Akai Ito : Un fil rouge, symbole clé dans la pièce
PREMIÈRE IMPRESSION
J’ai eu le grand plaisir d’assister à la première représentation de « Akai Ito » qui a eu lieu à Marseille au théâtre TOURSKY le 08 novembre. Cette œuvre à l’authenticité rare est née de la passion et de l’acharnement d’une jeune compagnie indépendante après deux ans de recherche et de travail intensif. Produite par la compagnie Chrysomèles, elle s’inspire de la légende japonaise du fil rouge dont la traduction en japonais est « Akai Ito ». Le titre laisse évoquer une part de mystère, de curiosité et de libre interprétation pour le public.
SYMBOLIQUE ET THÉMATIQUES
« Akai Ito » représente les rencontres, les événements et les choix importants qui vont influencer notre parcours de vie. La pièce parle de la quête de soi, de la recherche de sens dans nos vies et de la force nécessaire pour surmonter les obstacles. Elle invite à réfléchir sur nos propres parcours, nos épreuves, nos espoirs et nos peurs, et à trouver en nous les ressources pour avancer et se guérir.
L’idée du fil rouge, tel qu’exprimée dans la pièce, est un fil conducteur qui va bien au-delà de la simple idée de l’âme sœur. Cette ambivalence donne à la pièce une profondeur particulière.
RÉFLEXIONS PHILOSOPHIQUES
Depuis les temps anciens, l’humanité s’interroge sur le sens de la vie. Cette quête a engendré une richesse exceptionnelle d’enseignements philosophiques et de légendes. La légende du fil rouge raconte que nous serions liés à notre âme sœur par un fil invisible. Mais qu’en est-il si ce fil n’était pas un chemin prédéfini et qu’il ne reliait pas simplement deux moitiés, mais le chemin de toute une vie ?
Peut-on imaginer que ce fil du destin soit à la fois un soutien et un obstacle ? Il peut nous guider vers notre voie et nous donner la force d’avancer malgré les difficultés. Mais il peut aussi nous confronter à des défis et des obstacles qui mettent à l’épreuve notre détermination.
MISE EN SCÈNE ET NARRATION
Le décor repose sur l’idée centrale du fil rouge qui symbolise le destin et les liens invisibles entre les personnages.
Ce fil est matérialisé par des cordes suspendues, tendues, ou même entrelacées à travers l’espace scénique représentant le fil du destin et créant une atmosphère à la fois poétique et symbolique.
Chaque personnage est lié à quelque chose, qu’il s’agisse de son passé, de ses relations ou de ses propres choix. Ces liens, parfois invisibles, façonnent son parcours. Tantôt ils sont une aide pour avancer, tantôt un frein pour évoluer.
Dans le déroulé de la pièce, ces liens n’ont pas la même signification pour chacun. Certains s’en libèrent, d’autres les rencontrent, les partagent ou encore les subissent. Cette pluralité des parcours évoque la variété des expériences humaines face à un destin qui semble à la fois dicté par des forces extérieures et, en même temps, largement façonné par nos choix.
Le message final de l’œuvre n’est pas figé. Il reste ouvert à l’interprétation, car il dépend du regard du spectateur, de son vécu et de la signification qu’il choisit d’attribuer à ces liens. Pour ma part, j’ai pu entrevoir une lumière au bout du tunnel. Mais, cette lumière pouvait aussi bien être une porte de sortie offrant une nouvelle liberté, qu’une direction finale une sorte de clôture, selon l’interprétation que l’on en fait.
Dans la continuité de cette création, il y a la bande son qui permet de renforcer l’atmosphère poétique et émotive.
DISTRIBUTION
Martin Sigaud, 19 ans, est un jeune danseur professionnel. Après avoir intégré la compagnie de Josette Baïz durant sa scolarité, il poursuit depuis deux ans sa formation à l’international à CODARTS, à Rotterdam. Il est également danseur dans la création « Décadrés » (autre création de la Cie).
