la base de ce que je suis aussi je continue d’explorer, de gratter les sources toujours, car je suis historien de formation. Je me suis par ailleurs intéressé à l’histoire de la cuisine pendant que j’apprenais à cuisiner. »

Vous êtes à l’origine de plusieurs initiatives copiées mais jamais égalées

« Je suis directeur artistique des dîners insolites, mais le concept a été le fruit d’un travail à trois : c’est une initiative de Provence Tourisme. On a répondu à l’appel d’offre avec Marie Josée Orderer et les grandes tables, et ce qu’on a voulu leur raconter, la façon dont on leur a raconté, ça a séduit Provence tourisme. Une table peut raconter une histoire, cette table-là respecte les principes du spectacle, tout est pensé comme une scénographie aérienne, sur le thème de la cuisine de Provence, la cuisine d’ici, et on pourrait faire facilement 10 éditions sans aller au bout de la cuisine provençale car elle est tellement riche. » 

Vous aimez les poissons oubliés ?

« Je n’ai pas d’habitude sur le poisson sauf le manger et le cuisiner : il n’y en a aucun qui me rebute. Parmi ceux que je cuisine, il y en a qui font partie des poissons oubliés, comme le marbré, une espace de daurade qui faisait partie du panthéon marseillais et dont l’utilisation disparait petit à petit, ou le chacha qu’on appelle ici cégro, qui n’ a pas forcément une bonne presse mais qui est apprécié par les japonais, c’est un cousin du maquereau. »

Propos recueillis par Diane Vandermolina

Rmt News Int • 9 mai 2023


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