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Le Festival Nuits Métis 2024 : Une célébration de la diversité culturelle et de la coopération internationale

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Le Festival Nuits Métis célèbre sa 31e édition cette année à Miramas du 27 au 29 juin au théâtre de la Colonne puis au plan d’eau Saint Suspi. Nuits Métis, ce sont 3 soirées de fête, 15 propositions de concerts et animations, des rencontres professionnelles et une exposition. Cette année, l’événement met l’accent sur le Kenya et les Jeux Olympiques, en lien avec le rôle de Miramas comme base d’entraînement des athlètes kenyans pour les JO.

Focus sur la coopération culturelle internationale : Des rencontres professionnelles enrichissantes

Marc Ambrogiani, directeur du festival, détaille le focus réalisé sur la coopération culturelle qui est mise en œuvre tout au long de l’année par ses équipes et lui-même. En effet, en marge des concerts et animations proposés gratuitement, un focus important est mis sur la coopération culturelle internationale, avec une journée entière dédiée à des rencontres professionnelles. « Le focus sur la coopération culturelle est un axe fort, c’est une journée entièrement dédiée à ça, avec des rencontres professionnelles, différentes thématiques, en l’occurrence comment soutenir les artistes en zone de conflit, comment les artistes utilisent l’art comme outil de résistance. On fera un petit focus sur la coopération Nord-Sud ou Sud-Nord, avec des associations culturelles et de nombreux intervenants, et un autre sur la place de la culture dans la coopération institutionnelle dans notre région. C’est la deuxième année où on organise ces rencontres. Cette année, on va avoir des partenaires qui viennent du Maroc, de Mauritanie, de Guinée, du Mali, d’Algérie. Et c’est assez riche de pouvoir échanger, tisser des liens et inventer des projets futurs » complète-t-il.

 

Partenariats durables : De la Guinée au Kenya, des collaborations fructueuses

A cet effet, le festival développe depuis plusieurs décennies un partenariat particulier avec la Guinée, concrétisé depuis par une convention sur les échanges culturels et une collaboration sur la Biennale Internationale de Percussions. « Pendant les quinze premières éditions du Festival, tous les ans, on avait une création franco-guinéenne. Nous avons concrétisé cette collaboration, il y a deux ans, par la signature d’une convention sur les échanges culturels avec le ministère de la Culture. Et depuis l’année passée, par une demande du ministère de la Culture, on travaille sur la co-organisation de la Biennale Internationale de Percussions, qui va avoir lieu au mois de décembre. J’ai en charge de gérer toute la programmation internationale de la Biennale. C’est un partenariat inscrit dans l’axe de la coopération » précise-t-il.

Résistranse : L’art comme moyen de résistance

Pendant le festival, une création musicale intitulée « Résistranse » réunira des artistes du Maroc, de Mauritanie, du Liban et de Palestine, utilisant l’art et la culture comme moyen de résistance. « On est engagé sur ce projet avec une association marocaine et une association mauritanienne depuis deux ans, cela a abouti cette année à une création musicale avec des artistes marocains et mauritaniens. De notre côté, on a invité un artiste libanais qui s’appelle Zeid Hamdan, installé à Paris, et une artiste palestinienne qui vient de Beyrouth, puisqu’elle est réfugiée, une formidable chanteuse qui s’appelle Salwa Jaradat. Et justement, le nom de cette création, c’est Résistranse. C’est utiliser l’art, la culture, la transe, la musique, pour résister. C’est un échange riche avec des résidences au Maroc, en Mauritanie, et puis une résidence à Miramas, une semaine avant le festival. »

Un projet de coopération avec le Kenya est également mis en place, en lien avec l’engagement de Miramas dans ce pays. Une création musicale mêlant des influences kenyanes sera présentée, fruit d’une collaboration entre un artiste local et une star kenyane. « Ce projet fait suite au fait que la ville, Miramas est engagée avec le Kenya, sur un programme de coopération et d’échange. Et il faut savoir qu’à Miramas, on a le plus grand stade d’athlétisme couvert de France, et que Miramas, à travers cet axe de coopération, est devenue la base d’entraînement et de séjour des athlètes kenyans pour les Jeux Olympiques. On a souhaité s’inscrire dans ce cadre-là. »