Aurélien Vaudey, 33 ans, est un danseur professionnel, évolue depuis plus de 10 ans dans le monde de la danse, alliant Hip-hop et danse contemporaine. Il a travaillé avec des compagnies telles que Kafig et Rêvolution. Actuellement, il participe au projet « Akai Ito ».
Valentin Brune, 27 ans, est un danseur formé au conservatoire d’Avignon avant d’intégrer la formation Profession de Révolution à Bordeaux. Passionné de danse académique et de breakdance, il évolue aujourd’hui au sein de diverses compagnies.
Matthis Paupert, 21 ans, est un danseur passionné et polyvalent. Il débute sa pratique en explorant le Break et le Hip Hop avant d’intégrer le Conservatoire d’Avignon, où il se forme en danse classique. Poursuivant son parcours, il rejoint le Ballet Junior de Genève, où il affine sa technique et enrichit son répertoire. Aujourd’hui, Matthis collabore avec plusieurs compagnies et continue de diversifier ses expériences artistiques. Il fait également partie de la pièce « Décadrés ».
Axel Queval, 31 ans, est technicien Mapping et artiste numérique depuis six ans au sein de la compagnie Enlight. Spécialisé dans la fusion de la création numérique et de la technique, il met son expertise au service de projets de mapping architectural, de scénographies numériques pour le spectacle vivant, ainsi que d’installations diverses utilisant les techniques de projection. Parallèlement, Axel est également danseur.
Sandra Beaubatier, 48 ans, est danseuse, chorégraphe et professeur avec plus de 25 ans d’expérience et une carrière marquée par des créations et des collaborations artistiques. Elle est également Directrice Artistique depuis plus de 23 ans d’une école de danse à Marseille. Absente ce soir-là, car elle a malheureusement dû faire face à une blessure grave nécessitant une intervention chirurgicale quelques jours avant la représentation.
Marine Romano, 32 ans, est chorégraphe et danseuse. Elle débute sa formation avec sa sœur Sandra avant de se perfectionner à l’école de danse Varium à Barcelone. Danseuse polyvalente, Marine a travaillé avec plusieurs compagnies, explorant une grande diversité de styles et d’approches.
LA FRATRIE À L’ŒUVRE
Sandra et Marine forment une fratrie soudée.
Elles fondent la Compagnie Chrysomèles, un projet artistique à la croisée de l’art, de la danse contemporaine et des expérimentations sensorielles. Elles explorent et partagent leurs écritures chorégraphiques. Ensemble, elles ont développé des ateliers de partnering (Duos portés) à travers la France, transmettant leur passion et leur savoir-faire. Leurs créations, alliant mouvement, lumière et son, explorent les frontières de l’émotion humaine et invitent le spectateur à une immersion totale dans des univers poétiques et abstraits.
Elles sont fières de leur indépendance artistique et technique. Leur compagnie reflète cette autonomie : en plus de la danse, elles y mettent à profit leurs compétences en couture, vidéo, photographie, graphisme et montage. Une approche multidisciplinaire qui devient leur véritable force et leur permet de faire rayonner leur visibilité.
IN FINE
Le spectacle d’Akai Ito m’a emporté dans un tourbillon d’émotions profondes. Je vous invite à découvrir cette œuvre inédite, ainsi qu’à soutenir cette nouvelle génération d’artistes, qui insufflent un souffle neuf et audacieux dans le monde de la danse.
J’ai pu vivre ce moment « suspendu » au théâtre Toursky (en deuil). J’espère de tout cœur que ce lieu pourra continuer à exister, produire, et faire naître de belles émotions chez les spectateurs. Ces derniers ont réservé à la compagnie un accueil chaleureux.
Bravo en souhaitant un long et fructueux parcours à la Compagnie Chrysomèles. Un spectacle qui mériterait d’être programmé ici et ailleurs !
Leïla METINA-BOUCHOUR
INFORMATIONS PRATIQUES
Akai Ito a été présenté au Théâtre TOURSKY le 08/11/2024 à 20H30
« Akai Ito » par la compagnie Chrysomèles
Chorégraphie : Marine Romano
Avec Marine Romano, Aurélien Vaudey, Matthis Paupert, Valentin Brune et Martin Sigaud
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