𝐁𝐄𝐄𝐓𝐋𝐄𝐉𝐔𝐈𝐂𝐄 𝐁𝐄𝐄𝐓𝐋𝐄𝐉𝐔𝐈𝐂𝐄 de Tim Burton
« Je suis Tim Burton, j’ai mon Final Cut, je m’auto-réfère si je veux, j’innove si je veux, je fais ce que je veux, je vous emmerde, et qui m’aime me suive, les autres, tant pis, pas grave ! »
J’ai la prétentieuse impression qu’ainsi m’aurait répondu le cinéaste si je l’avais interrogé en sortant de la salle après Beetlejuice Beetlejuice. La suite de… Beetlejuice. Beetlejuice, revu récemment, déçu devant le franc coup de vieux, la faiblesse du scénario… mais toujours admiratif de ses moments de bravoures (l’envoûtement Banana dans la cuisine, la perf’ de Michael Keaton). En faire un « 2 » 35 ans après ? Mouais…
Hormis deux purs chefs-d’oeuvres (Edward aux main d’argent et Batman 2, le Défi) je n’ai à titre personnel jamais surcoté ou sur-admiré Burton, au cours de mon parcours cinéphile. De l’inventivité, de l’audace, du génie, assurément, mais à mon goût un petit manque d’un petit quelque chose, d’un souffle de « fond », d’un « propos »… sans parler des ratés voir des nanars (sa calamiteuse « Planète des singes »…) De ces faits, bien que je m’interdise tout préjugé avant de voir un film, je confesse y être allé (avec mes filles) sans trop d’illusions, voire dubitatif. Résultat ? Paf. Claque.
D’abord, parce que c’est visuellement du vrai grand cinéma, dans la lignée esthétique du premier, mais en plus chiadé, plus poussé (plans « débullés », costumes, montage arythmique), alternance d’effets spéciaux modernes et « à l’ancienne » avec le retour du serpent des sables. Surtout… le film est hilarant. Quel plaisir !!! Burton n’a pas hésité à dilater de savoureux dialogues, au grand dam de certains spectateurs, ou même fans, qui ont vu là des longueurs. Pas moi. J’ai aussi lu quelques personnes râler devant l’horrifique de certaines scènes, s’offusquer que le film ne soit pas interdit aux enfants. Ça peut s’entendre, car c’est en effet parfois corsé pour un « premier-degrétiste » ou un minot qui se situerait hors des références, du trip et des codes « horrificomiques » du cinéaste.
Pas de spoil, Beetlejuice Beetlejuice est à voir, à entendre, et à découvrir, plus que redécouvrir, à l’écran. Beetlejuice étant fantôme, son maquillage masque le vieillissement de Michael Keaton, à la gestuelle toujours phénoménale. Catherine O’Hara et Winona Rider sont assumées dans leur âge (allez, notons un maquillage un poil lissé concernant cette dernière, qui fait moins que ses 52 ans théoriques).
La petite Jena Ortega (je n’ai pas vu « Mercredi) est très convaincante. Quant aux petits mais drolatiques rôles de Willem Dafoe et Dany de Vito, ils salent (ou sucrent) un peu plus le plat. Bref, c’est à mon goût savoureux. Le scénario réserve de belles surprises, comme la mort dans la mort via la personnage « agrafée » de la nouvelle chérie de Tim, ou encore à travers un twist adolescent bien senti. Mais chut…
Le film nous offre aussi, j’allais dire (et le dis !) « comme on l’attendait », 2 à 3 moments musicaux probablement appelés à se « cultifier » : une danse sur le quai de gare de l’au-delà, une reprise de Bryan Adams par Beetlejuice, et un envoûtement collectif lors de noces inattendues. Il y’aurait bien de quoi dire , mais je m’en tiens là, même si le risque de vous « priver le plaisir » à trop écrire est quasi nul, étant donné que ledit plaisir est ici 100% cinématographique.
Le film est bien plus jouissif par ses parties que par son tout. Comme le premier, mais avec un « tout » bien meilleur. Pour conclure, dois-je m’adonner au clichetonneux « contrat rempli » ? Pas certain, car à mon avis Burton se fiche des « contrats » comme de sa première chemise. «Plaisir hautement pris et assuré », bien que très cliché aussi mais tant pis, me convient mieux.
En attendant peut-être une suite et fin des (més)aventures de Beetlejuice, dont il faut après tout prononcer (ou pas !) TROIS fois le nom.
Mathieu Labrouche (capsules cinéphiles)
Crédits photos: Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. / Parisa Taghizadeh
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