 En parallèle, poursuit-il « on a développé un programme de soutien aux groupes de musique actuelle de la région, aux jeunes groupes, et l’année passée, un des trois lauréats était Edouard Kamau, avec le duo Sweet Sweet Opera. Edouard est un artiste anglo-kenyan, installé dans les Bouches-du-Rhône. Et justement, au Festival Nuits Métis, cette année, plutôt que l’accompagner sur des problématiques de résidences, d’enregistrements, etc., on lui a proposé de reporter notre soutien et de travailler avec lui sur la création d’un nouveau répertoire influencé de ses racines kenyanes. On a travaillé avec la ville, avec l’Ambassade de France, et avec l’Institut français en Nairobi, et Edouard, de son côté, a pris contact avec un artiste au Kenya, qui s’avère être la plus grande star musicale du Kenya, Winyo. Edouard est actuellement en Nairobi, en résidence avec Winyo, pour travailler sur cette création, « Rumba, Benga to the World », et ils vont jouer pour la Fête de la Musique en Nairobi, puis ils viennent au Festival le 28 juin, sur la Grande Seine, en ouverture du Festival. »

Programmation musicale : Entre têtes d’affiche et découvertes

La programmation du festival reste fidèle à son esprit de découverte, proposant à la fois des têtes d’affiche comme Jahneration ou La Caravane Passe, et des artistes émergents mêlant musiques traditionnelles, actuelles et électroniques. « Effectivement, on a des têtes d’affiches, nationales ou internationales, Jahneration, la Caravane Passe, la Ganga Calé, qui est un magnifique groupe de ska espagnol, de la région de Madrid, et puis, comme toujours, des découvertes, puisque c’est quand même le cachet de Nuit Métis, de travailler sur des découvertes musicales… on peut se le permettre, puisqu’on est un festival gratuit, et que maintenant, le public nous suit pour ça, ils savent qu’ils peuvent venir sur le Festival et qu’ils vont découvrir des artistes. Les gens ne viennent pas que pour les têtes d’affiches, ils viennent aussi pour ces petites pépites, et cette année, il y a de belles découvertes, avec Olkan et la Vipère Rouge, un croisement entre les musiques méditerranéennes et la musique électro-techno, il y a une formidable chanteuse qui s’appelle Nnawa, le duo local, Chu Chi Cha, qui mélange cumbia et musiques électroniques, et puis, un formidable artiste, joueur de oud, qui s’appelle Hocine Benameur, et qui lui aussi travaille sur les musiques traditionnelles du Maghreb, pas que d’Algérie et qui mixe ça avec de la musique électronique. Cette année, on est aux croisements entre les musiques traditionnelles, les musiques actuelles et les musiques électroniques, et c’est le grand plaisir qu’on a de pouvoir faire découvrir des artistes comme ça, même si effectivement, les têtes d’affiche, c’est le moteur, la locomotive du festival, mais toute cette partie de découverte est primordiale pour nous. Chaque année, avec le programme Prenez Votre Envol, on part vraiment à la découverte d’artistes qui sont sur un ou deux ans d’existence, on sert un peu de tremplin pour aller, effectivement, vers d’autres festivals, ou trouver des tourneurs : Nuit métis est un vrai tremplin pour les faire avancer dans leur carrière. »

Actions tout au long de l’année : Batucada, fanfare et création olympique

Le festival poursuit ses actions tout au long de l’année, notamment avec la Batucada et une nouvelle fanfare. Une grande création réunissant 60 artistes a été conçue pour accueillir la flamme olympique. « Il y a toujours la Batucada, maintenant, qui existe depuis 12 ans. Depuis 2 ans, on a créé une fanfare, qui s’appelle la fanfare vents métis, et cette année, à l’occasion des Jeux Olympiques, pour accueillir la flamme dans le Stadium de Miramas, on a imaginé une grande création qui réunit à la fois la Batucada, les marionnettes géantes, la fanfare vents métis, et aussi des artistes guinéens, puisqu’il y a ce partenariat avec la Guinée, avec des acrobates du Circus Baobab et le Djembé Folla Alpha Taddy, ce qui fait près de 60 artistes pour une création qui s’appelle « la famille géant déclare sa flamme ».

