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Luiza Gragati : L’art comme un langage universel

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Dans l’univers vibrant de l’art contemporain, peu d’artistes parviennent à capturer l’essence de leur culture tout en tissant des liens avec des influences variées. Luiza Gragati, artiste arménienne et ambassadrice de la diaspora arménienne en France, est l’une de ces figures marquantes. Dans une interview exclusive, elle nous livre les réflexions d’une âme passionnée, pour qui l’art est bien plus qu’une simple vocation : c’est une langue, un rêve, une manière de communiquer des émotions et des histoires profondes.

 Une enfance baignée d’art

Dès son plus jeune âge, Luiza a été immergée dans un environnement artistique, ce qui a façonné sa perception de l’art. « L’art, c’est mon rêve. Même avec ma langue, je n’arrive pas à parler aussi bien qu’avec mon pinceau » confie-t-elle avec une sincérité désarmante. Pour elle, chaque coup de pinceau est une extension de sa personnalité, une conversation silencieuse qui lui permet d’exprimer des émotions parfois inaccessibles par des mots. Son style évolue au gré de ses humeurs, mais son cœur reste attaché à des motifs et des couleurs qui rappellent ses racines arméniennes.

Des académies prestigieuses, des apprentissages enrichissants

Luiza a eu l’opportunité d’étudier dans des institutions de renom, notamment l’Académie de peinture de Saint-Pétersbourg. Elle souligne les nuances qui existent entre les écoles artistiques, notamment en matière de palette de couleurs : “Il y a beaucoup de différences entre les Académies russes et arméniennes. Ma couleur n’est pas pastel comme on le fait beaucoup en Russie.” Son expérience académique a non seulement affûté ses compétences techniques, mais a également élargi sa vision artistique, lui permettant d’intégrer des influences diverses tout en restant fidèle à son héritage.

Un pont culturel entre les générations

Membre de l’union des peintres de l’Arménie et lauréate d’un prix présidentiel, Luiza se consacre à la préservation et à la promotion de la culture arménienne à travers son art. “Venir ici a été important parce que beaucoup de personnes, notamment les enfants arméniens, ici, ne connaissent pas l’art arménien,” explique-t-elle. Pour remédier à cela, elle a ouvert la galerie Gragati, un espace d’exposition qui valorise non seulement les artistes arméniens, mais aussi ceux provenant de divers horizons culturels. À Marseille, elle collabore avec des artistes algériens, italiens et français, instaurant un dialogue interculturel nécessaire.

L’éducation comme clé de la transmission culturelle

En tant qu’enseignante à l’école de la jeunesse arménienne en France, Luiza joue un rôle essentiel dans la transmission des connaissances artistiques aux jeunes de la diaspora. “On y travaille continuellement en mélangeant les enfants d’ici et d’Arménie,” précise-t-elle. Cet échange enrichissant permet aux jeunes de découvrir leurs racines tout en s’ouvrant à de nouvelles perspectives. Les cours qu’elle dispense sont une invitation à plonger dans l’univers des motifs et couleurs arméniens, tout en favorisant un esprit de communauté.

L’art sacré et les fresques arméniennes

Les fresques que Luiza a réalisées dans des églises arméniennes portent un message fort. “Je dessine l’ancien motif arménien consacré au soleil,” déclare-t-elle. À travers ces œuvres, elle reconnecte la spiritualité à l’art, offrant une invitation à redécouvrir la richesse des traditions arméniennes. Son engagement envers l’art sacré témoigne de sa volonté de préserver un héritage souvent méconnu.

Reconnaissance et engagement

En 2023, elle a été nommée “Peintre honorée nationale arménienne”, une distinction qui lui tient à cœur. “C’est un grand plaisir d’avoir reçu ce prix pour moi qui travaille depuis plus de 15 ans pour l’Arménie,” affirme-t-elle. Cette reconnaissance, loin d’être une fin en soi, renforce sa détermination à promouvoir la culture arménienne, tant sur le plan artistique que culturel.

Promouvoir la culture arménienne en France

En tant qu’ambassadrice de la diaspora arménienne, Luiza s’emploie à favoriser les échanges culturels entre la France et l’Arménie. “Je travaille avec l’ambassade d’Arménie sur le plan culturel : théâtre, chanson et danse,” explique-t-elle. Cette démarche vise à sensibiliser la diaspora à l’importance de la culture dans la construction d’une identité collective.

La couleur du bonheur, de l’espoir, de la vie

Le jaune, couleur emblématique pour Luiza, est bien plus qu’une simple teinte. “Le jaune, c’est le sourire,” affirme-t-elle avec enthousiasme. Dans son atelier, cette couleur illumine son travail, lui apportant énergie et vitalité. Une couleur donnant vie à toutes les autres. Elle exprime son amour pour Marseille, une ville qu’elle décrit comme “jaune, c’est le soleil.” Pour elle, la couleur est un vecteur d’émotions, capable de transformer un simple tableau en un éclat de vie.

Un message universel

À la fin de notre entretien, Luiza partage une citation en arménien, une maxime qui résume son approche : “Fais à autrui ce qu’on voudrait qu’on te fasse.” Ce précepte résonne avec son engagement artistique et social, reflet d’une artiste qui voit dans l’art un moyen d’unir les cœurs et de célébrer la diversité.

Luiza Gragati incarne à merveille la citation de Victor Hugo, « en art, point de frontière ». À travers son parcours et son engagement, elle transcende les limites culturelles et géographiques, prouvant que l’art, véritable langage universel et puissant vecteur d’unité et de compréhension, peut rassembler des personnes de tous horizons dans une même célébration de la beauté et de l’humanité. 

Elle crée des ponts entre les cultures. Dans un monde où les voix se multiplient, son pinceau continue de parler une langue d’amour, de fraternité et de lumière.

Isabelle Verna Puget 

Crédit Photos ©DR

Rmt News Int • 15 janvier 2025


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