Grosse Fringale, Festin de Fables (Avignon off 2023)
Clarck et l’ombre de Jean : Un voyage poétique au cœur des fables oubliées
En pénétrant au sein du théâtre, nous sommes immédiatement surpris en découvrant une scène dans tous ses états, avec ses objets posés sans dessus dessous sur le plateau, qui laisse les spectateurs présager d’un possible scénario catastrophe.
En fond de scène, se trouvent deux cônes soutenant des néons fluorescents, de très grandes tailles, de couleur orange ; une petite table ronde qui git sur le sol, une brouette placée sur le côté avec une couverture de survie à l’intérieur, enfin, parterre, un très vieux radio cassette d’un autre temps. Côté cour, posée au sol, une grande marmite en inox avec son couvercle, juste à ses côtés une nappe à carreaux nouée, où nous imaginons aisément qu’elle contient des victuailles pour un futur repas. Pour couronner le tout, remplissant le centre de la scène, un parachute d’un blanc immaculé jeté négligemment sur le plateau.
Dès les premiers instants, le public découvre avec émerveillement Clarck, un clown extrêmement attachant qui arrive à tisser un lien particulier avec son public : tantôt apostrophant les spectateurs sur un ton énergique, tantôt leur narrant de vieux souvenirs avec douceur, laissant le spectateur sous le charme.
Le suspense sur le nom de l’invité sera de courte durée, Clarck attend avec joie et impatience de retrouver Jean, qui devient un personnage à part entière malgré son absence ; cependant, le mystère reste entier : qui est Jean ? Viendra-t-il ? Pourquoi est-il si important à ses yeux ?
Tout le long de la pièce, Clarck déclamera son admiration pour son ami Jean, en citant ses écrits, comme : « La cigale et la fourmi », « Le corbeau et le renard ». Des textes qui nous sont familiers et nous permettent de mieux cerner le personnage de Monsieur Jean. Les fables de ce dernier sont l’occasion pour Clarck d’un échange frugal avec le public qui s’apparente à bien des regards à un repas généreux, avec son vocabulaire épicé et ses mots d’amitiés, remplissant de ses effluves les ventres ainsi que les cœurs des spectateurs.
Voici donc un clown qui ne reste pas dans un coin de notre tête tant elle occupe tout l’espace, jusqu’à la moindre de ses interstices, pour déclarer sa joie de donner du bonheur à qui veut l’entendre et le recueillir.
Un seul en scène qui donne une envie irrépressible de se replonger dans les fables et les poésies d’antan malheureusement trop peu lues de nos jours.
« Que la plus forte passion
C’est la peur : elle fait vaincre l’aversion;
Et l’amour quelquefois; quelquefois il la dompte. »
Jean de la Fontaine
Benoit Bertrand Corso
Crédit photos : Guy Plotton
Grosse Fringale, Festin de Fables
Interprétation et mise en scène : Céline Barbarin
Texte : Annie Baudot Guttin.
Type : Art Clownesque / Durée : 1 H 10
Au Théâtre des Lila’s jusqu’au 29 juillet 2023 (relâche le 25 juillet)/ à 11h30
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