Éducation populaire : Au cœur de la démarche du festival

Des partenariats avec des structures comme le Circus Baobab en Guinée s’inscrivent dans une démarche d’éducation populaire, en phase avec les actions menées localement par le festival auprès de divers publics. « Le cirque Baobab fait un super boulot, on peut parler d’un travail d’éducation populaire, puisque beaucoup d’artistes du Circus Baobab, ce sont à l’origine des enfants ou des jeunes qui viennent de la rue, qui n’avaient pas de perspective et qui ont réussi à travailler un art comme ça, à en faire leur métier : la dernière création du Circus Baobab, Yé ! (L’eau), a pu tourner 230 dates en deux ans (prochaine date à Châteauvallon dans le cadre du Festival d’été de Châteauvallon le Mardi 23 Juillet 2024 à 22H ndlr), c’est quand même quelque chose d’assez phénoménal, c’est aussi un cirque qui maintenant construit une école de cirque en Guinée; ce sont des logiques qui rejoignent celles du travail d’éducation populaire, qu’on fait, nous, avec les écoles, les collèges, le centre des demandeurs d’asile, les seniors, ce sont des choses qui nous tiennent à cœur et on est ravis de pouvoir collaborer sur des projets comme ça. C’est un travail qu’on fait tout au long de l’année, effectivement. Avant, on travaillait beaucoup avec l’Education Nationale, sur du hors temps scolaire, maintenant, on a un partenariat avec la médiathèque, avec quatre temps forts dans l’année, où on arrive à réunir des seniors, des enfants, des centres sociaux, des pensionnaires du centre des demandeurs d’asile. On a des ateliers de formation artistique, en l’occurrence sur les différentes créations, notamment celle avec Edouard, qui va aller à la rencontre des habitants de Miramas, et plus particulièrement des pensionnaires du centre des demandeurs d’asile et des enfants du Centre aéré de la ville de Miramas. »

Expositions et animations : Immersion dans la culture africaine

Et Marc Ambrogiani de poursuivre : « J’ai relancé tous les projets internationaux mis entre parenthèse à cause du covid. C’est plutôt cela que je mène, moi, personnellement. Mais, ce rayonnement-là, on le fait au niveau local, au niveau international, et c’est ce qui nous nourrit, et ce qui nous donne de l’énergie pour imaginer des projets comme ça, et, comme je disais, avoir cette réflexion, cette attention sur l’éducation populaire, à la fois dans les actions qu’on mène sur le territoire et au niveau international, ça donne une certaine logique à l’ADN de Nuit Métis. Cette année, il va y avoir une exposition qui fait suite aux rencontres sur la coopération culturelle réalisée l’année passée, où on avait invité des responsables de la Ligue de l’enseignement. Ils m’ont mis en contact avec une association marseillaise qui s’appelle Eclore, et qui a organisé, au mois de février, un voyage d’une vingtaine d’étudiants à Nairobi pour aller travailler sur le plus grand Kibera, le plus grand bidonville d’Afrique. Ils sont allés à la rencontre des habitants, à la rencontre des artistes et ils ont ramené, bien entendu, plein de souvenirs, mais aussi de très belles images, photos, vidéos, et ils ont tissé un partenariat avec des artisans du bidonville. Du coup, on va travailler sur une exposition à partir de toute cette matière. C’est l’idée du réseau et des collaborations qui permettent de faire naître des projets en coopération. Et puis, c’est être dans l’échange, de ne pas simplement présenter que des choses qu’on porte et de pouvoir accueillir de belles idées portées par d’autres. »

A côté de cette exposition sur le plus grand bidonville d’Afrique à Nairobi, le festival proposera également une animation autour des costumes africains, invitant les festivaliers à se faire photographier dans la « tribu des Miramassaï ». « On travaille avec une super plasticienne qui s’appelle Hélène Dattler, et qui nous apportera une touche de poésie dans la décoration du festival. L’année passée, elle a imaginé un projet fait à partir de plein de tissus africains, où on invite les festivaliers, les familles ou pas, à venir s’habiller dans ces costumes africains, avec des coiffes qu’elle a créées, on les photographie avec un appareil polaroïd pour qu’ils puissent partir avec leurs photos. C’est une thématique qui a super bien fonctionné, avec de très beaux résultats, et on va la recommencer cette année, d’autant plus que, comme on est sur le Kenya, on va inventer une nouvelle tribu, qui s’appelle la tribu des Miramassaï. »

Grâce à tout le travail mis en oeuvre en amont et la présentation d’une pléiade de projets internationaux au long cours, le Festival Nuits Métis, évément riche en découvertes culturelles et musicales, fidèle à son ADN d’ouverture vers l’autre, s’inscrit pleinement dans une démarche de promotion du dialogue interculturel, de coopération internationale et d’éducation populaire de qualité. Profitez des dernières soirées de Juin pour découvrir les talents confirmés et en devenir de la world musique de demain. DVDM

Crédit photos d’ambiance: Léa Ambrogiani

Toutes les infos sur https://festival.nuitsmetis.org/programmation/

Rmt News Int • 24 juin 2024


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